10 juin 2004: début cahier

Il est beau, mon nouveau cahier, appelé, je ne sais pas pourquoi “brouillon”. Ses pages blanches m’appelles à écrire.

Je n’ai pas peur des pages blanches, elles m’interpellent et je m’y plonge avec délectation. La première page a un attrait spécial. Le commencement. Continuation, oui, mais aussi un nouveau début.

Hier j’ai photographié des cerises sur une assiette avec cette petite merveille de l’appareil numérique, mon Cybershot Sony. Cerises rouges fraîchement cueillis et juste avant que je les mange.

Ensemble, puis observant qu’elles sont comme les gens : certains en couple, puis un couple rompu, d’autres en trois. Quelqu’un solitaire, beaucoup groupés et certains avariés. Pas encore détachés du lien familial, peut être même pourrissant ceux près de lui, de toute de façon, rongé par un mal interne ou partiellement dévoré par des rapaces sentant ses points faibles et n’osant pas s’attaquer aux autres.

Voilà. La première page de mon nouveau journal est remplie.

Cerises, vie sociale

Je laisse l’autre côté libre : peut-être je mettrai là l’image des quelques cerises. Oui, je voulais dire tout à l’heure… des cerises. En fait, quelques images avec… cerises.

CerisesMonJardin-14Cherys of my garden, as famillies of our life

2008: je ne les a pas mise dans le cahier, mais les voilà pour le blog.

Quelquefois, l’image seule parle.

Souvent, celles prises en série racontent une histoire mieux, plus complètement. En ajoutant un texte, même court, il gagne en compréhension. Au moins, il dit, ce que je voyais, sentais, pensais, le moment de sa prise et en la regardant sur l’écran.

Ma belle-fille m’ayant prêté son ordinateur, j’ai pu ainsi afficher mes cerises aussitôt sur l’écran et les contempler grand format. La magie photo – écran et plus tard impression, leur permet de vivre longtemps, après qu’en réalité elles étaient digérées.

Je me suis sentie solidaire à la cerise rouge foncé, bien mure et solitaire, loin des autres, mais regardant vers elles. Mais aussi à celui dont on a détaché le paire, encore désemparé de la perte. Puis à celles en famille et celui devant supporter un partenaire rongé de l’intérieur, ravagé d’extérieur, par autres et par soi.

J’essaie me rapprocher des autres.

Stéphanie m’avait prévenue contre Slava et hélas, elle avait raison comme d’habitude. Et comme d’habitude, j’espérais qu’elle n’aurait pas raison. Hélas. Deux fois. Hélas, elle avait raison et hélas, elle n’existe plus que dans mes souvenirs.

C’est encore difficile d’y croire.

Peut-être Aix mènera à quelque chose. J’ai reçu hier une lettre m’invitant à un atelier d’écriture dans deux semaines.

Je crois avoir réussi prendre dans mes photos un peu de l’esprit de Sighisoara et Aix. Moins de Komando : il pleuvait, et pas très bien de Kolozsvàr, malgré le nombre des photos prises : j’étais enivrée de joie.

A mon avis, une photo ne peut les présenter, il faut une série.

Tout comme pour quelqu’un.

Nous sommes complexes. Chacun de nous, plusieurs. Pourquoi montrer une seule de ses facettes ?

La Julie resplendissante après natation, oui, c’est moi. Mais l’amère, la fatiguée aussi. Celle avec bourrelets de gras (encore) sur le dos et aussi avec une sein (d’après la photo) encore étonnement belle. Bien sûr, tout dépend de l’angle où on la prend, et quelle geste on fait. La main, le bras, peut-être lisses ou horriblement ridés, suivant le contraste et la lumière, plus ou moins pleine des tâches de rousseur.

Après m’être rassurée que parfois je parais (au moins certaines parties de moi, visage, etc) très bien, encore à soixante dix ans ! je peut désormais me montrer aussi la Julie étonnée, effrayée, les cheveux n’importe comment et même, la ventre (encore) trop lourde.

Bien sûr, il sera difficile de faire une image moche de Gabrielle. A cinq ans, elle est fraîche, blonde, belle même humeur boudeuse. Mais je l’ai prise les pieds dans l’eau, cueillant des fleurs de champs mais et aussi serine entourée des enfants sautant : assise comme une petite demoiselle au milieu d’eux, les jambes croisés.

Mon petit fils est plus dur à 'attraper', il est en perpétuel mouvement. Les dernières photos le montrent sautant avec les autres, tâtant l’eau avec un point de chaussure, jouant tenis, lancant une balle. Je dois apprendre faire des photos rapides, même avec cette appareil, généralement lente à réagir, anticiper les mouvements ou prendre en rafale ou alors faire un « movee » (film) et en sortir des images les plus parlantes. Oui, je crois que David est un bon sujet pour me préparer d’avance à la classe « documentaire ». Mais une rue un peu plus fréquenté aussi.

Bon, je vais me laver les cheveux. Puis, à Paris ! Montrer quelques photos à Michel et l’aider à démarrer avec le Photoshop Elements.

Aucun commentaire: