16 février 2000
Je me suis senti coupable ce matin : j’avais envie qu’on me fasse l’amour. J’avais l’impression qu’il n’avait plus envie de me caresser, me satisfaire. Après douze ans, après diverses choses…
Hier soir, j’avais même demandé : « as-tu encore envie de me caresser, me faire crier, me faire réagir ? » Il a répondu en me serrant dans ses bras, sans paroles.
Ce matin, j’avais mal partout, je désirais un café chaud pour ma gorge irritée. Il m’a pris près de lui et m’a caressé. Tiens! Je l’ai caressé, il était intéressé. Soudain, il s’est rué sur moi. En moi. Fier et heureux qu’il le pouvait encore.
Soudain je me suis rendu compte… et j’ai eu honte.
Ce n’était pas qu’il ne m’aimait plus, que j’avais tombé dans ses yeux comme je le voyais. Il est déprimé et c’est l’opinion sur lui-même qui est devenu de plus en plus gris, voire noir.
« Je suis quand même un mari acceptable, quelquefois ? » me demande-t-il depuis encore et encore, fier de son exploit.
- Et moi, suis-je acceptable ?
Il me serre la main d’un air bien entendu, en silence.
Je devrais avoir beaucoup plus de patience avec sa maladie. Quand s’en sortira-t-il?
L’accepter, le prendre tel quel. Être heureuse de tout qu’il donne. Me contenter et ne pas croire tout de suite que c’est moi qui ne vas pas : l’âge, graisse, rides…
Ce qui lui manque ce n’est pas un sous-vêtement noir que je voulais m’acheter en désespoir de cause, mais la confiance en soi-même. Il n’est pas dégouté de moi, comme je le croyais, mais de soi-même. Au lieu de l’encourager, je lui avais fait des reproches à lesquels il ne sut comment répondre, et l’on ne pensait pas aux mêmes choses.
On peut faire l’amour de toute les façons. En réalité, il n’y a pas un jour depuis douze ans qu’il ne m’a pas montré le sien envers moi d’une façon ou l’autre. Amour, besoin, appréciation, essayant de faire plaisir. Me montrant de belles tulipes du parc, préparant un bon plat, me serrant près de lui.
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