Au début c’était la joie : mon visage devient reconnaissable de nouveau grâce aux kilos perdus. Mais cela continue. J’ai perdu de gras des jambes et de mes bras, mais pas du ventre. Bien. Hélas, mon visage continue à maigrir en ressortant les rides jusque maintenant tendus.
Ah oui. J’ai soixante dix ans.
Dans moins d’un mois, j’irai vers la 71ème.
Alors…
Cela me rend un peu triste quand même ces rides - dont je devrais être fière. C’est surtout des rides de sourire et pas ceux de l’amertume. Tout à faire, c’est encore préférable.
Je n’arrive pas à écrire encore de mon voyage. C’est trop près, trop émouvant peut-être.
« Voyage dans le temps » c’est pourtant bien trouvé comme titre. Retourner 65 ans, voire même 45 ans en arrière, ce n’était rien.
Nostalgie et retrouver les lieux presque identiques mais apprendre des vérités légèrement différents. Personne ne m’a répondu encore à mes lettres. Quelques immeubles neufs ajoutés, n’ont pas changé les lieux. Le centre de Cluj.
Comandau (Komando) est tout aussi éloigné et pauvre, encore plus isolé qu’en temps de mes 3 à 5 ans.
Je me suis rassurée sur un point : je supposais que là haut on les aurait laissé en paix, mes grands-parents, ma cousine. Non. On a emporté tous les femmes, vieux, enfants, issus des familles juifs, recherchant même les enfants mis en internats, et même ceux baptisés dès leur naissance.
Et D., nous a eu peur de les avertir « pourtant la frontière était tout proche » à deux kilomètres à peine. Il se disait après la guerre : « j’aurais dû, mais on m’avait dit que je recevais une balle dans la tête si je l’ouvre. » Au moins, lui, il n’avait pas la conscience tranquille. D’autres, ont trouvé des justifications faciles. Mais la famille D. non, ils n’étaient pas du tout antisémites.
Kolozsvár, perdu depuis 45 sinon 55 ans en brume est ressortie fleurissante, reprenant vite une nouveau souffle. En la retrouvant, j’ai mieux compris pourquoi cette ville m’avait manquée si longtemps, ce qui m’attirait là. Une grande ville à visage humaine.
Les voitures , parqués n’importe où, ne les ont pas déformée, ni les quelques immeubles neuves du centre ville. Ni d’avoir gonflé trois fois de plus le nombre des habitants, les nouvelles immeubles sont toutes en périphérie de la ville, ensemble.
Le même mélange des gens qu’avant. Les étudiants et lycéens, en jeans au lieu des uniformes, d’accord. Les paysans roumains et hongrois venant vendre (ou acheter) au marché.
De nouveau, plein de petites boutiques ouvertes, privés. Des campagnes électorales. Intellectuels lisant les livres d’antan et utilisant Internet. La famille, même si éloignée, m’accueillant avec chaleur. Restaurants dans les cours des immeubles, mais aussi pour ceux ayant peu d’argent. Foule bigarré, presque même qu’avant, sans se dépêcher, bousculer. Ivres mais on agressifs dans le beuverie du parc.
Homme apprenant son enfant la bicyclette, comme papa il y a soixante ans à moi, dans le parc de la ville, près de Petit Samos.
Je pourrais y vivre de nouveau.
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