Mon amour

je te prie aie de patience encore un peu et nous serons ensemble et avec un peu de chance jamais nous ne nous séparerons pour un temps si long. Je me rend compte comme il te doit être dur n’ayant personne près de toi qui puisse te dire un bon mot.

Je ferai tout maintenant à dépêcher au moins avec un jour si possible la « réintégration » de notre famille.

Je viens de regarder les photos de l’album ensemble avec ta fille et nous eûmes fort envie de ta présence. Toute la matinée (il est deux heures et demie d’après-midi) j’ai pensé à toi.
Que faire avec l’appareil à moudre ? Envoyer, apporter, laisser chez papa ? Et tes outils ?
Agnès a observé que je t’écris et elle a voulu aussi écrire et voilà. Par hasard cela ressemble à une tête mais crois-moi elle l’a fait absolument seule. Le reste, à gauche est le bateau sur lequel nous partirons vers toi aussi tôt que possible.

Aujourd’hui toute la journée j’ai triée les affaires (l’après-midi), j’ai mis dans le petit coffre pour papa ce que je veux laisser, les grands oreillers (n’est-ce pas que nous ne les utilisons pas ! ?) et les couches d’Agnès (nous en aurons besoin dans 2 –3 ans) et les livres choisis et l’argenterie que nous ne voulons utiliser maintenant et le lingerie que je ne voulais pas prendre. Le reste des vêtements choisis et lingerie j’ai mis dans le grand coffre pour l’envoyer, avec les petites oreillers, édredons, serviettes, nappes, pyjama et chemises de nuit, mon manteau, tes chemises, les photographies et les lettres et la champagne d’Agnès[1]. J’attends que les couvertures que je viens de laver sèchent et soient mises et aussi nettoyer (moi ou quelqu’un d’autre) les petits tapis et ajouter aussi les livres que je viens de désinfecter. Je ne sais pas si après tout cela il y aura encore de place pour quelques vêtements, robes, je verrai.

De toute façon, ensuite j’ai mis Agnès dans le baignoire et pendant qu’elle se lavait avec l’éponge elle a dit : «Agi mare. Agi spala ha bait sel ima»

(Mi-roumain – mi-hébreux : Aghie grande. Aghie lave la maison de maman)

et elle a lavé la baignoire et le mur au-dessus, pendant que j’ai lavé mes foulards et les petits affaires d’Agnès. Ensuite je l’ai couché et j’attends qu’elle s’endorme.

J’ai un peu mal au dos (tu sais déjà que j’ai toujours mal quelque part) mais je suis très contente des réalisations de cette journée. J’ai l’impression d’être déjà plus près de toi avec quelque chose et aussi de notre départ.

Dimanche matin viennent ici Irène et Violette et nous allons nous consulter sur ce que vaut la peine d’emporter et ce que je jetterai entre mes affaires personnelles et ensuite je vais les donner à la couturière ou nettoyage. Une partie j’ai déjà mis à côté, ils ne sont plus bons mais pour le reste des vêtements j’ai besoin de l’assistance.

J’ai l’impression que j’ai fait déjà le gros. J’ai encore la cuisine, la salle de bains, etc. pour demain. Il n’est que huit, mais j’espère qu’étant tellement fatiguée je m’endormirai vite, de toute façon je me couche et je continuerai parler avec toi en moi et te donner des baisers en pensé, mon chéri, mon cher garçon très fort aimé et désiré, à demain.

Samedi je ne t’ai pas écrit, j’ai lavé, arrangé, fait les paquets en continuation et avec chaque chose ajouté dans le coffre je me sentais plus près de toi. Tu verras comment le coffre est rempli, il reflète ma pensé que c’est toi qui l’ouvrira et mon souhaite qu’il te fasse plaisir. J’ai trouvé tes bottes, te sont-ils bons ou devenus trop petits ? Dois-je les prendre ou les offrir ? Dommage qu’on n’a pas le droit d’envoyer des chaussures en Roumanie. À propos, j’ai reçu une carte postale de sa sœur disant qu’elle a reçu la jupe et lui va bien et qu’elle est heureuse avec ». Si tu n’as pas écrit, il n’est plus nécessaire de le mentionner, avec le temps elle recevra aussi les autres.

J’ai laissé Agnès à la maternelle et dans peu de temps mes tantes arriveront pour discuter chiffons. Ils étaient bons chacun dans son temps mais ils sont maintenant démodés et certains (je les ai essayé hier) paraissent même ridicules. Que faire de la mode féminin changeant ainsi ! Beaucoup entre eux je les est depuis dix ans au moins et probablement en dix ans ils reviendront à la mode mais cela ne vaut pas la peine de les tenir jusque là, n’est-ce pas ! ?
Mon chéri, je t’embrasse, je t’envoie un baiser et encore un baiser et je te serre fort et avec plein d’amour. Que je puisse les faire enfin en personne !

Je ne sais pas si je t’ai dit combien Irène s’est réjouit de ta lettre, elle me l’a raconté au moins trois fois jusqu’à maintenant par cœur, écris-lui encore.

Je t’embrasse encore et encore, baisers,
Juli

[1] Reçu de sa naissance « pour ses fiançailles.

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