Lettres écrites au même jour

lundi 9 sept. 63

Mon cher Sandou,

J’ai reçu aujourd’hui tes lettres de 3 et 7 septembre. Je me suis réjoui de la première d’abord, du deuxième je me suis fâchée fort. Si tu veux coût que coût repousser que nous soyons ensemble, c’est ton affaire. Encore 7 jours, puis encore.

Moi, je t’avais écrit clairement. Vas à Paris, c’est loin, coûte de l’argent. Je le sais. Mais comme nous n’avons pas pensé à temps, pendant que t’étais encore ici, tu ne peux rien y faire. Tu dois signer personnellement et devant le Consul ce papier. Autrement il n’y a aucun valeur. Si j’obtiens le passeport sans enfant (dans environ un mois), puis je donne le papier, il peut durer encore un mois jusqu’à ce qu’ils ajoutent elle aussi. Donc mon garçon mets-toi au travail et vite.

Je viens d’arriver de Nazareth, j’ai visité l’église (grec -) orthodoxe d’annonçement, où nous avons été ensemble et après-demain peut-être j’irai le montrer aussi à Agnès. Il était un jour avec hamsin d’horrible chaleur, je suis partie à sept heure trente et rentré à quatre complètement épuisée. J’ai peur qu’on aura des difficultés plus tard. On m’a dit qu’il y a à Jérusalem aussi un prêtre roumain orthodoxe (mais pas d’église), j’y vais demain pour essayer de le trouver.

Je pourrais partir dès aujourd’hui avec mon ancien passeport si je le voudrais sans enfant. Donc si tu veux voir ton enfant plus rapidement, fais comme ton épouse dit et n’essaie pas de trouver des solutions plus commodes, mais impossibles. Qui va croire « par correspondance » que c’est bien toi qui leur ai écrit ? Tu pourras à Paris en même temps faire prolonger ton visa avec trois mois et aussi donner une annonce au journal et alors tu ne feras pas le long chemin « pour rien ». On ne peut pas aller de Lyon avec avion ? Il serait sûrement plus vite ainsi !

Je t’embrasse mon chéri et termine et même épuisée j’irai expédier, je veux qu’elle t’arrive vite. Peut-être depuis ils t’ont écrit eux aussi d’aller en personne et disent les jours quand s’est ouvert et le Consul disponible pour que tu n’ailles pas quand ce n’est pas bien.

Je t’embrasse avec beaucoup de désir,
Judit

Sandou à Julie

9 septembre 1963, St. Didier
Ma chérie, le réparation de la voiture que je leur ai abîmée, je te l’ai envoyée aujourd’hui le détail, cela n’a pas été un accident très réussi à ce point de vue, le coût est approximativement égal à mon salaire pour deux mois.
J’ai aussi discuté avec eux de mobilier, nous aurons une table, des chaises, une armoire, un réchaud à gaz et un chauffage. Ils ont aussi un lit d’enfant pour Agnès, mais, si tu ne le veux pas, apporte le sien. De toute façon c’est moins cher que d’acheter ici, dans le futur proche nous n’aurons pas beaucoup à dépenser. Comme tu crois. J’aurais encore eu beaucoup à t’écrire, mais en relisant ta lettre j’ai commencé à rêver comme un adolescent et je suis resté là.
Tout ce que je dois payer pour la voiture abîmée me fait peur, mais je n’ai pas d’autre issue, elle était assurée seulement pour les tiers et ils insistent pour utiliser seulement des pièces neuves. Avec ton examen pour le permis de conduire, j’espère que tu auras le papier en mains lorsque tu recevras cette lettre. Je préférerais que tu ne loues pas une voiture mais de toute façon ne prends pas Agnès avec toi. J’espère que ton père tiendra ce qu’il a promis, et, alors, quand nous serons ensemble nous nous promènerons un peu partout. Mais si tu dois passer encore une fois l’examen, le mieux est de ne pas interrompre les leçons.
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J’ai interrompu ma lettre et j’ai été au cinéma voir un film espagnol, moyen. Puis j’ai emprunté une radio et je ne l’ai rendue que ce matin, puisqu’ils m’ont demandé de travailler dorénavant de sept heures à midi.
Les patrons ont été toute la journée à la chasse.
L’après-midi j’ai lu et dormi et au dîner, ils m’ont donné un tout petite poste de radio qui marche assez bien et me solutionne les leçons de français. Je pense souvent au trou financier que j’ai causé et j’en deviens malade (de rage). Avec ces 1800 francs j’aurais pu m’acheter une bonne voiture d'occasion. Sans parler du fait qu'au début nous allons avoir des dépenses journalières supplémentaires et aussi pour la mise en route de notre ménage. Je crois que jusqu’à ta venue je pourrai arranger la maison pour pouvoir passer l’hiver sans problèmes. N’oublie pas de t’habiller bien chaudement et d’apporter le radiateur pour la chambre d’Agnès. La semaine prochaine la laverie du village s’ouvre et je pourrai enfin donner mes affaires à laver, je n’ai plus qu’une seule chemise propre.
Quand tu viendras, rappelle-moi de ne pas faire d’heures supplémentaires, de toute façon ils ne me les paient pas, mais pour le moment, comme je m’ennuie, pourquoi pas, j’ai le temps, ensuite j’entrerai dans un programme strict. Si tu ne viens pas rapidement, tu me trouveras aigri, le temps passe si difficilement. Si tu étais maintenant à côté de moi, je t’embrasserais si fort, comme un ours et je ne sais pas ce qui arriverait à tes os. Je sens que mes muscles tremblent déjà, probablement qu’aujourd’hui je me suis trop reposé. Cela ne fait rien, cela aussi passera.
Ce soir, j’ai joué un peu avec l’enfant des patrons. Il est du même âge approximativement qu’Agnès et il est très gentil. Cela m’a donné une très grande envie de ma petite. En pensée, je lui ai fait tout un programme, je l’ai vu grandie, je lui ai appris à conduire et je lui ai même fait un petit frère. J’ai même réfléchi à quel nom lui donner puisque cette fois c’est mon tour, mais je n’ai pas pu me décider encore. Nous avons encore du temps, peut-être, nous verrons.
Cela vaut la peine de m’écrire que tu m’aimes, puisque moi je t’aime, mon amour, et quand je le lis, je m’en réjouis chaque fois comme d’une nouveauté, comme à la première déclaration, comme quelque chose d’inattendu.
Je t’embrasse, mon amour et à bientôt, bonne nuit et baisers de Sandou

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