Tant de choses se sont passées dans le monde depuis que j'ai écrit pour la dernière fois sur la Hongrie. En un mot, la révolution hongroise.
Une révolution qui, je crois n'est pas moindre que celle de 1848 [quand Petöfi a écrit son poème et l’a déclamé sur les marches devant le Parlement], et son importance mondiale est même beaucoup plus grande.
Les événements et la répression de ce soulèvement populaire, tout comme leurs présentations contradictoires par les diverses radios - m’ont énormément changée (au moins, beaucoup). Pas seulement moi, ils ont transformé tout le monde, autant ceux qui le reconnaissent que ceux qui ne le reconnaissent pas. Ce qui s’est passé m'a ouvert les yeux et je suis énormément perturbée. Ils m'ont aussi montré combien je suis hongroise. Mon cœur saignait et saigne encore pour eux. Il est à vif.
Mes yeux se sont ouverts et je me suis rendu compte clairement, ce que je pressentais seulement : toute politique est mensonge. Celui qui croit en n'importe quelle politique est stupide. Chacun agit selon ses intérêts, et pas selon ses idéaux.
On dit que cette révolution a été une révolution “réactionnaire”, mais c'était celle du peuple. Elle a montré de nouveau de quoi la jeunesse est capable tout comme en 1848. Hélas, ses enseignements sont très tristes. Si au moins elle s’était terminée bien, si elle avait apporté une vie plus libre, meilleure. Mais pour le moment, la situation a seulement empiré. Les écrivains hongrois ont été des révolutionnaires, tout comme en 1848.
Je suis toute en désarroi.
Jusqu'à maintenant, le parti communiste soviétique était resté mon point d'appui. C’est terminé. Lui aussi, n’est qu’un parti politique : “Prends ce que tu peux.”
Dorénavant, tous les Hongrois détestent les Russes. Pas moi, mais ils ont perdu toute ma considération, mon estime et mon amour. N'y a-t-il pas un seul homme intelligent parmi eux ? Il paraît que non. Finalement, je me suis rendu compte qu’en menant leur propre politique, sans se soucier des Soviétiques, les Yougoslaves et les Chinois ont été les plus malins. Vraiment ?
Hélas, il manquait, chez les hongrois une personnalité de premier plan, un bon guide, quelqu’un fort, décidé et intelligent à la fois. Que reste-t-il du principe ‘c'est le besoin qui crée les chefs’ ? il n’est resté que le besoin.
Au fond, il reste très peu de choses en quoi je crois encore. Je comprends de mieux en mieux le poème de Becher: “Ne crois qu'en ce que tu sais.” Je vais y réfléchir très sérieusement. Je vais rassembler pour moi ce que je sais et ce que je dois croire. Et puis réfléchir, est-ce vrai ?
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