30 août 1958

J'ai ouvert la fenêtre, pour raconter mon après-midi à mon étoile, mais je ne l’aperçois pas. Les nuages obscurcissent le ciel. Je suis trop bouleversée pour m'endormir, mais je n'arrive pas non plus à écrire ou réfléchir, mes mains tremblent. Mon cœur bat fort. Je comprends enfin la différence entre l'amour et l'amour, l'estime et l'estime. Baiser et baiser.

Que Sandou est plus sérieux ! Il mérite en tout cas ma confiance en lui. À la fin, je me suis dépêchée de partir, tellement je tremblais. Je crois que c’est après qu'il m'a embrassée dans le cou, mais je me suis laissée emporter de plus en plus. Au début, j'ai été horriblement tranquille et froide. C’est fini - j'ai trop peur que quelqu’un le lise. Demain, quand je serai plus calme, je décrirai le reste.

Bien sûr, il m'arrive à moi aussi d'avoir besoin qu'on me console, me câline, mais pas si intensément, et si je ne le reçois pas de quelqu’un, je le cherche dans des choses. C'est bon d'avoir des amies, mais il ne faut pas oublier que l'amitié est une attention, un intérêt réciproque et plus l’intérêt est fort, plus forte est l'amitié.

Curieusement, je m’intéresse plus à ce qui se passe avec les autres, qu'eux à moi. Beaucoup viennent me raconter leurs problèmes, leur vie. Ma tante me comprend et me connaît, Alina aussi, mais un peu moins. Édith me comprend bien, mais ma vie ne l’intéresse pas, maman me connaît très bien, elle aussi, mais c'est différent. Simon a connu de moi ce que j'ai voulu lui montrer et Sandou encore beaucoup moins (il me voit comme une statue qui flotte en haut, pourtant je lui avais dit que je suis de chair et d’os.)

Je suis contente que papa parte en voyage pour son ministère, je pourrai respirer un peu plus librement. Bientôt je vais faire connaissance avec George. Et alors ? Je n'ai pas vu Alina depuis longtemps. Heureusement, j'ai en moi un peu de légèreté, un peu de ’sang Kertész’. Cela m'a aidée et va m'aider à passer à travers pas mal de difficultés.À quoi servent tous ces mots ? Au moins ils me soulagent. À cause d’eux, je n'ai pas besoin de parler avec quelqu'un d'autre tout le temps. Je parle avec mon journal. Il m’écoute et le supporte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est à cela que sert un journal ... ou un blog, à notre époque ;-)

Ecrire, reflechir à ce que l'on écrit, ce que l'on a vécu.

J'avais un journal ... au moins, au collège, mais je ne me souviens lus quand j'ai arreté vraiement ... j'ai repris vers 18 ans, puis épisodiquement vers 24/25 ans....
Mais rien d'aussi suivi ! Mais le souvenir que j'en ai , c'est que poser par écrit ses états d'ame, cela permet d'y reflechir et d'avancer ;-)

Sophie