Ça me fait très mal

1 déc. 1957, minuit

Qu’il est bête ! Si un jour je l'aime beaucoup et que je suis gentille avec lui, le lendemain il fait le fou et me déçoit. Aujourd'hui, Simon a embrassé presque devant moi, il s'est roulé sur le lit - cela n’a pas d’importance avec qui - puisque ce soir, elle n’était pas la première ni la dernière. Il m'a délaissée et m’a tourné le dos au vu et au su de ses copains. Au lieu de m'attrister, d’être jalouse ou de m'effondrer - et de devenir plus obéissante (lui céder) ou de me quereller avec lui, au lieu de tout cela, j’ai perdu mes dernières illusions sur lui, je me suis guérie de lui de nouveau. Et le fait que c’était le jour de l'anniversaire de naissance de son père incarcéré ou parque qu'il était malade et avait de la fièvre, ne l’excuse pas. Non.

Il l'a fait volontairement. Il n'a pas encore vu cet idiot, n’a pas compris ce sot, que son comportement lui retombera sur le nez. Il me provoque ? Bien. Je lui montrerai que je sais, moi aussi, frapper, dorénavant ça devient facile et ne va pas me demander un trop grand effort.

Demain j’irai au cinéma en matinée, puis à l’hôpital voir maman, puis chez Eve. Lundi, je ne serai pas à la maison pour lui et ainsi de suite. Il faudra le faire de façon que ses amis s’en aperçoivent. Je le laisserai devenir fou de moi sans pitié. Vraiment, il ne mérite pas que je le plaigne. Lonci affirmait qu'il est un bon garçon et qu'il a seulement des défauts superficiels. Ce n'est pas vrai, c'est dans son sang. C'est possible qu'il soit bon ami, mais je ne le crois pas. Que le diable l'emporte !

Heureusement, ça ne me fait pas mal.

lendemain matin
Ça me fait très mal.

Je n'aurais pas cru, que je souffrirais tant, que je sois aussi fâchée. Il faut seulement que je ferme les yeux pour le voir avec cette fille sur mon propre divan. Je ne sais pas si je pourrais jamais lui pardonner. D'un coup il me paraît tellement étranger, tellement méchant. T. m’a raconté que Simon aurait battu Mery, il m’a dit aussi qu’au moins, j'aurais dû jeter quelque chose sur lui ou sur eux, aussitôt.


30 novembre 1957
Oh, que cette opérette est belle ! La valse de l’opérette "Comte de Luxembourg” me caresse le cœur. Et cette petite photo me rappelant la 9e symphonie de Beethoven : un jeune cerisier en fleurs sous des nuages gris menaçants.

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