Je réponds à tes lettres de fin avril et début mai avec un peu de retard. Mais avant je te donne de mes nouvelles.
Je ne sais pas si je t’ai déjà écrit que j’avais commencé à rafraîchir mes connaissances d’anglais avec Suzanne, une enseignante très sympathique habitant dans le même bâtiment que grand-mère. J’apprends beaucoup et ainsi j’ai au moins une occupation sérieuse.
Hier j’ai été chez le docteur, celui que j’avais à Bucarest et que je regrettais depuis qu’il n’était plus là-bas, il m’a dit que l’enfant se développe bien, a grandi et m’a conseillé de faire de la gymnastique, pour renforcer les muscles de mon ventre, il m’a recommandé d’aller chaque mois au contrôle.
Je me suis acheté une jupe très bon marché mais belle et un grand chapeau de paille qui me va bien, il va te plaire, tu verras. A part une paire de sandales, ce sont mes premiers achats ici et ils m’ont donc fait beaucoup de plaisir.
Je ne dois pas te le dire mais quel plaisir j’ai eu avec ta lettre du 29 avril et toutes les nouvelles que tu m’avais écrites. J’attends avec impatience que tu sois de nouveau appelé au sujet de ton départ, et je te demande de me prévenir aussitôt. Ton télégramme plein d'amour pour moi m’a enchantée, mais j’espérais qu’il contiendrait de meilleures nouvelles : la date de ton arrivée. Tu vois, papa m’envoie dorénavant tes lettres rapidement, il est à Bruxelles. Aie encore un peu de patience et tout va bien tourner.
Je reste beaucoup au soleil. Je porte dorénavant un soutien-gorge puisque cela m’a été recommandé et l’appétit m’est revenu. J’espère toujours que mes lettres ne vont plus te trouver là-bas, mais maintenant il faut encore avoir un peu de patience toi et moi aussi. Je suis heureuse de pouvoir jouir de la jolie couleur jaune des fleurs d’ici, du ciel avec des nuages roses au coucher du soleil…
Je t’embrasse, ta femme Julie
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