Pendant des années, Julie craignait les réactions soudaines et violentes de son mari. Elle se souvenait du jour quand il lui a fait un œil au beurre noir juste avant la visite de son père.
Elle ne savait plus pourquoi, quelle parole prononcée par elle a provoqué ce débordement de colère. En y repensant plus tard elle se disait qu’il avait voulu montrer qui est le patron, signaler à son père qu’il a perdu et sa fille appartient désormais à son mari tout à fait. Julie a inventé une raison pour son visage tuméfié et son oeil noirci mais son père ne le cru pas. Comment avouer à son père qu’il avait raison à dire à sa fille : ne te marie pas avec celui-ci ! C’était trop tard.
Que faire pour s’enfuir ? Mais où ?
Comment vivre avec les enfants d’un tout petit salaire, pendant qu’elle préparait son doctorat ? Comment trouver un travail plus rémunérateur ? Plus, elle avança dans ses études, plus son mari devenait brutal, tyrannisant. Elle travailla, étudia, s’occupa des enfants, elle avait trois heures de trajet par jour et faisait aussi le ménage. Pas trop pour se tourmenter.
Est-ce le même homme, que le garçon simple mais doux, chaud que j’ai connu, que j’ai épousé il y a quatorze ans ? se dit-elle. Il m’interdit, m’empêche d’être avec mes amies quand rarement elles viennent à Paris ou dans sa banlieue. Personne n’est assez bon pour lui ! Il a traité même ma copine de pute. Pourtant, c’est son mari qui l’a laissé tomber, il y a six ans, pendant qu’elle attendait leur deuxième enfant. N’est normal après des années, elle a trouvé un amant ? Aurait-elle du rester seule et inconsolée toute sa vie ?
Pour cesser à avoir des urticaires et des maux d’estomac, le docteur l’a conseillé, de prendre son mari “tel qu’il est” sans espérer à le transformer. Il a dit qu’il n’y a que deux sorties de sa situation si elle ne veut pas se rendre malade : elle le prend tel quel, ou elle s’en sépare. L’accepter ? Tel qu’il est devenu ? De doux brutal et tyrannique ? C’est dur, mais pour le moment, elle ne voit d’autre issue.
La laissera-t-il partir plus tard ? Ne pas y penser, étudier !
Julie faisait de recherches, de plus en plus indépendants à l’Institut de Chimie Naturel, sous la direction de son chef et dans la limite des faibles ressources de laboratoire. Il n’y avait pas d’argent pour commander ni pour demander des bibliographies informatiques, ni pour de s’abonner aux revues qu’elle aurait voulu lire régulièrement. Quand elle avait un peu de temps, elle allait à la bibliothèque les lire, mais c'étaient surtout des livres anciens et sujets lointains de sa domaine. En réalité, l’argent reçu par le laboratoire était employé par le chef et sa femme pour voyager, donner des conférences.
Madame, la femme du chef, était engagé comme technicienne au labo était en faite le vrai chef. Le matin, elle entrait d'un air hautain avec une heure de retard, coiffé fraîchement, maquillé et penché sur des hautes tallons, comme une reine elle venait inspecter les lieux d’un oeil inquisiteur. Regarder si tout le monde était à la place et travaillant. Elle s’asseyait devant un ballon qui tournait, le même pendant des mois, et tout en faisant semblant de surveiller ce qui se passait dans le ballon (jamais rien en réalité), elle surveillait, pas sa distillation mais les allés et venus des autres, faute de comprendre ce qu'ils font.
Le chef ne daignait pas à entrer dire bonjour. Aussitôt arrivé, il s’enferma dans son bureau, son tour d’ivoire, son château. Faut d’avoir perdu dans son pays d’origine son vrai château (au moins il prétendait d’en avoir eu, d’être noble).
De temps en temps, il convoquait un de ses trois ou quatre collaborateurs, mais bien sûr pas directement, en envoyant sa femme, le sous-chef, le caporal, pour annoncer d'une voix suave et dangereuse :
— Monsieur le Maître veux te parler !
— J’y vais alors.
— Non, pas maintenant, je t’appellerai quand il sera libre.
Alors commençait l’attente, l’anxiété. On révisait ses dernières notes, on se mémorisait les dernières expériences, on se rappelait les dernières instructions de chef et les dernières discussions rapides avec lui. On attendait dix minutes, vingt, une heure, deux.
