Mes journaux perdus
J’ai commencé à écrire dans un cahier simple, presque aussitôt arrivée en Israël. Sur l’accueil de ma famille, très chaleureux ou plutôt froid, selon ses membres, mes incertitudes pour le futur, mes lectures en français et anglais. Près de grand-mère, j’avais trouvé une bibliothèque de prêt. J’ai même trouvé – et étudié – les moyens utilisés par les maîtresses des rois de France pour les retenir.
Ce fut la goutte qui fit déborder le vase.
Un soir, j’ai essayé un des moyens, avec de la glace sur mon mari qui n’en soupçonna rien et... avec des effets désastreux. De toute façon, les initiatives ne pouvaient venir que de lui. J’ai consigné ce qui était arrivé dans mon journal et j’étais malgré tout, aimant à la folie à ce moment-là mon époux, décidée à essayer, sans rien lui dire un autre moyen. Un jour en voulant tout partager avec lui, je lui relisais, naïvement, (traduisant, puisqu’il ne savait pas le hongrois) des pages de mon journal.
- Et ça, c’est quoi, tu ne le lis pas ?
- Oh, ça n’est pas intéressant, c’est sur ce que j’ai essayé et qui n’a pas marché… tu sais, une des méthodes d’une maîtresse de roi… avec la glace.
- Quoi ? Tu écris des choses comme ça ?
Je n’ai plus beaucoup écrit.
Entre journal et mari aimé, je n’ai plus trop réfléchi.
Quand même, après son départ vers la France, j’ai recommencé à écrire dans un autre cahier, puisque le premier était rempli (de mes douleurs de dents, des nouveaux mouvements de mon bébé etc). Nous nous entendions si bien déjà et je suis devenue beaucoup plus femme, m’enflammais rapidement, je jouissais pleinement.
Mon mari me manquait. Lui et le sexe. De plus en plus. Ma voisine à qui j’ai dû me confier un jour, me fit connaître plusieurs hommes, mais aucun n’était à mon goût : son mari l’aurait été. Mais bien sûr, j’étais fidèle et puis, c’était le mari d’une bonne copine… Je décrivis ses réflexions dans mon cahier.
Avant de partir, je regardai le journal avec tristesse et je décidai de ne pas le prendre avec moi. Le jeter ? Une partie de moi-même ? Non, je ne le peux pas.Je l’ai confié à ma tante Irène, ancienne amie, qui habitait en Israël dorénavant.
Hélas, à cause de ma mégère de belle-mère, deuxième épouse de mon père, elle devint mon ennemie et je n’ai jamais pu récupérer ce journal. Avec le temps, j’ai même oublié que j’avais eu deux autres journaux, disparus.
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