Mon mari trouva un autre moulin au Nord de France dans le pays de betteraves. On lui offrit deux fois plus et en plus, une maison de fonction pour le chef meunier qu’il était. Enfin, une maison moderne. Enfin, nous pourrions avoir des provisions d’avance et vivre décemment.
Il partit en avance, nous devons le suivre. Enfin son engagement est sûr : venez !
Aussitôt j’ai appelé le numéro de téléphone décrit dans sa lettre.
— Sandou ! Viens nous prendre !
— Je ne peux pas : je viens de commencer.
— Mais dimanche ?
— Nous travaillons tous les jours, il y a une commende urgente.
— Il y a tellement, à déménager. Même pendant une année...
— Mets tout dans la voiture, laisse le reste.
— Et le poile à chauffer ?
— Ici, on aura le chauffage central, et une maison de fonction moderne.
Merveilleux ! Depuis notre arrivé en France, nous avons vécu dans une vieille maison paysan dépourvu de tout confort et avec de souris venant du moulin. Le souris était relativement inoffensif, mais l’absence de chauffage centrale m’a dérangé davantage. Je suis heureuse de partir quoique ici la végétation est abondante, la nature belle - mais c’est extrêmement humide et pauvre et c’est difficile de trouver de travail par ici.
Me voilà partie, avec ma fille le septembre 1964, rejoindre mon mari. J’ai mis dans la voiture toute que nous avions, toute que je pouvais emporter et ma fille de trois ans à côté de moi.
Concentre-toi sur la conduite !
Vers l’après-midi, nous arrivons à mi-chemin, Auxerre. Arrêtons-nous se reposer, boire un café, un chocolat. Pas loin de la gare, il y a plusieurs cafés. Bon café, j’en avais bien besoin. Maintenant repartons.
Aïe, la voiture ne veut pas repartir ! Pas possible !
Que faire ?
Je demande un passant à m’aider à la démarrer. Il ne s’arrête même pas à me répondre. Un deuxième, sortant de café essaye de m’aider.
En vain.
J’appelle mon mari.
— D’où tu appelles ?
— La voiture nous a porté jusqu’à Auxerre.
— Viens rapidement, t’es qu’à moitié du chemin.
— Je m’y suis arrêté pour boire un café.
— Au lieu de te dépêcher ? Pourquoi tu m’appelles ?
— La voiture ne démarrer plus. Du tout.
— Essaye encore.
— J’ai essayé. Et d’autres aussi, mais cela ne démarre toujours pas.
— T’es bon à rien ?
— Viens me chercher !
— Quoi ? pas question. Débrouille-toi, fais repartir la voiture.
Il claque le récepteur.
J’ai pourtant tout essayé, ce n’est pas ma faute si notre voiture est très vieille, si Sandou ne l’a pas bien mis au point quand il est parti, c’est lui, le mécanicien de la famille.
Combien ai-je peiné pour tout ramasser toute seule et il me dit que je suis une incapable. Ce n’est pas vrai ! Je ne connais pas les voiture, la mécanique, mais je conduis très bien et je suis une bonne mère, une bonne cuisinière et même une bonne chimiste bien qu’on n’ait pas voulu de moi à la dernière usine.
Je retourne à la voiture. Elle ne veut toujours pas démarrer - et elle est pleine à craquer.
Le soleil commence à descendre, bientôt il fera noir. Qu’allons nous faire ?
Dans la voiture, il commence à faire froid.
Il y a un dernier train vers Ham en trente minutes. Je prends des billets et j’emporte deux petites valises et je laisse, le cœur lourd le reste de nos affaires dans la voiture enfermée.
Nous arrivons à la gare de Ham à huit heures de soir. Où sommes-nous ? Où aller ?
2 commentaires:
Tu ne vas pas nous laisser comme ça à ne pas connaître la suite???
Viiiite, je veux savoir!
Dis donc, le Sandou, pas très sympa...
exactement... c'est si captivant. Le bonheur d'une nouveau vie avec le chaffage central, mais le despair d'etre forcé laissé tous vos choses. Je ne peux pas y imaginer...
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