Sans sol sous mes pieds

18 novembre 1958

En réalité, mon drame est le suivant : Je ne suis plus idéaliste, mais je ne suis pas encore matérialiste. Je ne crois plus dans les mots d’ordre comme “l’abnégation de soi“, “socialisme”, mais non plus à “l’argent“, “réfléchir en réaliste” etc. Je suis restée sans sol solide. De tous les points de vue. Alors, décider quand quelque chose change devient dramatique. Je ne savais pas, je n'aurais pas cru que l'amour, la passion s'accompagnent de tant de souffrances. Il faut croire quand même en quelque chose. Il faut à l'homme un signal montrant le chemin.

Alina dit qu’elle me haïra si je pars, elle devrait plutôt avoir de la compassion. Je lui ai trop raconté, papa voulait que je lui dise, il le regrette déjà. Je lui ai dit que nous avons demandé de partir. Que ce serait bon si on nous laissait sortir rapidement ! Dorénavant, c'est vraiment la seule voie possible. Si je devenais à Sandou, il en aurait assez de moi et il ne m'aimerait plus, et moi, je ne pourrais plus le quitter et je souffrirais et ensuite je n’en voudrais plus d’autre ? Comme m’a dit Vasiliu. Marie m’a dit le contraire. Pourtant, elle en a assez bavé.

Il paraît qu’il n’y a pas de bonheur sans souffrance. Si je me regardais du dehors, me déconsidérerais-je, moi aussi ? Mais qu'Alina ne l'oublie pas “ne dis pas trop vite !” Elle peut une fois tomber dans une situation similaire. J'y fonce. Est-ce bien, est-ce mal ? D'un coup, je crois qu’il faut le faire. Je devrais écouter leurs conseils. Lesquels ?

La musique me réconforte. Il existe des gens bien qui me comprennent, sachant compatir et me dire quelques mots de réconfort. Ça fait du bien. Je l'attendais depuis pas mal de temps de mes proches et finalement je l'ai reçu d'un inconnu.

24 novembre

J'aime beaucoup la sincérité, mais quelquefois elle peut se retourner contre moi et me heurter. Sinon, je suis très adroite. Que dira ma tante ? Je lui ai écrit une lettre.

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