Ecrit à la machine à écrire, collé dans le journal.
On vit, vivote, et jour après jour on fait plein des choses qu’on croit importantes, on lutte pour elles, mais on s’arrête trop rarement à réfléchir, pourquoi. Où court-on ainsi ?
Peut-être, moi aussi, je devrais m’arrêter pour quelques minutes, heures, jours et repenser ce que je veux obtenir, pourquoi, surtout pour qui.
J’ai déjà lutté pour obtenir une chose après des plans précis et en y mettant tout ce dont j’étais capable, mais je n’ai pas beaucoup réfléchi sur les raisons pour lesquelles je voulais l’obtenir. Souvent la vie, les besoins d’existence nous font lutter; et de toute façon se démener pour réaliser quelque chose est mieux que juste vivoter.
Après ma discussion avec ma collègue de travail aujourd’hui, ça vient de me frapper : je dois réfléchir non seulement sur la route, mais aussi si ce que je veux obtenir est réellement important et ce que je vais penser de ma vie, vers sa fin.
En relisant mes journaux, je me suis rendue compte qu’ils ont beaucoup de sagesse que j’oublie souvent, je devrais mieux les utiliser. J'ai aussi observé qu’une partie de mes qualités je les avais à 10 ans déjà, par exemple, trouver dans une situation difficile ce qui est bon et aussi : je sais lutter, j’ai une forte volonté — la vie me l’a appris très tôt, j’en avais grand besoin.
Ce que je ne dois pas oublier, hélas, je suis encline à le faire, est qu’il ne faut pas continuer à tout prix, mais il faut me soucier aussi de ceux autour de moi. Je n’ai pas le droit, même s’il me parait très important à moi, de « mettre tout dans un seul panier », c’est trop dangereux. Il ne faut pas sacrifier trop des autres choses pour un seul but, je suis trop disposée à ça.
En réalité, c’est la voie de la facilité ( ?) ce que je fais ; j’affirme que mon diplôme et doctorat est important pour l'avenir et je fais tout pour l’obtenir. Bien sûr, c'est très agréable et très intéressant pour moi et c’est bon d’avoir un but, mais est-ce (y a-t-il) une raison valable ? Et même si cette raison existe, il faut que je réfléchisse attentivement, n’y a-t-il pas de but encore plus important ?
Réfléchir à mon comportement, pour ne pas faire trop de faux pas, ne pas vouloir trop ou pas assez. Travailler plus méthodiquement. Et, ne pas négliger de tenir compte aussi de Sandou, d’Agnès, mais surtout de Ionel qui maintenant a d’avantage besoin de moi.
La réponse, surtout relative à mes enfants, si j'en juge d’après mes journaux d’antan, est que c’est bon pour eux s’ils arrivent en face des épreuves, il faut seulement veiller, les épauler discrètement, ils apprendront ainsi à lutter et à s’en sortir d’eux-mêmes de leurs difficultés futures.
Encore une fois, après beaucoup de travail et des études, en même temps que mon travail des huit heures à l'institut de recherches CNRS de Gif, mon trajet de trois heures par jour de Eaubonne à Gif et retour et mon travail de ménagère et de mère à la maison, ainsi que mon travail pour préparer une diplôme, tant mon mari qui n'en voulait pas que ma collègue de travail pour qui je travaillais "trop" ont réussi à douter de moi; heureusement, cela n'a pas duré trop longtemps. J'ai continué et perseveré, en serrant les dents.
Comment je suis arrivé là, de laborantine à Argenteuil et chercheur sur contrat d'un an à chaque fois à Gif, c'est encore une autre histoire, qui n'est pas dans mon journal, que j'écrira un jour.
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