Julie en Amérique?

L’Amérique, terre lointaine. Julie avait tant lu, tant entendue des États Unis ! Depuis longtemps elle rêvait le découvrir mais pendant longtemps un billet d’avion pour traverser l’océan était hors prix pour elle. Les prix ont baissé et au désir de Julie à rencontrer ces villes et ses habitants, s’ajouta le désir secret de revoir Ab.

Le printemps 1976, Ab, éminent chercheur des États Unis, organisa une rencontre des savants de sa spécialité et invita aussi le chef de Julie pour parler de ses recherches (en fait, celles de Julie) et lui rendre l’invitation de celui-ci pour Paris. « Que je voudrais y aller, j’irai à tout prix », se dit Julie quand elle entendit en parler.

Son chef n’était pas du tout chaud :
- Où trouver l’argent pour votre déplacement ? Il n’y a pas pour deux.
Finalement, à l’insistance de Julie, il déclara qu’il voudrait bien, mais il ne pouvait point trouver de quoi payer deux voyages.
– Et si je paye mon billet d’avion ? demanda Julie.
– Je vous donne de jours libres, d’accord.
– Alors, j’y vais.
–Terminez rapidement vos expériences et donnez-moi un compte rendu avant le départ, ajouta vite le chef.
– C’est pour quand ?
– Mi avril. Vous pouvez prendre quelques jours en plus et visiter avec mon ancien professeur, chez qui j’avais été assistant.
– Où habite-t-il ?
– A Washington. Il travail à l’Institut de Recherches Médicales, de Bethesda. Peut être, voudrait-il vous prendre comme chercheur Post-Doctoral, pour une année, après avoir passé votre diplôme, bien sûr.

Cela paraissait un rêve à Julie, va-t-il se réaliser cette fois-ci ?

Julie obtint le prix de voyage de son père et même l’adresse d’un ancien copain de travail qui travaillait dans un hôtel de New York, il l’aidera à trouver une chambre pour pas cher, dans un endroit pas dangereux.

Elle demanda par une lettre un rendez-vous, tant au professeur Laki de Washington, qu’à Ab qui travaillait dans un Institut de Recherches en province. Les deux lui répondirent et lui fixèrent un jour de rencontre. Ab, le jour quand le chef de Julie parlera, le prof de Washington pour deux semaines plus tard.

Que faire entre les deux ?

Elle n’avait pas d’argent pour plus de cinq à six jours d’hôtel. Elle découvrit finalement une organisation qui s’occupait a faire rencontrer, découvrir un pays où on n’a jamais était auparavant avec l’aide de ses habitants, loin des cites touristiques avec le but de faire aimer ce nouveau pays et se connaître les uns des autres. Elle était invitée pour deux semaines à partager la vie de la famille, sans frais supplémentaires. Hurrah !
Julie arriva un jour d’avance, le copain de son père lui avait réservé une belle petite chambre à prix d’ami, dans l’hôtel où il travaillait.

Le lendemain, par une belle journée de printemps, elle alla directement à la conférence. La plupart des discours étaient trop spécialisés en biochimie pour elle. Son chef avait le trac, il devait parler en anglais. Et puis, voila, finalement le tour du chef arriva, Ab le présenta à l’assistance et le chef commença à parler dans son anglais cassé.

Julie se leva doucement des derniers rangs où elle s’était installée et sortit comme convenu. Elle attend. Pas longtemps. Ab se trouva là comme par miracle, convenu entre eux par lettre.

Les voilà ensemble, après plus d’une année, émus, tous les deux.
— Je suis la première fois ici, que devrais-je regarder ?
— Je suis de New York, j’ai grandi ici, je te la montrerai avec plaisir.
— Et la conférence ?
Il fit seulement un signe avec la main.

Le coeur de Julie bondit, elle était important pour lui, il ne l’a oublié, il pensait à elle tout comme elle à lui.
— Je dois me changer, passer par mon hôtel, lui dit-il.
En fait ce n’était pas pour se changer, pas seulement pour cela qu’il l’attira dans son hôtel. Il attendait avec impatience pourvoir l’étreindre de nouveau. Julie aussi. Une heure plus tard ils repartirent, heureux. Que la vie était belle !

Main dans la main, comme deux gosses en vadrouille, ils allèrent admirer les grattes ciel, la rivière, les petites rues avec les escaliers de secours apparentes, la petite église coincée entre les énormes battements, les librairies antiques. Comme Julie lui avait fait découvrir Paris, sa ville bien aimée, Ab fait découvrir à elle le New York adoré, la ville de son adolescence.

