fin janvier 1959 : qu'arrivera?

Je viens de découvrir avoir hérité de mon père ses dons de lutteur: obtenir quelque chose, même si on me le refuse dix fois, on me jette dehors trois fois. J'ai reçu le certificat de mes "travaux pratiques" malgré tout.

Vers la fin, j'ai lutté seulement pour me prouver à moi-même que je réussirais. Marx avait raison, "la vie est une lutte", du moins il y a beaucoup de lutte dans cette vie, mais la lutte ne procure pas le bonheur. À la fin, je n’ai pas eu de joie non plus, j'ai surtout senti une énorme fatigue. Bien sûr, la réussite a agrandi la confiance en moi.

Qu’arrivera-t-il ?

J’étudie et je me prépare. Ça serait un miracle s’ils me laissent passer l’examen, mais un miracle pour lequel j’ai travaillé longtemps énormément, pour lequel j’ai lutté de tout mon pouvoir.

20 janvier
Je voudrais énormément revoir Simon. Je l’appellerai demain, j'espère qu'en le voyant, cette envie me passera. Que l’homme est un être étrange ! Je n'ai pas envie de lui physiquement, ni qu'il me touche, juste... Peut-être, c’est son souvenir qui me hante. J'ai recommencé à réfléchir pendant les baisers de Sandou. Presque comme si je ne l'aimais plus. Est﷓ce que l'amour est si peu durable chez moi ?

Me reviendra-t-il ? Qui sait. Ma tante et mes cousines sont déjà dehors, tout s'est bien passé, sans problèmes. Que je sois là, moi aussi.

Je commence à n’être plus décidée à partir.

J'ai réussi à m’arranger de sorte, que ni le passé, ni le futur ne me préoccupent trop, seulement le futur immédiat. Depuis, je vis agréablement, tranquillement.

Me laissera-t-on passer l'examen d'état ? Tout paraît contre, mais moi, malgré tout, je n’arrive pas à abandonner l’espérance. C’est un sentiment humain éternel : ne pas perdre l’espérence - sans lui on ne pourrait probablement même pas vivre. J'espère aussi que ce journal va être mon dernier écrit ici.

J'ai oublié de te raconter, mon cher journal, une chose importante, une vraie satisfaction : on a approuvé ma thèse de diplôme d’ingénieur - telle que je l'avais donnée auparavant, exactement la même que cet été, celle dont ils n’ont pas voulu alors. Par cela, ils ont reconnu que cet été, s’ils l'ont refusée, c’était seulement à cause d'un caprice ou par "des raisons politiques", et surtout, que ma thèse était bonne dès le début. Bonne nuit !

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