13 octobre 1957
Qu'on soit heureux “juste comme ça”. On ne peut pas tout expliquer. Hier d'un coup, il y a eu des larmes dans mes yeux et en même temps aussi dans ceux de Sandou. Pourquoi ? Parce que je l'aime... toujours plus ? Parce que nous avons été tellement ivres... mais pas du vin. Mes lèvres tremblaient. Et pas de froid. Parce que dans ma pensée, je me suis couchée avec lui, dans ma pensée Sandou m'a embrassé le soir et le matin ma première pensée a été pour lui. Pourquoi ?
Et aujourd’hui j'avais senti comme s’il était près de moi toute la journée, et j'ai été très contente. Heureuse ?!? Il me manque tant. Pourquoi ne m'appelle-t-il pas, ne vient-il pas me prendre ? Je voudrais le revoir, aujourd’hui. Mais je ne le verrai pas. Alors quand ?
Je ne vais pas commencer à être encore une fois amoureuse ! Pourquoi pas ? Que m’arrive-t-il ? Qu'importe, c'est un sentiment agréable.
Jusqu'à aujourd’hui, je ne devais pas y penser, tout marchait sur les rails, mais d'un coup les roues se sont secouées. Je suis arrivée devant un carrefour de routes, un chemin détourné. Le prendre ? Où mène-t-il ? Peut-être, ce détour me mènera à travers monts et vallées finalement sur la route d'où je suis partie. Mais plus tard. Ou bien, me mènera-t-il ailleurs ? Sur une meilleure vue ? Le prendre ?
Jusqu’à maintenant je ne me suis pas rendu bien compte, c'est seulement après ma discussion avec Alina que m'a frappée subitement tout ce que mon départ peut signifier pour moi. Depuis, je n'arrive même pas à travailler. Pourtant il le faut. Et encore bien. Jamais encore, je n'ai travaillé si difficilement qu’aujourd’hui. Je suis allée à l'Institut quand même, mais c'est vrai, je n'y suis pas restée longtemps.
Puis avec Sandou. Il m'a appelée et m'a apporté des fleurs ! Nous nous sommes promenés dans ce beau parc et je lui ai dit plein de choses agréables et il m'a répondu avec plein de choses vraies désagréables. Je suis revenue non plus pleine de bonheur et tremblante, mais indifférente. Le lendemain matin je suis furieuse. Je lui montrerai !
Et je lui ai montré. J'ai été d’abord chez une bonne coiffeuse, mais du théâtre je suis rentrée directement à la maison. Et qu'est-ce que j'ai obtenu ? Il ne s'est même pas retourné. Vraiment, je ne le reconnais plus. Pourtant je croyais le connaître. Parfois il me parait (parfois ?) beaucoup plus intelligent que je ne le croyais.
Je me souviens, Simon aussi a été insupportable quand j'ai eu fortement envie d'être gentille avec lui. On ne peut jamais être de la même humeur, chanter sur le même ton ? Toujours la balance, quand l'un est en haut, l’autre tire en bas ? J'ai appris aussi qu'il n'est pas bon de parler du passé, est-ce universel ? Tout ça me chagrine, me blesse.
Que ferais-je de mes journaux ? J'avais l'intention de les donner ou les lire avec mon mari pour qu'il me connaisse. Est-ce bien ? Je dois encore y réfléchir. Pourtant il serait si bon de s’ouvrir ...
Le portrait d’une femme de Goya, Venus et Cupidon ou La Dona Desnuda de Velazquez m'ont beaucoup plu, plus que toutes les autres peintures de livres reçus et hier. J'ai vu hier le film Le Don Paisible par Gerasimo (d’après le roman de Solohov). Ce qui est bon, est bon.
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