Depuis quelques jours je ne t’ai pas écrit. Le motif - j’ai été un peu déprimée. Ce mois qui nous sépare me paraît encore très long. Mais j’ai aussi une bonne nouvelle maintenant. J’ai vu le docteur et il a dit que ma grossesse avance normalement, il m’a même montré jusqu’où est arrivé le bébé. Cela m’a fait oublier tous les ennuis et m’a même remplie de bonheur.
Demain nous allons tous partir de Bruxelles pour aller chez grand-mère en Israël, nous avons déjà nos billets d’avion. Je suis très curieuse des premières impressions et du milieu où elle vit. Je ne sais pas encore où on va s’installer, ça dépendra en réalité de nous, mais là-bas on pourra avoir les meilleures conditions, au moins pour commencer, on pourra exercer tout de suite notre métier, toi la meunerie, moi en chimie, on pourra avoir rapidement un logement, etc. Je ne sais encore rien de sûr et je suis curieuse d'avoir ton avis. Je suis très indécise, bien que grand-mère et les autres soient là-bas.
Je ne crois pas qu’il vaille la peine d’aller en Colombie, chez mon oncle, parce que là c’est très dur de trouver du travail et en plus les salariés sont très mal rétribués là bas. Ma tante nous a quand même invités, elle voudrait me voir aussitôt que possible.
J’ai commencé à m’intéresser aux possibilités d’achever mes études, mais les réponses arriveront seulement dans dix jours. Il faudra passer hélas encore quelques examens, si je veux avoir un diplôme ici; les réponses sont retardées à cause des vacances de Pâques.
Depuis pas mal de jours, je n’ai rien reçu de toi. Mais cela ne fait rien, mon cher mari, tu m’écris quand tu en as envie. Et peut-être, en Israël chez ma tante Hanna y aura-t-il des lettres qui m’attendront? Je ne peux pas exprimer combien mon amoureux me manque, je n’aurais pas cru que ce temps de séparation serait si dur.
Je ne sais pas combien de temps je vais rester là-bas. De toute façon à peu prés jusqu'à ta venue. C’est beaucoup plus calme et je vais avoir une vie plus régulière qu’ici, ce qui est très important pour moi surtout maintenant.
J’ai lu beaucoup de romans policiers en français, je dors énormément, mais j’ai tout le temps sommeil encore et encore. Probablement, à cause de l’enfant que j’attends. Salue tes parents de ma part et dis-leur que leur futur petit enfant pousse bien. Dis à ta soeur et à Alina de se mettre à m’écrire, sinon je ne leur écrirai plus. Je les embrasse de toute façon. J’espère que tes journées sont chargées de travail, changer de travail doit être assez fatigant et en plus l’école.
Le printemps est beau n’est pas, là-bas? Donc tu n’as pas trop de temps pour penser.
Ce qui me fait mal ici, c’est que j’en ai trop, mais j’espère que chez grand-mère je me mettrai aussi au travail. Je me débrouille si bien en français que quelquefois je m’étonne moi-même. C’est agréable cette sensation.
Tu me manques de plus en plus, surtout les nuits. Je me lève chaque matin et j’ai envie de pleurer, crier. Mais que c’est bon de savoir que tu existes, que nous aurons un enfant, que nous nous aimons ! Cela me donne des forces.
Cette lettre est écrite pêle-mêle, spontanément, comme elle m’est venue, mais ce n’est pas grave, n’est ce pas?!
Je t’embrasse beaucoup, maintes fois, Julie
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