20 septembre 1957, Bucarest

Aujourd’hui je le lui ai dit. Il a bien réagi et a proposé qu'on ne se rencontre plus pendant quelques jours, un certain temps. Je l'aurais voulu, moi aussi, mais j’ai eu de la peine pour lui. Je n'ai pas osé. Que faire ? Est-ce de ma faute s'il me laisse d’un coup tout à fait froide ! Je commence même à sentir une répulsion. En même temps, j'ai des regrets (pitié ?) Et puis, je n'ai personne d'autre. C'est difficile de savoir que faire. Mais... Je dois en parler avec Alina.

Je savais que ce serait moi qui en aurais assez la première, mais je croyais que ça serait facile pour moi. C'est vrai, je ne « souffre » pas, mais c'est pénible. J’ai honte. En réalité, je lui ai menti ce soir : en ne lui disant rien. Si, je lui avais dit. Mais alors, pourquoi l'ai-je rappelé au téléphone?

Je suis provocante, torturante, méchante. Et je n’ai pas la conscience tranquille. Je suis mauvaise. Bert a été accablé, Bandi est torturé, Simon va l'être aussi, probablement. Et moi, pas. C'est vrai, j'ai eu de la peine, moi aussi, à cause de G. et de Moïse, mais pas trop, c'est passé assez facilement. De toute façon, je ne les connaissais pas, c'étaient seulement des béguins de jeunesse.

Ne deviendrais-je jamais vraiment amoureuse ? (mais sans souffrir.)

J'espère que l’amour réciproque existe. Même si la triste vérité est (il paraît) que l’un aime toujours davantage que l'autre.

Je viens de voir une bonne pièce de théâtre, comme un morceau de vie. Je voudrais déjà connaître mon mari ! J'espère, que ses baisers ne me laisseront jamais froide. Je l'espère, beaucoup, en craignant. Eh bien, bonne nuit !

En revenant, Simon m’a raconté aussitôt, que Edith l’a appelé pendant mes vacances, ils sont allés se promener et se sont embrassés.

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