Dans la cour de petit moulin où mon mari était chef meunier, il y avait des légumes. La patronne du moulin m'a donné le droit d'en cueillir, c'était la seule solution pour nos fins des mois. Je rêvais à deux choses, dont la première se réalisa seulement plus tard : avoir assez d'argent pour acheter des réserves, un kilo de sucre en plus, ou de pâtes autre que le paquet ouvert.
Mon deuxième désir nous l’avons réalisé dès l’été, puisque nous avions enfin le droit de voir l'Europe, de voyager. Nous avons confié ma fille Agnès, qui avait deux ans et demi à l’époque, à une jeune paysanne et nous sommes partis en voiture !
Ensemble, à travers les frontières, en Europe !
En sept jours, nous avons parcouru deux mille kilomètres, tant que notre argent a duré pour payer l’essence, et nous avons vu les Lacs et les Montagnes de Suisse, le Riviera italien et le tour de Pise, et même, sur le chemin de retour le Riviera français.
Je dormais dans la voiture pour ne pas être piqué par les moustiques et Sandou, par terre, dans les champs. Nous mangions le minimum, achetions tout dans les épiceries, mais nous étions fort heureux de pouvoir voyager, passer des frontières ! Voir toutes les paysages, remplies de la beauté des lacs, rives et villes visitées.
Nous sommes revenus au bout d’une semaine, mais en ayant déjà parcouru 2000 km quand l’argent pour l’essence s’était réduit à presque zéro, remplis de souvenirs des magnifiques paysages rencontrés partout en Europe.
C’était presque comme notre troisième voyage de noce, pourtant la première, à mes vingt-cinq ans était loin. J’avais trente ans et Sandou trente et un.
En arrivant, ma petite fille a couru vers moi et m'a serrée très forte : "Maman ! maman !" Je me suis alors rendu compte qu’elle s'était déjà vue abandonnée, seule. Jamais plus nous ne sommes partis en vacances sans elle.
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