8 mai 2004

On ne peut pas savoir où mène quelque chose dans laquelle on entre. Peut-être, l'atelier photo va mener à faire publier le journal de Sidonie. Peut-être, connaître d'autres personnes.

Peut-être, l'ange de Stéphanie monté au ciel, au défaut son âme flottant dans l'air, apporte, m'apporte... quelque chose du bien.

Terry, notre prof de photo, je ne l'avais pas devinée, est juive. Elle a aimé mes auto portraits, plus encore celles où j'étais étonnée dans le baignoire ou attristée, acre dehors. Elle me dit: "continue à te prendre avec différentes expressions". Elle a aussi aimé mes genoux humides (fermés, mais aussi entreouverts)

J'ai demandé ce qu'elle cherche dans les photos à exposer.
Elle me répond: Approche originale. Qu'on se dise "Tiens, je n'ai pas pensé à ça encore!" Et bien sûr, avoir d'autres élèves venir vers elle.

Terry était ébahie (agréablement étonnée) par ma façon d'être ou voir à 70 ans. Une coup d'oeil d'une autre personne, positive, ça fait quand même quelque chose.

Les deux autres ont aimé les belles fleurs noir blanc et couleur et d'aiilleurs Terry, qui ne cherche pas "la beauté" m'a dit après les avoir regardé "une tâche de couleur ici ou là, ça compte, ça fait quelque chose." Et aussi que j'ai vu et souligné dans les photos les contrastes. Fait d'autres très bonnes porrtaites des gens.

Cela ne devrait pas, mais les opinions des autres compte.

Ce que je dois ajouter à mon journal de 10 à 30 ans est un récit sur le viol. Disons, sexe sous menace des armes le début 1945 à Budapest. Si je regards ce que j'ai écrit comme fiction, cela me hante quelque part. Même si je ne l'ai pas dit tel que je l'avais ressentie, cela ne s'était pas passée avec moi, mais cachée autour de moi, et c'était une menace sourde attendant maman et supportée sans pleurs évidents de la jeune femme divorcée, la femme du jardinier, mère d'un petit garçon mignon de deux ans. A la fin, elle a "réussi" à se trouver un beau et bon officier russe qui dormant avec elle chaque nuit, la protégeait des nombreux autres outrages et protégea même, tant qu'il était présent, les autres femmes de notre villa.

Sauf, les trois jours quand il était de service et pris la jeune femme et l'enfant avec lui, mais nous laissant, nous, en proie des autres soldats arrivant au milieu de la nuit. Cette nuit cauchemardesque. Cette nuit-là, maman eut la chance peut-être parce que je pleurais, épouvantée de la façon que nous étions réveillés avec fusils devant les yeux, et qu'elle a dû s'occuper de moi, mais le lendemain, elle était ordonnée à se présenter à la cuisine des soldats russes "pour peler des pommes de terre" - comme cela était appelé à l'époque. Où était-ce pour le surlendemain?

Nous nous sommes enfuis très tôt le lendemain matin, et en utilisant les papiers suédois pour la première fois, traversé la Danube glacé.

A l'époque, une divorcée était vue comme une femme facile. Pourquoi Julia, c'était son prénom, a-t-elle accepté à se coucher aussi une deuxième fois, avec un autre, à la place de maman, la première fois quand les soldats russes ont pénétrés dans la maison bombardée? Bien sûr, mon père lui a offert un bijou précieux, mais... je ne crois pas que c'était tout.

Pour maman, cela eut été une terrible drame de la faire avec autre que son mari, le seul homme qu'elle connut (au moins jusque là). Et pour Julia? Je crois que cela me hante encore. Même après 60 années.

Cela se passait dans la villa, mais hors de ma vue, mes oreilles, n'ayant parvenu jusque moi, petite fille ultra protégée de dix ans, que par chuchotements. Et quelques explications gênés en réponse à ma question "pourquoi vous mettez de charbon sur vos visages?" "Cela nous fait paraître plus vieilles, moches." "Pourquoi?"

Chuchotements, mais j'avais une bonne oreille. J'étais habituée à ne pas trop parler ces dernières temps-là, mais pas à fermer les yeux. Plus je me taisais, plus j'observais les drames se déroulant autour de moi. Même loin de mes yeux, les échos parvenaient, arrivant à s'imprégner profondément en moi.
***
Maintenant, après les avoir montré, je dois ranger mes images. Comment?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est très révélateur ton récit "tu te rappelles de choses "cachées" quand tu était petite ,tu t'en souviens encore et... et encore aujourd'hui tu te poses des questions ! tu ne voyais pas mais tu étais tout sens dehors
quelle perception ont les enfants,quelle finesse aussi pour ressentir et analyser!
Bravo Julie et continue de nous raconter tout celà c'est important!
je t'embrasse
Sarahblue

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

ttend que je continue, je vais la faire!