Un long chemin (récit)

Gabriel, le visage triste, l’amertume était incrusté sur son visage était d’origine hongroise et ingénieur. Nous avions notre sentiment d’abandon en commun.
— Aimez-vous danser ?
—Autrefois j’aimais beaucoup, mais je n’ai plus dansé depuis fort longtemps, puis il y a quelques mois, je me suis tordu la cheville, je crains encore...
— Je sais une place où nous pourrions dîner où l’on danse à l’ancien, tango, valse, nous pourrions danser lentement. Ce n’est pas loin de votre travail, ni du mien d’ailler qui est dans le même secteur.
Pourquoi pas ?

C’était le premier qui me parlait depuis longtemps d’autre chose que le travail. Gabriel me racontait de sa fuite de la Hongrie après la révolution ratée de 1958 à laquelle il avait participé, à laquelle il avait cru. (Moi aussi j’en avais cru, de loin). Il me racontait sa rencontre à Vienne avec une ancienne maîtresse qui est devenu sa femme et lui a donné cinq enfants. Puis elle l’avait trompé, elle l’avait abandonné, elle ne l’aime plus.
« Je suis seule, avec les cinq enfants, dont deux encore petits.
Il me parlait d’eux avec chaleur, puis de sa femme, ne voulant plus dormir avec lui et de son départ. Nous avons beaucoup discuté.
Il m’invita à danser.

Il dansait bien, il était fin, il me prit dans ses bras doucement, sans m’effrayer. Je me blottis contre lui pendant le tango et je me décidai subitement à lui faire confiance. Mais mon dos ? Je ne veux pas qu’il le voie ! Seulement en ombre. Bien, nous n’avons pas ouvert les lumières. Par la suite, je me suis rendu compte que les quelques tâches de mon dos ne dérangeaient personne, ni mon ventre légèrement arrondi. Il admirait mes seins, mon sourire. Nous sommes restés amis plus tard, malgré tout pendant les trois ans de mon séjour, il resta à côté de moi en bon et en mal. Il venait me voir le midi toutes les semaines. Il m’a aidé à faire mes valises quand je suis partie.

John était originaire d'Illinois, d'une famille très puritaine. Il allait chez l’Alcool Anonyme et ça allait mieux, il recevait une rente mensuelle de ses parents morts, pas confiance en lui, héritage. Je lui montrais des livres qu’il commentait de façon intéressante, il et réussi conquérir mes enfants et nous amena une nuit voir les feux d’artifices pour l’indépendance d’Amérique. Il m’aida à déménager, à trouver et transporter des meubles d’occasion.
Une fois, il est disparu pour dix jours, je lui téléphone, il tremble. Il avait recommencé à boire, il a bu pendant dix jours.
— Vienne, faisons de la promenade ensemble, cela te fera bien !
— Vraiment, tu le veux.
— Nous sommes copains !
J’étais convaincue de pouvoir l’aider à en sortir et lui.

John me respectait, mais un jour quand j’étais déjà presque décidé de me marier, en voyant comment mes enfants réagissaient bien à lui, j’avais décidé de faire l’amour, le tester avant le mariage. Il m’invita chez lui un dimanche midi. Il m’attendait avec une table mise, une magnifique chemise de nuit préparée. John m’offrit une magnifique bague de diamant de sa mère. « Attendons encore avec cela, pour êtres sûrs ! » je lui ai répondu. Nous avons mangé, ensuite j’ai mis la chemise de nuit en dentelles.

Un coup de fil nous interrompit après la première baiser.
— C’est important d’aller au téléphone, maintenant ?
— Excuse-moi, cela peut être urgent, me répondit-il.
Je l’écoutais, soudain dégrisée.

Il disait qu’il était occupé, qu’il rappellera aussitôt qu’il se libérerait. Par la façon qu’il parlait j’ai sentit que c’était avec sa maîtresse, avec laquelle il n’a pas rompu, une femme qu’il ne voulait pas fâcher. Oui, c’était sa maîtresse d’Illinois, l’ancienne, me disait-il.
Je me suis habillée et je suis partie.

Larry, un grand gaillard attachant, m’a parlé de son travail, de son divorce, puis de sa solitude. Nous avons fini à rentrer dans sa chambre, il m’a pris dans ses bras. J’étais transportée. Depuis plus de sept ans je n’avais fait l’amour aussi intensément, aussi tendrement, je n’avais pas joui aussi complètement, je n’avais pas été satisfait aussi pleinement.

C’était un être tourmenté, il n’avait pas cessé à aimer sa femme, même après leur divorce.
Naïvement, cela me plaisait plutôt qu’il était fidèle à son rêve de jeunesse. A cause d’elle est ses rêves, il hésitait de faire l’amour quoique il aimait énormément le faire :
— Si elle l’apprenait ?
— Tu es divorcé, n’est pas ?
— Peut-être, elle me reviendra un jour…
— Tu l’aimes encore ?
— Oui, soupira-t-il. Mais elle ne supporte pas faire l’amour je lui fais mal. Pas à toi ?
— C’est tellement bon !

J’avais découvert que les hommes en Amérique avaient un énorme besoin d’être touchés et écoutés. C’était encore plus important, qu’autre chose.
Je testais mes ailes.

Faire l’amour n’avait pas plus d’importance pour moi dorénavant que donner un baiser, mais toucher, parler intimement, s’ouvrir à l’autre, le conforter, oui.

Après Larry j’ai compris que j’avais besoin de bon sexe et tendresse, d’un être sérieux et naïve. Après John, que j’avais besoin de quelqu’un qui s’en soucie de moi et pour qui je me soucierais, aiderai. Je me suis rendu compte finalement aussi que je peux très bien vivre seule - une fois que je me suis démontré que je plais encore. Après Sam, (une année presque avec lui) que j’avais besoin d’un partenaire avec qui sortir. Après Bruce, que cela ne vaut pas la peine, même avec un bon amant, si je ne suis pas amoureuse, s'il ne respect pas mes souhaits.

Dorénavant, j’étais décidé d’attendre le vrai.

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