19 août, lundi

Mon chéri, j’ai reçu aujourd’hui deux lettres de toi datées 13 – 14 – 15 mais la poste de l’Ain l’a envoyé seulement le 16 et 17, elles sont arrivés vite. On voit à travers elles combien nous sommes unis de loin et ressemblants. Tous les deux animés par les mêmes sentiments et les mêmes désirs nous tourmentent.

Je dois reconnaître mon avantage en ayant Agnès près de moi.

Je suis extra fière, aujourd’hui je lui ai fait pour la première fois une robe. J’ai travaillé toute la matinée pour la préparer et madame Ansel l’a tiré à sa machine et déjà notre fillette court dehors avec la robe sur elle.Je l’ai réalisé d’un matériel bleu marin avec petites fleurs rouges et blanches selon un « plan » prenant comme exemple une vieille robe qu’elle a reçu de Kati (la petite fille de Zsuzsi) et adapté par moi pour Agnès. C’est ainsi : mais beaucoup plus belle, avec une jupe large et serrée au milieu, elle le porte avec dessous une blouse blanche avec manches bombés. Mignonne comme une bonbonne ! Seulement on lui a coupé un peu trop les cheveux, mais ça grandit vite.

Probablement nous irons après-demain à Naharia, j’ai entendu que c’est très beau là-bas. Puis de là à Haïfa. Ce soir Violette, la sœur d’Irène rentre après plusieurs mois d’absence, elle m’a invité ce soir chez eux. Elle a aimé elle aussi la petite robe.

Que dire d’autre, c’était tout ce que j’ai fait aujourd’hui et hier je t’ai écrit et déjà envoyé. Autour de 25 ou 30 je serai donc à Haïfa, écris-moi là jusqu’au 27 puis de nouveau à la maison. C’est déjà la nôtre, vendredi j’ai payé la dernière tranche et c’est fini. Il faudra la peindre, tel quel je ne pourrais pas la louer. D’autre modifications ne vaut pas la peine d’en apporter. J’espère qu’au plus tard au début octobre nous allons nous rencontrer.

Mon amour, ne sois pas triste et déprimé, encore un peu et encore un peu et nous serons tous dans les bras les uns des autres,
je t’embrasse, envoie des baisers chauds,
Juli



20 août
Cher Sandou,
s’il te plait ne sois pas fâché, depuis hier après-midi je me promène avec la lettre et je n’ai pas réussi à l’envoyer. Je pourrais les mettre au Poste seulement demain matin, à la Gare.
J’ai le billet pour 8 15 à 10 20 je serai à Naharia. Justement, les Silberbouch arrivent de là et m’ont dit que la mer n’est pas agité et intéressant à cause des digues sinon c’est vert et il y a des collines, je ne peut pas demander davantage. D’après ce que j’ai entendu c’est moins cher qu’ailleurs et ils m’ont recommandé un villa avec un petit jardin ombreux et pension complet. On verra ce qui en sortira des belles promesses.

C’était une grande agitation (surtout c’est moi qui me suis agitée) et Agnès l’a sentie : j’ai eu mal à la coucher même à neuves heures du soir. Sache que je ne peux rien y faire mais elle parle presque seulement le hébreux. Je ne veux plus la forcer trop. Bien sûr, je lui parle seulement en roumain. J’étais heureuse aujourd’hui en faisant des achats pour le départ, achetant une chapeau de paille à chacune de nous, de l’huile de plage et une robe pour Agnès et un shampoing spéciale pour moi. C’est une solution qu’on met pour laver les cheveux qui deviennent temporairement (pour deux semaines) noirs. J’ai enfin réalisé mon rêve depuis longtemps voir comment je serais avec des cheveux noirs. Je les ai déjà châtain très foncé et, humides ils paraissent toujours noirs, hélas, après qu’ils sèchent ils redeviennent marron. Maintenant ils sont restés noirs. Pour le moment je suis enchantée, on verra ensuite. De toute façon je me sens comme un enfant jouant à la vacance. Tout à fait libre et faisant un peu n’importe quoi que je veux.

C’est minuit, j’ai nettoyé la cuisine et fondu le frigidaire, fait un bain, lavé les cheveux, bouclé les valises et c’est fini, mais je n’arrive pas à dormir. Demain une voiture nous prendra cela coûte seulement 3,5 lires de plus que le billet de train et le voyage commence. J’ai lavé, repassé tout, tant pour moi que pour Agnès, une fois commencé ce n’est pas aussi difficile que ça et maintenant le voyage.

Je ne prends que deux robes, l’une d’elle sur moi, celle reçu de Mary et deux shorts, j’ai entendu que là, près de mer, tous se promènent en short ou même en costume de bains. Étant aujourd’hui chez Irène, racontant que je veux m’acheter un costume de bains, Mary m’a offert un (il lui reste cinq encore) c’est bleu sur blanc, très beau. Me va bien. Je ne veux conquérir personne mais je me sens mieux sachant que je suis « bien ». Agnès l’aime aussi. Il te plaira à toi aussi.

Bon nuit, mon chéri, écris-moi à Haïfa. Dimanche j’irai à Nazareth, à partir de Tel-Aviv c’est plus compliqué, de Haïfa c’est près.
Je t’embrasse chaleureusement,
Juli

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