Hier et aujourd’hui j’ai eu deux bonnes journées et ma tante Hanna m’a dit qu'elle avait enfin retrouvé dans mes yeux les étincelles de mon enfance: j’ai enfin reçu une lettre de toi envoyée directement ici et cinq réexpédiées par papa de Bruxelles. Je ne comprends pas pourquoi, de Bruxelles pendant 15 jours on ne m’a pas expédié immédiatement tes lettres. L’important est que je les ai enfin reçues, de toi, de ta sœur et aussi des photos et des poèmes.
Je rayonne de bonheur. Depuis que je suis avec grand-mère je me repose bien et je commence à mieux manger et à gagner enfin du poids et tous disent que j’ai meilleure mine, tes lettres me rendent encore plus heureuse.
Je répondrai avec beaucoup de détail à tes lettres, mais pour le moment je veux seulement te dire combien je t’aime, je ferme mes yeux et je m’imagine que nous nous embrassons. Ce n’est pas vrai, que tu ne peux pas m’embrasser, ferme tes yeux et je suis déjà là, tu m’embrasses et je sentirai. Moi, c’est ce que je fais, quand j’ai déjà trop envie de mon mari.
J’ai commencé aussi à m’imaginer comment cela se passera quand nous nous reverrons et j’ai commencé, en pensée, à me quereller avec ma famille car ils voudront aller t’accueillir à l’aéroport, eux aussi, mais je veux qu’ils me laissent t’avoir pour moi seule! Nous allons avoir une chambre séparée chez grand-mère et s’il ne dépendait que de moi, personne ne te verrait, pendant deux jours au moins, nous ne serions que nous deux. Nous verrons. Attendons d’en arriver là. Mais j’espère que ma lettre t’arrivera vite, J’embrasse toute la famille.
Ne t’en fais pas pour moi, mes lèvres sont gercées à cause du vent et pas à cause de la fièvre, je n’ai pas eu de fièvre depuis que je suis partie.
Mon amour!
J’essaie de répondre à tes lettres. Je les ai reçues hier, je t’ai aussitôt écrit, mais je voudrais maintenant te répondre en détail.
C’est dommage que nous n’ayons pas eu le temps d’aller ensemble sur nos endroits “historiques”. Je te vois avec ta cigarette, fumant sur le bord du lac Baneasa et nous deux, quelques semaines avant de... quand tu me disais “je ne te promets plus”. Je savais déjà alors que je serais à toi et jamais je ne l’ai regretté, au contraire. Pour ne plus parler de nos temps préhistoriques, quand devant la maisonnette blanche, nous avons pris un bain de minuit en maillot et puis tu me tenais sagement le dos avec ton bras.
Les dernières photos faites avant mon départ sont vraiment bien sorties et Alina a très bonne mine dessus, avec quel appareil les as-tu agrandies? Envoie-moi, s’il te plaît, les photos nues faites au début de notre mariage, personne d’autre que moi ne les verra, je ne veux pas, en aucun cas, qu’elles se perdent ou soient détruites. Merci aussi pour les poèmes envoyés, ils m’ont fait grand plaisir.
A propos du petit banc où nous nous sommes querellés, c’est moche qu’ils aient changé sa place, mais au moins personne d’autre ne pourra aller à la même place. Et le banc du parc où tu m’as dit un soir de Novembre “cette bouche n’appartient maintenant qu'à moi”. Et maintenant t’appartient toute la femme avec l’enfant qu’elle a dans son ventre et tout l’amour qu’elle a dans son cœur.
Seule maman connaissait le code pour encaisser les chèques, essaie ”Katinka” ou dis-leur la vérité, qu’elle est morte. Mais tu as raison, le plus important est que nous nous aimions autant et que nous nous entendions si bien, le reste viendra sûrement. La providence aide l’amour. J’espère que nous ouvrirons déjà ensemble les livres que tu as envoyés.
Je t’embrasse mon mari chéri aussi fort que je peux,
ta Julie.
ta Julie.
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