15 juin 79
Je n’aurais jamais cru ça de moi! Devenir amoureuse... des choses.
Je tiens plus aux choses que je ne croyais, davantage qu'avant. Est-ce que c'est le signe de l'âge? Les images, les symboles deviennent de plus en plus importants pour moi. J’ai viens aussi de découvrir que, pour le moment, je crains de réfléchir, tant sur moi que sur l’avenir. Pourtant je le devrais. Il est temps de le faire, c’est nécessaire. Je le ferai.
Pour le moment, je jouis de la vie, ma maison, mes meubles, mes tableaux, mes souvenirs et les symboles. Je veux les conserver, tout en craignant de les perdre.
*Tout ça ne me ressemble pas, j’ai toujours aimé mon chez-moi, mais je n’avais jamais eu ce sentiment si fort d'attachement. Peut-être est-ce parce que, c’est la première fois que j’ai mes meubles choisis et achetés un à un, que j’ai arrangé mon appartement à mon goût. Mais il doit y avoir autre chose aussi. Ces derniers temps, je ne sors presque plus. J’aime, j’adore être ici, je me sens si bien.
J’ai peur de perdre ce foyer, et plus généralement, j'appréhende le changement pour l’appartement, mais en général, dans ma vie, en tout. Je me réfugie dans les livres, la télévision, le sommeil, pour ne pas penser à ce que je dois faire, devrais faire, aux bouleversements de ma vie, au besoin de déménager et à ce qu'arriverait...
Ma tête tourne, j'ai la nausée. Sûrement parce que je suis énervée, agitée, ce que je ne voulais pas admettre jusqu’à maintenant. En même temps, je me réjouis de la piscine et de la nage, de mon appartement, du soleil et des ombres, du vent tiède et des bons films.
(Il n’y a aucune langue que je sache vraiment bien, mais je pense en beaucoup de langues. Ce dernier paragraphe je viens de l’écrire en trois langues : hongrois, français et anglais mélangés).
26 juin 1979
Pourquoi ai-je tellement peur du changement ? Je l’aimais, je le voulais, je ne le regrettais pas. Jusqu’à maintenant. D’un coup, je suis prise de panique - au lieu d’en être contente. Ça ne me ressemble pas !
Pour réussir à traverser mes périodes difficiles, je trouve toujours quelque chose.
Voici un merveilleux passage, trouvé dans le livre “l’éloge de la fuite” de Laborit :
Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : le cap le foc bordé à contre le soumet à la dérive du vent et de la mer ; et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de toile.
La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et l’équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui souriront à l'horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus, qu'ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime...
J’ai fait un long chemin ! Mon bateau n’est pas allé tout droit, et oui ! j'ai découvert beaucoup de rivages inconnus, merveilleux. Donc, vive l'imprévu de l’avenir ! À moi les rives inconnues !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire