22 septembre 1957, Bucarest

Simon voudrait (inconsciemment ?) me fâcher avec Édith et ne plus voir Alina, mais il n’arrivera pas à ses fins. On m'a toujours dit que l'amitié féminine n’était pas durable, que les femmes se brouillent à cause des hommes. Je ne l'ai pas cru jusqu’à maintenant.

J'ai presque eu des problèmes avec Alina à cause de son mari et d’Eugène (qui lui avait fait la cour un peu, avant), mais nous avons été plus intelligentes, nous nous aimons et nous sommes passées à travers. Je n’étais pas fâchée contre Édith à cause d'Eugène (je n'avais réellement pas de quoi) et je ne vais pas m’affliger à cause de Simon non plus (même s'il y aurait de quoi). Simon ne vaut pas que je rompe avec une amie. Et aucun des garçons, non plus.

On a si peu d'amis, il ne faut pas en attendre trop, de chacun seulement ce qu'on peut.

Je reçois beaucoup dans l’amitié avec Édith, je me sens bien avec elle, je peux lui lire des poèmes, on a des goûts communs dans des tas de domaines... Simplement, je ne dois pas la mettre en présence des garçons qui me font la cour, au moins pas avant qu'ils ne m’intéressent plus. Quand on est côte à côte, c'est mauvais pour moi, parce qu'Edith ne peut pas se comporter autrement, tenir compte de moi et ne pas flirter avec tous. « J'en tire la conséquence » comme disait maman dans son adolescence, mais ne romprai pas avec elle, je ne vais pas me refroidir. Je savais toujours qu'elle était égoïste.

Marthe, mon amie de Kolozsvàr, a un petit garçon. Le premier bébé de mes amies ! Que j'étais ravie qu’elle m'ait laissée bercer son fils, le tenir dans mes bras et même le sortir dans le jardin.
Aujourd’hui, je suis encore plus heureuse, parce qu'Alina est enceinte et le laisse cette fois-ci. Elle aura son bébé en mai, je l'attends avec impatience. Il sera comme mon premier enfant.

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