14 novembre 1958
Le chiffre 4 m’est toujours répugnant. La vie est dure. Que de problèmes met-elle devant l'homme ! Quand on n'a pas de problèmes ça nous ennuie, quand on en a ça nous écrase.
Finalement Sandou n'est pas si intelligent que ça, il ne tire pas de conclusions, il est naïf et ne connaît pas bien les filles. Et ce rêve ! Dans mon rêve, je lui ai dit non, j'étais très mécontente et troublée. Mon cœur battait très fort. Je me suis réveillée avec le même état d'âme. Je l'aime vraiment. Pourtant tout ne me plaît pas en lui. Je le comprends, mais il me comprend nettement moins, il essaie nettement moins de me comprendre. Quelle pensée curieuse : existe-t-il l'amour “sentiment” sans désir ? D’après moi, ce n’est pas possible. Il m’est difficile de choisir.
J’attends. J’espère encore me réveiller un jour et d'un coup Sandou me sera étranger, etc. mais ça ne me réussit pas. Pour quelques minutes et même alors pas tout à fait.
Mon Dieu, je ne sais plus comment me comporter, que faire ?
Nous devrions sortir plus souvent. Et ne plus lui dire que je l’aime. Répondre avec une blague plutôt quand il me le dit, lui. Pourtant d'après Ovide exprimer son amour n'est pas mauvais. Je dois me tempérer. Oui, c'est cela qui sera le mieux. Trouver des billets de cinéma pour demain, mais comment ? Je devrais inviter du monde chez moi.
Qui ? Marie et George, Édith et Victor, Alina et Vasiliu, puis parmi les filles, Cela, Tina, Estelle. Dans environ deux semaines. Je devrais réunir enfin Édith avec Marie et peut-être avec Alina. Il faut absolument inviter Alina, je ne peux pas mêler Sandou seulement à des juifs, il faut inviter aussi des copains chrétiens. Et encore qui ? Peut-être aussi Eugène et Anca. Entre les garçons du groupe, seulement Lonci. L’idée n’est pas mauvaise. Il faut y réfléchir plus tard.
Si on me laissait travailler seulement encore une semaine à l'Institut, je pourrais terminer l’expérience nécessaire à mon projet. Je pourrais ensuite faire le rapport définitif chez moi. Je dois porter la semaine prochaine les dessins au professeur Solomon, mon directeur de thése. Me trouver un tas d’occupations. Me faire faire une permanente, mais pas aujourd’hui, c’est trop fatigant, peut-être lundi.
Aussi tard que possible. Quand je serai plus sûre de moi même. Je voudrais me déchaîner danser, m’échapper, rompre les chaînes dans lesquelles en réalité, personne ne me tient, seulement moi-même. Pas lui. J’ai placé mon cou dedans, bêtement.
Á qui demander conseil ?
Je devrais « devenir malade », partir pour une semaine à Kolozsvàr, rendre visite à ma tante, ça me fera sûrement du bien. Ce m’est nécessaire. Là-bas, je saurais mieux réfléchir. Et si son copain de Vàsàrhely était là… qui sait…
Ps. J’ai rencontré ce copain, il habitait avec sa compagne…
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