J’ai deux journaux d’un coup, tant pis, tant mieux. L’important est de les avoir à la porté de main, l’un ou l’autre, quand j’ai besoin d’écrire. Quand quelque chose veut sortir de moi.
Ce matin, je me suis réveillée avec la joie d’avoir trouvé un nouveau titre pour mes journaux « Au fil de la pensée » qui correspond encore mieux avec leur contenu que « Ce qui s’est déjà passé», l’ancien titre venant de mon enfance. Je le dois à Yvette, la dame de l’avenue Junot, je le dois aux réseaux d’échanges de savoirs.
Mais cette partie-ci, sera « l’énième chance ».
Et puis, le mot « cul-de-sac ». Je me sentais, il y a seulement deux ou trois semaines, dans un cul-de-sac. J’avais travaillé pendant des mois à traduire en français (‘mon’ français) mes journaux, les introduire dans le Mac, puis les relire, les corriger et comparer avec l’original. Ensuite, corriger l’orthographe avec deux correcteurs automatiques. Enfin, passer encore des semaines à réfléchir sur les corrections proposées, les acceptant ou les refusant, améliorant le texte, le rendant plus lisible pour d’autres que moi. Ajouter quelques explications sur les personnages, les lieux, le contexte ; le minimum, sinon elles cassent le texte original.
Le texte a une dynamique, une vie malgré moi, prend vie - et il faut le respecter.
Mais après avoir imprimé tout le texte, mon mari m’a dit « maintenant c’est lisible, c’est enfin corrigible. »
Ceci montre combien un correcteur grammatical n’est pas un être pensant, même si de temps en temps il me proposait des corrections intéressantes, valables, des variants. Le plus souvent, ne comprenait pas la logique et me mettait des faux amis, des mots rassemblant mais signifiant tout autre chose que mon propos original. Puis masculin, féminin, les accords…
Que faire ?
François m’avait corrigé quelques pages. Mais ça n’avançait pas.
Annelise me l’avait tout lu et m’a donné quelques idées intéressantes sur la suivie des personnages et le contexte. Stéphanie m’encourageait, Alina en était enthousiaste après l’avoir dévoré pendant une nuit. Ayant fait tout que je pouvais pour améliorer le français du texte, je me sentais impuissante, je me sentais dans un cul-de-sac d’où je ne savais pas comment sortir.
« The way to go shell glimmer in the mind » Nevil Shute
Le chemin à prendre paraîtra dans l’esprit
Du brouillard, une émission télé, une femme parlant de son réseau D’échange de Savoirs. Chacun des participants offrant ce qu’il ou elle sait et demandant d’apprendre ce qu’elle a envie ou besoin. J’enseigne à quelqu’un qui enseigne à quelqu’un d’autre et un troisième m’aide. Cela paraissait intéressant, mais comment les trouver ?
J’avais noté le numéro de téléphone à l’époque de l’émission, mais à cette époque je travaillais encore et j’avais d’autres préoccupations, je verrais plus tard je me suis dit et j’ai perdu l’adresse. Plus tard, quand j’aurais le temps d’enseigner et apprendre, « offrir » la micro-informatique et « demander » de français. Je ne me rappelais même plus du nom exact.
Je suis allée demander à ANPE « Nous, on ne s’occupe pas de cela, demandez à
À ma troisième visite à la maison des associations où je passais de toute façon en allant vers la piscine (oui, on l’a reprise), une hôtesse m’a aidé et a trouvé leur numéro de téléphone. Enfin, j’avais un numéro de téléphone à appeler, mais le nom de l’association commençait par « Réseau » mot que je ne me suis pas rappelé.
J’ai fait connaissance avec la secrétaire, ultra sympa. C'est elle qui m'a fait connaître les autres. Puis, à la réunion, j'ai rencontré deux autres femmes intéressantes.
J’ai confié le début de mon onzième journal à un enseignant qui adore les enfants. Mon journal lui a paru tellement intéressant que pour finir de le lire, il a laissé tomber son film à la télé. Comme ses yeux se sont illuminés d'un coup quand il nous parlait d'eux ! Il est très actif dans le réseaux (même s’il ne plaît pas à François qui le trouve un ivrogne minable.)
Estelle, une jeune femme en quête de travail, a passé toute l'après-midi et la soirée du jeudi chez nous pour comprendre l’utilisation du “traitement de texte” qu'elle va devoir utiliser à partir de la semaine prochaine, dans le nouveau poste qu'elle vient de trouver. Elle a corrigé mon 6e journal et après l'avoir lu, elle a commencé à discuter avec sa jeune amie, comparer mes expériences avec leurs premières rencontres avec des garçons.
