J'avais oublié de début

C'est le début de longue entrée de journal, publiée hier. Je ne sais pas comment elles se sont séparés. Comme je n'avais pas écrit depuis longemps, ce jour-là, juste quelques jours avant mes 44 ans, je m'en suis rattrappée en décrivant tout en résumé.

Washington, le 9 juillet 1978


Je ne comprends pas comment il est possible que pendant si longtemps je n'aie rien écrit de ce qui s’était passé, pourtant, tant de choses me sont arrivées ! Bonnes et mauvaises, la vie. Une année !

En réalité, tout a commencé avec mon premier voyage en Amérique il y a deux ans, ce mois incroyable, fantastique, ce mois de rêve. Plusieurs rencontres merveilleuses avec Ab, nos promenades le long de la rivière, puis les trois merveilleux jours ensemble à New York. C’était fantastique ! Je me suis réjouie de toutes les minutes, de toutes les secondes. Mais à la fin, juste avant son départ vers la ville où il habitait, quand je l’ai accompagné à la gare, d’un coup, j'ai réussi à ne plus être amoureuse de lui, probablement à cause de son dernier comportement. Même ceci a été parfait !

Je revois mes nombreux souvenirs d'Amérique, les gens rencontrés, les sourires des gens sur la rue, les fleurs de toutes les couleurs, la famille intéressante de la petite ville de Pennsylvanie qui m’a si bien accueillie pendant deux semaines. Puis ma visite à l’Institut de Recherche Médicale de Washington chez le Professeur Laki que j’ai réussi à intéresser de mes recherches.

Après le bonheur, le malheur.

Au retour, mon travail est en danger, mon contrat et ma subsistance menacés.
Suit la lutte dure et sérieuse (gagnée !) pour terminer ma thèse de doctorat.

L’été 1976, un beau mois passé en Écosse avec ma fille, les nombreux lacs et les quelques jours sereins à lire, côte à côte, dans le petit jardin plein des roses jaunes parfumés, d’une maison à l’habitant, près d’un petit lac. La pièce Disciple de Diable de Bernard Shaw si bien joué par un jeune acteur plein d’énergie auquel d’ailleurs Agnès a envoyé une carte postale au retour à Paris.

Mais ensuite, il fallait s’y mettre et finir la rédaction de ma thèse.

Le coup dur tomba : l'année suivante je n’aurai plus d’emploi. J’avais deux enfants à ma charge et un vague espoir d’un job pour une année en Amérique si j’obtiens mon diplôme.

Un nouveau coup : une belle position dans un labo industriel presque gagnée, une longue attente et finalement la réponse : “surqualifiée”. Ce jour là, nous sommes allés voir "Autant en emporte le vent" : j’ai tant pleuré ! Mais Agnès et Lionel ont été à côté de moi tout le temps, m'encourageant, m’aimant.

L’année 1976 si bien commencée, remplie des luttes, a fini amèrement : seule et avec des très vagues espoirs. Seule ? Rappelle toi, Julie, que ta collègue de travail t'a invité pour le Jour de l'An. Stéphanie, ma nouvelle amie, était aussi à mes côtés, notre amitié grandissante. Je n'ai donc pas été tout à fait seule. Après la fin de mon contrat de travail, même M. mon chef y a mis la main par une bonne recommandation et aussi le syndicat, me payant un cours d’anglais mais je me suis aidé surtout, moi-même. Persistant, travaillant, me battant.

Au début 1977 j'ai réussi à finir, puis à rédiger ma thèse, la faire retaper (pour corriger son français) et enfin, l’accepter. Ouf.

Je suis partie chez mon père pour me reposer, reprendre des forces et préparer la soutenance. Mon voyage en Israël (où mon père habité alors pour un temps) a été un tournant important - à deux points de vue.

1. Mes relations avec mon père se sont détérioré, mais depuis cela s’est le cadet de mon père et sa femme, ont monté mon père contre moi, ils ont tout fait pour ternir sa joie pour mon doctorat. Au début papa était tellement fier, ensuite il n’a même plus voulu assister à la soutenance. Avec le motif, trouvé par mon oncle, que j’avais remercié mon arrière grand mère, grand-mère et mère et ma fille, mais « dédaigné leur mère ».

2. Ma liaison avec Maurice m'a rendu par contre ma confiance comme femme. De ces quelques jours, en plus de notre amitié, je suis restée avec de bons conseils pour toute ma vie!
« Toi, personne ne peut t’abandonner ! Fais signe, ensuite laisse lutter pour toi. » J’ai découvert aussi que dans l’amour ce n'est pas l’âge qui compte mais la gentillesse, la volonté, la chaleur, l’attention.

En revenant en France, j'ai eu un mois inoubliable à partir du 20 avril. J'ai soutenu la thèse, réussi mon doctorat ès sciences physiques. Ma fille Agnès a préparé et apporté deux jolis gâteaux. Stéphanie et beaucoup de collègues, même mes anciens copains de Ham, ont assisté à la soutenance, sont venus me fêter. Je me suis sentie intelligente, forte, aimée, estimée et entourée. Et pleine de confiance : « Vous êtes un bon chercheur. » Je suis un bon chercheur ! Hurrah.

Alors, a commencé l’inquiétude pour mon contrat post-doctoral d’Amérique. Le contrat arrivera-t-il ?

J’avais déjà renoncé à l’appartement, liquidé et rangé les meubles, tout. Où irai-je, sinon ? La confirmation de mon contrat, le papier nécessaire pour mon visa, est arrivée seulement une semaine avant la date de mon départ...

Stéphanie m’appelait souvent. Elle, Jacqueline, Jo et même Sandou m'ont aidé à liquider l’appartement. C'était bon de sentir que je n'étais pas seule.

J’avais déjà envoyé Lionel en Pennsylvanie, apprendre l’anglais dans une famille qui ne parlait pas français et Agnès était partie en vacances avec Sandou.

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