C’était dur d’attendre coincées dans le labo sans pouvoir travailler là où il y étaient les plupart des instruments. Un jour, Julie ne pouvant plus supporter l’angoisse et sortit pour boire une café. Cinq minutes plus tard, quand elle revint, Madame le Maître lui dit d’un air pincé :
— Monsieur le Directeur le Maître t’attend, depuis dix minutes déjà !
— J’y vais toute suite.
Après cela, Julie sortit de plus en plus rapidement après la nouvelle de convocation annoncé et chaque fois qu’elle revenait, on l’attendait déjà. Ainsi le temps d’attente et de l’angoisse s’amenuisait.
Les recherches avançaient bien, même si pas dans la direction que son chef avait pensé au début. Il y avaient des résultats intéressants que monsieur le directeur réussi à décrire adroitement en trois articles, publiés dans les revus internationaux. Il fit aussi de nombreux conférences, dans lesquels son nom à elle n’était même pas mentionné. Même dans les articles, bien que c’était son travail, et en grand parti ses idées, son nom n’était que le quatrième, la dernière. Avant elle, bien sûr, le nom du chef, mais aussi celui de sa femme et d’un chercheur allemand arrivé récemment. Il avait fait des calculs utilisant les résultats de Julie.
Et Madame le Maître ? Des expériences biologiques sur les produits qu’elle avait préparé. Où, quand ? Mystère. Probablement dans le bureau de monsieur le Maître, lui quand il voulait savait les faire, seulement dans l’instrumentation nouvelle n’était-il pas au courant, mais il apprenait vite, en lisant la littérature que Julie lui avait photocopié, extrait, pour le convaincre d’utiliser quelques nouveau procédés.
Longtemps, Julie était rempli d’amertume, en discutant en elle-même avec son chef, en lui disant sans un mot tout qu’elle n’osait pas lui dire à haute voix, en face. Heureusement, elle trouva une livre parlant des angoisses, expliquant que la haine détruit celui qui la ressent sans nuire à l’être haï.
Sa haine tomba, elle réussi à penser, à rêver à autre chose et à accepter cette état de servitude qu’elle ressentait aussi à son travail. « Au moins, se disait-elle, je pourrais utiliser mon travail pour mon diplôme » Mais son chef n’était jamais contant, ce n’était jamais assez, il voulait plus.
Enfin, après trois ans de longues heures passés sur la route d’un banlieue à un autre, Julie réussi à persuader son mari qu’on aura avantage d’habiter près de son travail à elle (et pas près de celui à lui), ainsi elle pourra mieux s’occuper du ménage et surtout de son fils ayant des difficultés scolaires, des problèmes d’orthographe. Elle trouva un appartement à deux pas de l’institut, à peine dix minute à pieds. Une école tout près, au milieu d’un parc. Son mari le laissa se débrouiller seule, « c’est toi qui veux changer du place ! ». Elle déménagea tout, jour par jour, pendant presque une mois, puis Sandou amena les grand meubles avec un camarade de travail pendant un week-end.
La vie de Julie changea : elle avait de temps à elle !
Temps à lire, temps à écrire et même réfléchir. Gagner d’un coup trois à quatre heures par jour, c’était extraordinaire ! Presque incroyable ! Une joie profonde. « Jamais plus je n’habiterais loin de mon travail », se dit-elle.
L’appartement était agréable, avec une vue sur le foret voisine, pas loin de chemin de fer, mais il venait rarement et étant électrique, on entendait peu le bruit.
Ce changement de domicile, fut le début de la fin de leur mariage. Pour lui, pour elle.
Son mari commença à sortir de plus en plus souvent les week-end, à s’absenter même tout une nuit.
— Où vas-tu ?
— Aider mon frère dans son travail.
— Habillé dans tes meilleurs vêtements ? Les moteurs les saliront.
— Laisse moi en paix !
Il alla se doucher, se laver, se raser, se parfumer, se préparer.
Une autre fois, il l’invita après qu’ils ont fait leur course dans le grand centre commercial, voir un film, franchement pornographique. Elle trouva des choses dégouttants, voulait repartir, il ne voulait pas sortir. Elle attendu, dehors.
Sandou était de plus en plus distant, de plus en plus hautain.
— Sandou, s’il te plaît, au moins, montre-moi un peu de tendresse. Dis-moi quelque chose de gentil au moins de temps en temps, j’en peux plus.
— Si je ne te plais, tel que je suis, je m’en irai aussi tôt que tu le dis ! Laisse-moi en paix !
— Attention, ça pourra casser, je suis au bout.
— Laisse-moi vivre ! C’est tout.
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