Les premiers cinq kilos sont partis de mon visage. Heureusement. Au lieu d’une face porcine de ces derniers temps, je retrouve enfin mon vrai visage, d’autrefois.
Bien sûr, je risque bientôt de trouver dans le miroir, que j’ose regarder de nouveau, des rides. Les rides n’existant pas jusque maintenant apparaitront. Et alors ? C’est normal à 70 ans (que j’aurais en cinq mois.)
Hier, vers quatre heures mon fils est venu me visiter. J’espère qu’il continuera venir. Il m’a apporté un lampadaire à halogène, l’a installé, puis parlé. () Il ira mercredi et jeudi à Londres, arranger un problème avec son chef de New York. Je te le dis seulement à toi. J’ai dis à tous que j’irai à New York et je n’irai plus, je ne dis plus rien d’avance. On verra.
Lutter pour ce qu’on veut obtenir, c’est important. Sortir d’hibernation, aussi. ()
Hier, Michel m’a appelé : il a réussi à activer son Office acheté en écoutant les indications téléphoniques. Bravo, Michel ! un pas dans le bon direction. Maintenant, la connexion de l’Internet et du disquette pour transférer ces fichiers du Macintosh.
J’ai eu de chance : mon système a reconnu automatiquement le lecteur Zip et l’imprimante. Pour le scanner, j’ai déchargé un programme web, j’ai dû seulement lui indiquer le bon emplacement. Pour le moment, tout marche.
Il ne faut pas crier trop tôt à la gloire ! Que se passera quand le modem arrive ? Courage, Julie.
Que veut dire « alter ego ? »
Est-ce que j’écris à un alter-ego ? Une autre facette de moi ? Est-ce cela ? Toujours « cela » alors, quand peut-on utiliser « ceci » ? Ceci est mon journal, alors pourquoi « cela » ? Ceci est mon écriture, alors ?
Michel, en train non seulement de lire, mais corriger et commenter aussi mon dernier journal. Il est mon critique positive, même ses critiques m’aident à progresser.
Hier midi, j’ai reçu deux livres sur l’écriture, ils se complètent. L’un est plus « groupe de l’écriture créatif » en général, mais avec des exercices nouvelles me stimulant à l’écriture. L’autre, sincère, plus sur le parcours de l’écriture d’un roman, écrit après une trentaine des années d’expérience du romancier ayant écrit le livre dont on a fait le film Rambo. « Mais moi, je voulais exprimer l’horreur de la guerre, pas le succès d’un perdant (underdog). Et il dit aussi : je suis de gauche, démocrate, et maintenant on me croit de droit à cause de ce qu’on a fait de ce film et ses suivants, non plus tirés de mes livres. » « J’avais écrit un livre, basé sur le scénario du Rambo 2 et 3, en l’étouffant, comme un défi. »
Dans son premier livre, il avait tué Rambo, l’ai fait tuer par son propre chef de bataillon d’une balle à la tête. Conflit qui le déchirait. Son père était mort à la 2e guerre mondiale. Il était mis dans un orphelinat à quatre ans. Sa mère l’a récupéré après son remariage avec un homme avec qui, l’auteur ne s’était jamais entendu. Il est devenu écrivain à force d’obstination et énormément de travail. Il a eu quelques mentors : figure de père.
« Chacun de nous a dans soi, très profondément, des sujets à lui, des récits voulant être écrits. »
Réfléchir ce que c’est, d’où ils arrivent.
Lui, c’était la relation père – fils. Conflictuel.
Moi ?
En creusant les deux romans déjà écrits, allant au-delà du surface (l’un érotique, l’autre sadique), apparaît d’abord l’incompréhension de viols, des russes à Budapest, la guerre, enfuie longtemps. Cela se passa en coulisse, loin de mes yeux, maman à échappé à un fil de cheveux (et avec des bijoux) mais pas la jeune divorcée de notre cave. A la place de coups, c’était l’intimidation. Le peur de mort. Les russes armés.
Puis, moi, le peur de mon mari à Ham. L’impuissance ressenti. Ce n’est pas les quelques coups, même pas la dégringolade sur les marches de la cave enceinte de six mois (heureusement, mon fils était déjà bien accroché et je ne l’ai perdu), mais qu’on puisse faire « ça » (un soufflet brutal) à moi ! Par celui que je croyais homme doux et fidele et m’aimant avec adoration.
Toute ma vie s’écroula et moi avec, impuissante, dans le trou.
Pourquoi, comment supporte-t-elles ?
Comment, ayant du cran (backbone) se révolte-t-on et se réveillent-elles et osent résister finalement. Refaire leurs vies. Regagner un peu au moins du croyance dans un autre être. Aimer de nouveau, après avoir été trahies.
Je crois qu’au fond ce sont mes thèmes de base.
Je me suis relevée plus rapidement en 1958/1959 de l’écroulement de mes rêves, en m’enfuyant en apprentissage de français et dans la découverte de l’amour. Mais m’enfuir de l’amour, me relever après ce coup, ce dégringolade était beaucoup plus dur, plus long. J’entends encore « pourquoi tu étais devant la porte ouverte de la cave ? »
Je ne trouvais pas en quoi m’accrocher. L’alliance Français par correspondance me distrayant un peu, pas assez. Il a fallu deux ans, presque trois à m’en sortir. Avec Pierre. Vengeance au début, amour ensuite. Regagnant ma fierté, redressant mon dos courbé. Rebâtissant une armure.
Plus tard, j’étais mélancolique, froide, un peu triste, mais non plus désespérée comme à Ham quand j’avais l’impression d’avoir, de mes mains (épousant celui que papa opposait) raté, détruit ma vie.
J’ai eu d’autres ratages et difficultés dans la vie par la suite, mais quelque part, j’avais confiance en moi, sinon dans le sort.
Non, Julie, ce n’est pas le sort qui ‘sait mieux’ quand il te détourne de ton chemin, c’est toi, te relevant, agissant, qui te forges dans la forêt un nouveau chemin !
Jouer avec la photo nue de Julie à 55 ans sous la douche, m’a fait du bien. Les souvenirs sont trompeurs, je croyais qu’à 50 ans, avec la ménopause, mes seins ont tombés.
C’est vrai, ils n’étaient plus tout à fait les mêmes. Mais la photographie dit, qu’à cinquante cinq ans, ils étaient encore magnifiques. Est-ce que la photo ment ? Ou les mémoires ?
Je me suis toujours sous-estimée, je crois, sur mon aspect extérieur au moins. Peut-être, parce que maman avait honte de mes taches de rousseur, Sandou m’avertissait à 40 ans que personne ne va plus vouloir de moi avec mon corps abimé, non plus parfait comme autrefois après l’appendice opéré laissant une grande cicatrice et les brûlures sur le dos. L’Amérique a prouvé le contraire. Et ensuite, aussi, même si en moindre mesure.
Cette photographie me rassure, je ne sais pas bien pourquoi, aussi un peu sur l’avenir.
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