En retour de Roumanie.
Je ne comprends pas pourquoi je craignais tant revoir les terres de mon enfance et adolescence. Sur les traces des lieux de ma cousine et grand-parents disparus, si ne j'ai pas retrouvé le cour, dont seul je me souvenais, et à cause de la pluie, l'odeur des sapins, le goût des fraises sauvages de ma petite enfance non plus, ils sont tous là. Les sapins magnifiques, le forêt majestueux, la même odeur du sciure de bois adoré à mes quatre ans.
J'ai retrouvé beaucoup plus: des gens.
Surtout, presque par hasard, la famille de ceux qui nous empruntant leur nom, même si seulement le père, Maire du village, le savait, m'a sauvé la vie à dix ans. J'ai porté son nom une année entière: elle était ravie à l'apprendre. Sa soeur aussi. J'ai retrouvé une famille se sentant mal de n'avoir fait davantage pour les femmes et les enfants juifs emportés pour être massacrés.
J'ai trouvé hélas aussi d'autres, sentant "qu'ils ont mérité" leur sort. En quelques jours, heures, j'ai tant appris, ressentie. Alina était à côté de moi tout ce temps, silencieuse et supportant que nous parlions hongrois devant elle, une langue qu'elle ne comprend pas du tout.
Kolozsvàr, que je craignais ne plus exister qu'en mon esprit, est plus belle, plus agréable que jamais. Malgré ses bancs publiques tricolores et quelques croix au milieu de la ville à côté de la statue de roi Mathias, la vie, assez lente, se déroule au milieu des voitures au lieu des bicyclettes et cochers, mais un peu comme jadis. Autant des hongrois qu'avant, plus des roumains. Comme jadis, les paysans en costume villagois venant à vendre et acheter au marché de la ville. Presque plus des juifs - nettement moins qu'avant ou même, après la guerre. 300 dit Gabor, entre 400 000 habitants. (Avant la guerre, ils étaient 10%).
Le nombre de Clujeni a quadruplé mais le centre avec la plupart de ses maisons repeints, resplendit et ne s'en ressent pas. On parle autant hongrois que roumain.
Seulement les accacias de la bord de Petit Somes dans la rue où nous habitions ont été coupés au Tur Istvan utca, que les hongrois autour l'appellent ainsi malgré le nom changé. Même les cheminées anciennes avec lesquelles on chauffait le logement où j'habitais sont là, les même qu'il y a 65 ans, et on prépare le café exactement au même endroit. Dans la cuisine, une porte a été bouché et une autre ouverte vers mon ancienne chambre, le logement est utilisé comme un bureau pour le moment, sinon, je l'ai retrouvé tout tel qu'en mes souvenirs. Les chambres, corridors, fenêtres, terrasses. La vue. L'air. Tout n'a pas disparu finalement.
Seul les acacias qui parfumaient l'air m'ont manqué.
J'écrirai autre fois plus. J'ai fait énormément des photos en deux semaines.
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