Ensuite, il l’invita dans un théâtre de Broadway, puis un souper dans un petit restaurant à la mode, finalement, il la raccompagna à son petit hôtel à elle où ils restèrent ensemble pour le reste de la nuit.

Le lendemain, il décida de sécher la conférence et pendant trois jours, il présenta à Julie ses coins préférés. Un merveilleux début pour aimer une ville, un pays.

Trois jours de bonheur et d’entente sans nuages, trois jours d’amour.

Le matin de départ arriva, la conférence était finie, il fallait que Ab, marié et père de deux enfants, rentre chez lui, dans sa famille et la ville universitaire où il travailla. Il demanda que Julie l’accompagne jusqu’à la gare « Qu’on soit encore quelques minutes ensemble ». Julie accepta avec joie et un début de tristesse.

Tout bagages faits, habillés, une dernière fois, il l’attira contre lui, avec quelques baisers et attouchements, il l’excita rapidement, énormément.
— Bon, viens, dit Julie, tirant vers le lit.
— C’est trop tard, répondit-il sec et décidé.
— Mais nous avons encore vingt minutes…
— Non. Partons rapidement. Il la repoussa et pris ses bagages.
Alors, pourquoi l’a-t-il fait ?

Furieux, l’attachement de Julie tomba d’une minute à l’autre, tout comme il était venu. Même ceci était finalement parfait...

Julie accompagna Ab à la gare et le regardait partir sans aucun regret. La romance était terminée autant dans sa tête que dans la réalité. Mais les trois jours inoubliables lui restèrent à jamais dans sa mémoire, et qui sait, peut-être même en lui.
Le lendemain elle partit dans sa famille d’accueil.

Une maison où elle se sentit aussitôt familier, il y régna un désordre comme chez elle et la maîtresse de maison, d’âge de Julie, aimait davantage à lire que cuisiner. Des livres partout.
Elle vécue avec cette famille, connue leurs amis, leur église et leur club, leur façon frugale de manger, leur façon gentille de l’accueillir et lui montrer tout de leur vie. Les plaisirs avec les enfants et les problèmes de modernité, les problèmes dus aux faits qu’il était un descendant de Mayflawer (le première bateau d’émigrés), un famille éminent de Nord et elle, une fille issue d’une riche plantation de Sud. Vers la fin du séjour, elle leur prépara un repas avec veau et champignon qu’ils apprécièrent beaucoup.

La dame de Sud l’accompagna même à Washington où Julie rencontra Laki, le professeur d’origine hongrois. Le vieux professeur accueillit Julie avec sympathie et intérêt. Il promit de l’inviter après qu’elle est reçu son doctorat pour une année.

Un meilleur premier contact avec Amérique on pourrait difficilement souhaiter.

Au retour, ce fut le réveil brusque, presque un cauchemar.

M. son chef, furieux que Ab ne se soit occupé de lui à New York et suspectant la cause probable, ayant en plus de problèmes avec la direction, le contrat de Julie ne fut plus renouvelé.
Elle se trouva sans travail, séparée de son mari, des enfants à charge et son diplôme pas encore écrit, ni soutenu.

Est-ce l’ancien cauchemar va se répéter ? Est-ce qu’aussi près de diplôme celui-ci allait lui échapper de nouveau ? « Cette fois-ci, je passerai, coûte que coûte ! », se dit-elle et mit toute son énergie à avoir son doctorat.

Son père l’aida financièrement à passer les périodes les plus difficiles « tu ne savais pas que je t’aiderai ? » Julie réussi, même si avec difficulté, à persuader son chef de considérer son travail de doctorat terminé et son responsable de thèse de pouvoir présenter et soutenir sa thèse dans six mois. Elle dut faire corriger le Français de sa thèse mais eu succès lors de sa soutenance, l’avril 1977, une année après son voyage d’Amérique.

Et maintenant, à moi de découvrir vraiment l’Amérique ! Y travailler là pendant une année entière comme le professeur Laki, près de Washington DC lui avait promis.

3 commentaires:

Brigetoun a dit…

merveilleuse l'aventure avec Ab même si vous l'avez payée

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

Non, nous ne l'avons pas "payée" cette aventure: nous avons réussi à le tenir pour nous-mêmes.

Anonyme a dit…

la même histoire a failli se repéter ! Tu as tenu bon, tu t'es battue ... et tu as réussi ;-)

Une vangeance quelque part, sur ton diplome "manqué" en roumanie !

Sophos