Yvette est une retraitée, une femme lumineuse habitant tout près de chez nous. Elle est un fervent défendeur de la méthode d'enseignement Fresnay, de l’enseignement par la pratique et elle aide les enfants d'immigrés en difficulté scolaire. Elle a commencé à corriger mon 8e journal en s'excusant : « Je l'ai d'abord lu jusqu'au bout, j'ai été tellement captivée que je n'ai encore corrigé que 16 pages » C'était plus rapide que n'importe qui d'autre.
Elle m'a fait aussi des fiches avec mes erreurs grammaticales, ce n'est pas facile... mais elle explique bien et avec beaucoup plus de patience que François, pour qui tout est « évident ». Elle m'a raconté ensuite que sa fille avait un Macintosh, mais qu'elle n'a jamais osé le toucher... jusqu'à maintenant avec moi.
J'ai fait aussi un cours d'initiation rapide au Mac à Chantal, une secrétaire de direction racée, juste avant qu'elle commence à travailler chez un sénateur. Elle aussi s'est offerte à corriger ma grammaire. Je lui ai donné les lettres, elle s'intéresse beaucoup aux voyages. Elle en a déjà corrigé une partie et me les a commentées avec beaucoup de tact, puis nous a invité à dîner chez elle.
Aliette, déconcertant au début (à la fête où je l’ai rencontré elle était saoule et s’accrochait à François), très attachante ensuite. C’est une enseignante d’université fort intelligente. Nous parlons souvent au téléphone de tout ce qui lui arrive. Elle a corrigé l'épisode Paul, dont elle pourrait s'inspirer... J’espère, elle en a vraiment besoin. Aliette a ajouté ses réactions à ce que j’écris ! Elle veut apprendre le multimédia, j’ai commencé à lui montrer.
Toutes ces rencontres en quelques semaines !
Je suis un peu fatiguée de tous ces contacts en si peu de temps. Je m'étais déshabituée de tant de nouvelles relations ; et en plus, je me suis pas mal ouverte. Probablement aussi, parce que je me suis rendu mieux compte de l'énorme travail de relecture et de correction qui est encore devant moi. Des échanges fantastiques, mais aussi l’assurance que c’est intéressant de le lire. Trop « prude » pour uns, trop « libertine » pour d’autres, mais sincère. La prude, la libertine, l’amoureuse, toutes était moi, sont moi à divers époques de ma vie. Et en plus, comme dit François : « Il se termine bien ton histoire, puisque pas seulement tu as trouvé enfin « lui », mais comme tu le dis si bien, il y a même un « nous » maintenant. »
J'apprendrai beaucoup, la traduction du journal s'améliorera - mais en combien de temps ? Est-ce bien de le faire ainsi au lieu de demander l'aide d'un traducteur “pro” ?
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Je me suis rendu compte, que mon journal provoque des échos positifs, intéressants - cela me donne beaucoup de courage - et aussi que je dois les relire plus profondément. À chaque relecture, je trouve des mots plus justes, de meilleures traductions de l'expression de mes pensées en hongrois.
François est un grand “chef”, il cuisine des plats vraiment exquis, mais mon estomac les supporte de moins en moins bien. Ou est-ce à cause des soucis inavoués que mon ventre est sans fin sens dessous dessus ? comme prétend François et quelquefois même Stéphanie. Écouter les autres disséquer mes phrases, suggérer des variantes, entendre exprimer leur incompréhension en face de mes phrases souvent biscornues, est sûrement fatigant, tant nerveusement qu’intellectuellement, je ne pensais pas qu'il le serait autant...
Dans le cadre des Réseaux de Savoirs s'ouvre devant moi un vaste champ d'activité nouvelle : animation, informatisation et formation, et en plus de tout cela, des relations fascinantes !
J'ai ressenti des affinités avec la plupart d’eux, êtres merveilleux, variés, intéressants - et je crois, réciproques. Tant que je ne finis pas ‘Au fil de la pensée’, mes journaux bien traduits en français, il ne faudra pas passer trop de temps en rencontres, apprentissages ou enseignements, sinon le bouquin ne finira jamais... Et je veux le voir paru, lu, utile... dégusté. Si je dose mon temps, mes préoccupations avec soin, j'aurai encore une fois, une vie nouvelle, très intéressante.
1 commentaire:
c'est plutot chouette comme principe !!!!
tu y es toujours ?
Biz
sophie
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