Je pensais à Kolozsvàr, ma ville natale, comme poussiéreuse, grise où, je craignais, rien ne subsistait plus de l'ancienne ville de mon enfance, ailleurs que dans mes souvenirs.
Retournée quarante ans plus tard, j'ai découverte en Mai, avec ivresse, la même énergie, bouillonnement, en somme vitalité qu'elle avait jadis. Comme ressurgi de sa somnolence, les mêmes maisons repeintes à neuf la plupart, le foisonnement d'initiatives privés et l'ouverture, après 50 ans d'anciennes et nouvelles petites boutiques d'artisanat et ventes diverses.
Ce vieux chapelier entouré des vieux chapeaux en lisant son journal dans sa boutique sombre, il y a 60 ans, quand on lui a dû prendre sa boutique, devait avoir été jeune homme de 25 ans. Dans un autre petit trou cinq jeunes filles rayonnantes en uniforme préparaient et offraient (vendaient) des gaufres frais, pas loin du marché.
Mon ancien appartement transformé en bureau d'importation de caviar et vodka par une femme née déjà en communisme et en train de transmettre à sa fille une nouvelle façon de vivre, après.
La petite maison, près de marché centrale, de mon cousin est meublé, tapissé des livres, lus et relus depuis plusieurs générations, son ordinateur relié à l'Internet rapide, mais c'est son fils le plus jeune qui sait le mieux s'en servir - avec une rapidité halucinant me recopiant les images sur une CD. Son père, professeur de mathématiques à l'université, amène ses étudiants en Allemagne, achetant là bas du vrai thé pour le moment introuvable à Kolozsvàr. (Cluj Napoca maintenant sur la carte.) L'autre cousin, revenu de "dehors" vient d'ouvrir un petit imprimerie offset ayant épousé sa secrétaire. L'épouse du cousin prof, restaure des anciennes châteaux et des vieilles demeures.
Il y a des restaurants anciens ré-ouverts, et aussi des nouvelles par exemple dans le cour au milieu des immeubles. Des repas chers mais aussi d'autres très bonne marché pour les étudiants et à ceux ayant peu des sous, comme les retraités. A l'étage, tout coûte trois fois plus cher, pour ceux qui peuvent se le permettre, mais nul ne demande prouver qui mange où et pourquoi et n'ayant plus du cash, on m'a servi l'expresso une fois à moitié prix. J'ai envie d'y retourner.
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