Histoire d'une stage (4)

L’école d’Antibiotiques

Je crois que dès que les Soviétiques ont déclaré qu’ils ne passeraient l’usine prête qu’aux gens compétents, on a décidé de créer notre école. D’abord, à Iasi, mais comme, heureusement, ils n’ont pas trouvé d’enseignants appropriés là-bas, ils se sont résignés à ce qu’elle soit à Bucarest et qu’elle dure une année. Les cours auraient dû commencer le 1er janvier 1953 avec 25 à 30 techniciens chimistes, pharmaciens et quelques ingénieurs. On a confié la tâche de trouver les cadres à Toma (responsable des cadres de chimie organique du ministère.)
Et regardez ce qui est arrivé !

D’abord, pourtant selon les livres comptables, nous avons commencé à fréquenter au début de l’année, l’école d’Antibiotique ne s’est ouverte que le 19 mars. Puis, ce qui est le plus significatif, avec qui ?

On nous y a mis, nous 20, automatiquement.

Au maximum 5 d’entre nous, voulaient y aller, surtout les garçons menacés sinon d’aller à l’armée et fuyant devant cela. Les autres, aucun ne voulait atterrir à Iasi, encore moins pour les six ans et demi qu’il nous restait (nous avions signé six mois avant la convention.) Ils nous ont alors menacés de nous envoyer à UCA Fogaras (extraction d’uranium souterrain), etc. Ils nous ont contraints d’aller à cette école, non en nous convainquant, puisqu’ils n’ont pas réussi à détruire nos arguments, mais avec la force.

Mais rien n’est impossible quand on le veut très fort.

Un des garçons a convaincu le Ministre de le laisser partir. Viorica, je sais comment (nous l’avons vu se promener avec Toma.) Cella, d’après ses dires, par la résistance passive (mais elle sort avec des copains, fils de dirigeants) et elle a même réussi entrer à l’Institut de Recherches. J’écrirai sur elle une autre fois.

Finalement, sur 20, nous sommes restés 12.

Certains, comme Agnès, convaincus par leurs parents, d’autres, comme Florica, fatigués de lutter, d’autres, Bathia, puisque les parents leur ont dit de le regarder comme un repos, les garçons pour éviter l’armée, très peu pour l’avoir décidé d’eux-mêmes. J’ai été convaincue par ma conscience et les livres soviétiques, mais en premier lieu, Staline. Sa mort était décisive, le lendemain, j’ai signé la convention et j’ai décidé d’aller à Iasi. Tina, elle aussi, a signé à cause de sa conviction de membre de l’Union de Jeunesse.

Mais entre les 12 techniciens chimistes restant dans l’école, au moins 6 sont décidés à n’y pas aller après la fin des cours. Toma le sait bien, lui aussi. Mais sûrement, cela n’est plus de son ressort. Mais notre directeur d’école, (et je crois aussi Rotaru, le directeur de l’usine), ne le sait pas ou ne le croit pas. Bon, on verra dans un an. Est-ce la peine de leur dire ? On ne peut pas aller vers Rotaru avec ça de but en blanc, pourtant Tina aurait voulu l’avertir. Le directeur d’école, ne le croit pas, naïf.

Mais on n’est arrivé ainsi qu’à 12 au lieu de 30, loin même de 25.

Ensuite, pour augmenter le nombre, Toma a pris n’importe qui. D’abord, les techniciens ayant fini une année avant nous voulant fuir l’armée, préférant étudier en étant payés pendant une année au lieu de devenir soldats ; puis ceux ayant fréquenté un lycée et ne sachant que devenir ; certaines femmes avec enfants qui ne veulent pas aller à Iasi après l’école mais gagneront le procès au tribunal ; des pharmaciens voulant apprendre un peu de chimie ; même un technicien métallurgiste. Ainsi, au fur et à mesure, nous sommes arrivés à 25.

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