J’ai reçu enfin un diplôme et même un plus important que celui qu’on m’a refusé en Roumanie à la dernière minute. Le 15 avril 1977, j’ai reçu un “Doctorat d’État ès Sciences Physiques” de l’Université Pierre et Marie Curie, de Paris. C’est une grande satisfaction, une revanche à la gifle reçue avant mon émigration, il y a presque vingt ans.
Extrait d’une lettre que j’ai écrite à un ami d’Israël, rencontré pendant que j’apprenais par cœur le texte pour la soutenance de mon diplôme.
Cher ami,
Après la soutenance j’étais trop fatiguée et excitée pour t’écrire longuement et en détail. Je commence enfin à voir les choses de plus loin.
Je crois que ma confiance en moi-même est venue surtout des deux choses (et cette confiance ne m'a pas encore quittée, et elle m’a été très important pour mon discours de diplôme) :
a) Le merveilleux punch préparé par toi, dans lequel tu as mis quelque chose spécial, et en plus,
b) J'ai réalisé une blague que racontait mon père il y a longtemps : « On parle autrement avec de l’argent dans sa poche ! » disait-il. Le jour de la soutenance j'ai sorti de la banque un billet de 500 francs et je l’ai mis dans ma poche. Bien sûr, j’étais aussi bien préparée.
J'ai reçu des éloges plus que de coutume des membres du jury, cela m’a un peu monté à la tête, j'ai cru quand ils ont dit lors ma soutenance que j'étais “un chercheur né” et que je savais bien faire des conférences, que je saurai donc bien enseigner. Mais tout cela, bien sûr, ne paye pas beaucoup, il est donc possible qu'à la fin j’aille dans le secteur privé et déménage. Stéphanie m’a dit que pendant mon discours mes ancêtres étaient avec moi - réellement, j’étais inspirée. J'ai du temps et j’essaie de réfléchir aussi un peu. Il est grand temps n'est ce pas ?
On a du temps pour tout, mais pas assez pour réfléchir. C’est dommage. J'ai quand même beaucoup appris ces derniers temps, même sur moi-même. Ces semaines ont passé si vite et la distance entre nous est si grande, pourtant ce sera bon de bavarder ensemble de temps en temps, tes conseils m’ont été bien utiles.
Chaleureusement Julie
Début juin 77
Collé dans le journal Recopié d'un livre, tout en attendant que le départ pour Amérique se matérialise.•
Tu peux t’occuper de toi-même. Si c’était vrai. Il ne savait pas mes longues
nuits d’insomnie quand j’étais dans mon lit faisant des plans, essayant de
réfléchir comment je pouvais utiliser les événements et commencer une vie
nouvelle, dans une place nouvelle. Je ne serai pas une lâche et je ne vais pas
m’enfuir ! J’essayais de penser objectivement, je n’aurai pas supporté ce
temps-là, si je n’avais pas entre temps pensé à... ainsi, j’étais logique, mais
bête en même temps. Je suis descendue, et il était là. J’ai été prise, et de
nouveau j’ai réussi à couper le passé et le futur et vivre complètement pour
l’instant. C’était un moment merveilleux.
J’ai des problèmes similaires aux siens et comme elle - je fais face. Hélas, j’attends en vain que quelqu’un apparaisse.
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