31, décembre 1978
Je n’avais pas l’habitude de décrire les fins d’année, je l’ai fait pour m’exercer sur l’ordinateur de l’Institut. Faire le point, m’a aidé : je suis devenue plus contente de moi. J’ai noté ce que j’ai réalisé, ce qui m’a réussi, mais aussi ce que je n’ai pas fait et ce qui n’est pas allé bien ou ce que j’ai gâché.
Même le fait de voir les chances envolées, celle de continuer l’enseignement à l’Université Américaine de Washington, m’aide. J’essaierai d’être positive, comme me recommande la directrice de Chair de Chimie et le voir comme un pas en avant.
Voilà mon premier listing sur l'ordinateur, collé dans le journal.
Où en étais-je au début de l’année ?
Je marchais en boitant, lentement, je n’étais pas encore guérie de ma cheville cassée. Et, surtout, j’avais peur qu’en même temps, que ma cheville, mon deuxième et dernière chance dans la vie était aussi cassée, détruite.
J’avais très peu d’amis, mes enfants étaient loin, en vacances en. J’ai passé la fin de l’année avec un collègue qui n’avait pas où aller. Presque rien ne marchait au travail aux États Unis, dans une maison meublée et j’avais devant moi encore six mois de travail assuré.
J’ai appris que j’avais une maladie de la peau, même si je ne vais pas en mourir (si je me soigne à temps
Agnès c’est décidé de partir pour une année en France.
Je ne pourrai continuer à enseigner à l’Université l’année prochaine.
Qu’est-il arrivé de bon ?
ü J’ai visité et adoré San Francisco. Nous sommes allées avec Agnès en Californie : j’ai une fille extraordinaire, elle a 16 ans et tant de volonté déjà !
ü J’ai perdu 12 kilos et gagné en confiance.
ü J’ai beaucoup nagé (je suis arrivée à
ü J'ai davantage de confiance en moi en tant que femme. (J’ai plu à plusieurs hommes intéressants.)
ü J’ai rencontré des gens captivants. Je me suis fait des copains et copines (sinon des amis) qui m’aiment bien.
ü J’ai déménagé dans un très bel appartement, j’ai mes propres meubles : les premiers de ma vie choisis par moi-même.
ü J’ai appris à me servir des ordinateurs pour divers usages j’en prend beaucoup de plaisir.
ü J’ai eu un automne fantastique comme professeur à "l’Université Américaine de Washington". J’ai aimé enseigner
ü J’ai travaillé avec des Scientifiques venus de Hongrie ; trois articles seront publiés bientôt.
ü Je suis allée à des réunions intéressantes du club ToastMaster – d’où mon courage de parler en public.
ü J’ai eu la visite de mon père et il fort apprécié ce qu’il a vu ici. Dorénavant, il aura plus de confiance en moi.
ü J’ai commencé à m’intégrer aux U.S.A. : j’ai le sentiment que je suis américaine et je veux rester longtemps.
Les choses les plus importantes :
- J’ai appris que je peux supporter les difficultés et les problèmes sérieux.
- Je me suis rendu compte que je peux encore plaire comme femme.
- J'ai réalisé que je sais et aime enseigner.
- J’arrive à me faire des copains.
- J’ai pris confiance en moi, et Agnès en elle-même. Elle est devenue remarquable ; si je n'avais rien fait d'autre dans ce monde - cela vaut tout ! même si ce n'est pas entièrement seulement mon œuvre. Et peut–être, un jour, je réussirai, moi aussi.
- Notre logement est très agréable, j'adore mes meubles rassemblés aux diverses ventes d’occasion. J’ai un chez moi chaud et élégant en même temps.
- J'ai beaucoup aimé enseigner à l'Université.
- Je me suis passionnée de l’Informatique. Être prise de passion pour l’Informatique c’est bien, mais il ne faudra pas exagérer ! Ne pas y passer tous mes soirées à côté de l’ordinateur.
- Je me sens déjà américaine, cela ne dépend pas des papiers ou de l'accent !
Quels sont encore les problèmes ?
Il y en a un tas de problèmes encore. Mon fils n’a pas assez confiance en soi, ne travaille pas assez bien à l’école. Ma santé, mon travail, mon avenir ne sont pas assurés et je n'ai toujours pas un vrai ami qui conterait. Tous ces problèmes seront résolus avec le temps.
Le plus important est ce qu'il y a derrière eux, pas à la surface.
Vivre à San Francisco est pour le moment juste un rêve, mais l'année prochaine il pourrait devenir réalité et la perte de mes kilos en trop a contribué à me sentir bien dans ma peau.
J'ai plu à beaucoup des hommes, surtout à Gabriel, John mais aussi à Sam, que je viens de rencontrer. Il est vraiment cultivé, fort intelligent et habite au même immeuble que moi. C’est un savant israélien veuf, mais hélas, plutôt distant.
Larry m'a démontré, même si involontairement, quel est mon idéal et ce que je dois espérer, attendre, “ce qui est mon kilogramme de sucre” - comme me disait Stéphanie à Paris. À ce moment-là je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire. Elle me l’a dit après que je venais d'avoir une mauvaise expérience. Avec Larry, je viens d'en avoir une, merveilleuse. J’ai appris aussi qu'il me faut quelqu'un s'occupant de moi sérieusement, m’aidant et me respectant, comme John.
L'année prochaine je dois sortir davantage, inviter des copains à la maison mais aussi, m'occuper de choses plus sérieuses et pas seulement de la vie au jour le jour. Je ne peux pas être amoureuse tous les ans, même si cela serait mieux, le plus important. Par contre, mes années sans amour ont été les plus constructives du point de vue du travail et des contacts humains, quand je ne suis pas tout à fait satisfaite, j'ai plus d’énergie qui me pousse.
Vive l'année 1978 ! et vive l'année 1979. Aujourd’hui je me prépare à la fête, ce soir elle aura lieu chez moi !
Les plaisirs dans les réalisations de ta vie ?
- 14 ans : mes articles publiés dans une revue pour femmes
- 18 ans : être bonne en compta, algèbre et chimie analytique
- 26 ans : finir tous les examens de l’université,
- écrire un bon papier de recherche, indépendante en recherche,
- avoir des amies, devenir femme, apprendre le français et l'anglais,
- 30 ans élever une fille et un fils
- 34 ans être bonne chef de labo, écrire de bons résumés d’analyse,
- être bonne amante, indépendante
- 38 ans réussir de reprendre mes études : en informatique, math
- moderne, et ensuite obtenir mon Doctorat d’État ès Sciences
- 42 ans Au dessus des collines et vallées...
- 44 ans Amérique, perte de poids, Californie.
- Agnès si bien développée !
- 45 ans Enseigner à l’Université
- Découverte de l’Informatique.
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