Enfin, je travaille, moi aussi

J'avais eu la chance de trouver un poste intéressant comme chef de laboratoire d'analyses de la seule usine chimique de la ville, pas très loin de moulin. L'usine avait un personnel cosmopolite, venu de Belgique, Allemagne, Tchécoslovaquie et même de Paris... Nous avons commencé à les fréquenter, faire des réunions régulières. Enfin, nous n’étions pas seuls.
J'étais le seul cadre féminin, payé comme technicienne, mais de plus en plus appréciée.

Au début c'était dur, reprendre la chimie après plusieurs années n'était pas facile, mais mon mari me conseillait comment m'imposer.

L'ingénieur en chef de l’usine m'aidait surtout au début. Il était un humaniste âgé et sympathique, un ancien officier nazi ayant honte du passé. Il mettait la main sur mon bras au début, mais il a compris quand je lui ai dit : "Non, j'aime mon mari, je suis amoureuse ».

Il me conseillait : "Julie, ne pousse personne le dos au mur !" et il passait dorénavant moins souvent au laboratoire et enfin, il trouva une jeune femme du pays et vint moins souvent dans le laboratoire voir ce qui se passe...

Mon travail devenait de plus en plus intéressant, nous avions commencé nous rencontrer de temps en temps les uns les autres et lentement, créer une société (avec tous qui venaient "d'ailleurs", que ce soit Belgique, Cehoslovaquie, Allemagne ou la région Parisienne).

Fan, le meilleur ami de Sandou, puis ses deux frères, l’un après l’autre se sont échappé de Roumanie et nous les avons hébergés pendant plusieurs semaines, aidé à se retrouver au début.

Nous étions enfin en Europe, nous travaillions et nous gagnions pour vivre modestement mais confortablement, mais mon mari n'a jamais pardonné à mon père de gagner mieux que lui, qu'il puisse m'offrir ce que lui ne pouvait pas.

Il était de pas content de sa vie et me reprochait de plus en plus souvent :
“À cause de toi, j'ai dû quitter tout, famille, patrie, copains”.

Je ne le comprenais pas.

J'étais heureuse de m'être échappée, de vivre libre de vivre mieux, ses frères et son copain l'ont suivi, ravis d'être en France. Et Sandou ? Ses racines sont restées là, il n'a pas réussi à réaliser ses rêves, quels rêves ?

Plus mon travail allait mieux, plus on m'appréciait, plus il devenait... comment ? Il avait d'abord mal à l'âme, puis il devenait de plus en plus sauvage, brutal, lointain. Au début c'était dur, reprendre la chimie après plusieurs années n'était pas facile, mais mon mari me conseillait comment m'imposer.

Il avait envie de sortir seule, de plus en plus souvent : boire un coup, bavarder.

2 commentaires:

Michael Park a dit…

As-tu travailler en pleins-temps? Qui gardais ta fille pendant que vous et Sandou travaillaient?

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

J'ai toujours travaillé "temps plein", de toute façon à l'époque il n'existait pas "mi temps" ou relache le mercredi comme maintenant, et nous travaillions, au moins 48 heures par semaine.

Ma fille était chez les soeurs, au maternelle du village à St Didier et ville Ham plus tard, à partir de deux ans, et mon fils aussi plus tard. Elles permettaient les prendre, quand on finissait le travail et y aller aussi tôt que le travail nous y obligeait.