8 octobre 1963

Mon chéri,

Je t’écris pendant une pause de travail, à partir du lieu de travail, mais je n’ai pas des bonnes nouvelles. J’ai de nouveau tombé et cette fois ayant un examinateur sympa près de moi. Il m’a donné une mauvaise note parce que pendant un seconde je pensais au lieu d’être attentive, autrement, dit-lui, j’allais très bien. J’y vais de nouveau en 18, je suis devenue dorénavant « une habituée de la maison. » J’espère le passer finalement. Sinon, je pourrais prendre un permis Belge[1] avec lequel je crois on a le droit de conduire en France, au moins pour une année. Autre mauvaise nouvelle est que je ne crois pas pouvoir partir le 20 octobre, je crois pouvoir y aller (le plus tard) autour de 1 novembre.

Il fait une chaleur étouffant et humide, il sera temps que ça refroidisse, le soir on peut encore respirer, mais hélas pas chaque soir. Nous sommes en bonne santé et j’essayerai vendre la machine à laver et je voudrai beaucoup obtenir l’argent de loyer pour demi année, pour le moment beaucoup viennent voir et partent. Chacun avec autre chose, l’un le voudrait vide, l’autre plein, etc. etc.

Pour le travail, jusqu’à maintenant quatre jours complets, j’ai reçu 160 lires aujourd’hui.
J’ai fini presque toute la cuisine, sélectionnée, mis déjà à côté dans le coffre, sauf les assiettes, tes outils et mes livres de cuisine.

Pardonne-moi que je t’ai écrit ainsi, mais tu sais comment sont les patrons, même si tu n’a rien à faire et étant obligé à rester en allongeant le temps que tu restes chez eux, ils te regardent de travers. Pourquoi tu n’occupes pas le « temps vide » avec autre chose, ils ne sont pas contentes. Il m’a battu à la tête aujourd’hui jusqu’à je ne pouvais plus en me demandant au moins vingt fois : « N’est-ce pas que la dernière fois c’était plus mou » « Plus homogène » « Est-ce bon à jeter » et d’autres observations ressemblants au moins vingt fois sinon trente. Je l’avais prévenu dès le début que la matière première n’est pas bonne, mais que peut-être il sortira quand même. Et j’ai l’impression qu’il est exactement sorti comme la dernière fois. Mais c’est vrai, c’était son temps, il me payait, donc j’ai resté calme et je me suis comportée comme un docteur avec son patient. Le travail a réussi.

Revenant à la maison j’ai trouvé ta lettre de deux octobre. Je t’ai déjà écrit sur l’examen. Si j’y vais pas le 18 je pensais d’y aller une fois encore avant mon départ. À cause de cela j’ai choisi de prolonger le départ pour 1 novembre même s’il y a d’autres nombreux motifs. Entre autres, outre le logement qui ne s’est pas encore résolu, je veux aller à Nazareth après 26 octobre[2] ce qui serait nettement plus sage.

Hier j’ai envoyé encore deux jupes à Gabriella et la chemise de nuit, tu auras dû me dire qu’elle a 40 ans et quand, je viens seulement de l’apprendre par sa lettre.

En ce qui concerne le grand tapis[3], je l’amène, je te l’ai déjà écrit.

En ce qui concerne les pièces basses, j’ai lu dans un revu qu’en peignant le plafond d’un couleur plus claire que les murs, la chambre paraît plus haute. J’ai fait la même dans ce logement, les murs crème et le plafond blanc crème et je crois qu’ils ont raison et dans la chambre d’Agnès, vert clair et avec le plafond presque blanc, on voit encore davantage qu’ils avaient raison.
Le lit que le patron nous prête est-il double ?

S’il te plait, retourne-moi les lettres de papa.

Je n’ai pas pensé une minute à louer l’appartement sans garanties, hélas, avec les uns qui m’ont plus j’ai hésité trop longtemps (150 lires, j’espérais plus) et ils ont pris ailleurs. Maintenant j’ai fait paraître une annonce dans un journal hébreux (Maariv) et une autre dans l’hebdomadaire roumain et comme ces derniers l’ont publié avec des fautes la dernière fois ils vont le répéter. J’ai été au docteur avec Agnès, pour au revoir, la fillette s’est développé très bien, dans une seule mois elle a grandit de 6 cm et a pris bien de poids, elle a maintenant 11,2 kg et 84 cm hauteur. Il m’a dit que tout est en ordre avec elle et m’a donné un médicament pour le prendre une seule fois (moi 5 pastilles, elle 1) pour nous guérir complètement des oxyures. J’ai été aussi au gynécologue et elle m’a donné des conseils et des prescriptions puisqu’en Franc n’existe pas de curetage ni des moyens de contraception et il faut que je suis prévenant à prendre d’ici tout dont j’ai besoin.

En même temps que ta lettre j’ai reçu une de papa disant qu’il arrive à Tel Aviv autour de 15 octobre et me proposant de partir avec l’avion parce que ce n’est pas bien avec le bateau l’hiver et j’arrive plus vite et, éventuellement, que je sois encore avec lui ici, à la place des quelques jours passés sur le bateaux. Je vais me renseigner combien coûte et dure l’expédition des affaires maintenant, en avance, et s’il est possible qu’ils arrivent en temps et alors papa payera le billet d’avion (ou au moins la différence), à ce moment-là, pourquoi pas ? ! Je leur donnerai les grands oreillers dont nous n’avons pas besoin, demain je recevrais l’édredon d’Agnès confectionné à partir de l’oreiller ayant les meilleurs plumes.

Si je pouvais obtenir une prolongation de mon passeport ancien, tant mieux, sinon je devrais aller à Bruxelles[4] pour résoudre là. S’il te plait, intéresse-toi comment c’est le mieux que j’y aille : directement à Bruxelles et de là-bas avec les papiers en règle chez toi ou on pourrait le prolonger tenant compte du tien en France ? Que crois-tu ?

Je t’aime beaucoup et je ne pense (pour le moment) pas à divorcer,
Je t’embrasse,
Judit

[1] Il n’y avait pas d’examen a passer là – ce que j’ai fait finalement.
[2] J’espérais recevoir une certificat de baptême antidaté de deux ans.
[3] Les enfants d’Agnès ont grandi sur le même tapis.
[4] J’avais un passeport de réfugié politique.

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