Le monde est bien compliqué. Pas aussi simple qu’on l’imagine à l’école. Il y a beaucoup de choses moches, mauvaises. Mais il peut être aussi très beau : il faut y prendre plaisir. Par exemple, je suis assise dans ce fauteuil formidable de notre beau salon, il fait chaud, le soleil brille et la pièce est si belle avec sa glace sur tout un mur reflétant le mobilier de mon arrière-grand-mère !
Et puis, combien d’événements m’attendent encore. Par exemple : l’amour. Ces temps-ci je sens que je suis mûre pour l’amour (et pas seulement spirituel) Mais si je reste assise à la maison, lisant ou que je réfléchisse couchée sur mon lit, ce n’est pas comme ça que je trouverai un garçon bien pour moi. Je perdrai aussi Sandou, connu au cours de l’excursion dans les montagnes, si je ne l’attire pas par un motif quelconque chez moi (pose-lui des questions sur la physique)
Vraiment, je sens que je dois me marier le plus vite possible. Pourtant, hélas, j’en suis si loin ! Jusqu’ici aucun garçon ne m’a donné même un baiser. Si j’épouse le premier, je le regretterai sûrement.
Je crois toujours que le communisme vaincra. À travers tous les obstacles, à travers les mauvais chemins, on y arrivera quand même. Le problème est que chaque homme - n’est qu’un homme.
Il y a énormément de choses instables (incertaines) dans le monde mais il y en a aussi d’autres qui arrivent encore et toujours. Par exemple, dans le livre de Teri Sione “ La porte du soleil ”, l’amoureux de la fille meurt (au moins, elle le croit mort), Roman, le révolutionnaire, lutteur, flamboyant. Elle sort alors dans la rue et erre à gauche et à droite. Elle regarde les gens. Ils se promènent, vont, viennent, comme si rien n’était arrivé. Ils continuent leurs affaires, ils vivent, mangent, rient, comme si Roman n’était pas mort. J’ai ressenti la même chose quand j’allais vers Édith, le jour où j’ai appris la mort de Staline. Et elle l’a ressenti, comme moi. Je crois que si quelqu’un qui vous a été cher meurt, quelqu’un qu’on a aimé, ce sentiment est très habituel, naturel.
Il y a encore beaucoup de sentiments humains qui se répètent. Par exemple pour une mère le bonheur d’allaiter son bébé. Quand je pense que j’aurai moi aussi des enfants, un grand bonheur m’envahit et je suis heureuse d’être née femme.
Mes cousines et ma tante me manquent, peut-être il sera bon d’habiter à Cluj. Le problème avec les enfants est qu’ils sont à nous seulement tant qu’ils sont petits. Quand ils grandissent, ils s’envolent. Oh, que j’aime les enfants !
Mes pensées volent, les unes après les autres. Apparemment (ou vraiment?) sans aucun lien entre elles.
Ce soir j’irai à l’opéra avec ma mère, La Dame de Pique. Dans le beau bâtiment de l’opéra neuf. Je m’habillerai joliment, déjà pour aller à l’examen et j’irai directement à l’opéra. Pourtant la musique ne m’émeut plus.
Que mon père guérisse, que son opération soit facile et réussisse !
Plus tard.
Ce soir, j’ai eu pour la première fois du plaisir à entendre un opéra. J’ai réussi à ressentir fortement la Dame de Pique, c’était très bien joué, la musique en est belle, ils ont bien chanté. Cet opéra m’a plu énormément ! Pour longtemps, il demeurera un bel événement, une grande aventure tout comme l’excursion à Busteni, la promenade dans la neige. Seulement autant ?
Il n’y a pas si longtemps encore, je n’aimais pas les livres, ni les opéras qui finissaient mal (seulement à la fin de Carmen j’attendais qu’enfin on la tue et qu’elle se taise.) Mais maintenant... le spectacle ne m’a pas déprimée, mais j’ai tout fortement ressenti. Il n’y a rien à faire : je le comprends. Le bouton commence à éclore, dit maman.
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