Je ne le recopie en entière, mais voilà quelques extraits traduits par J.Follain, ce poème recopié alors dans mon cahier, malgré que je savais ce que je risquais si on le trouvait là. Ces mots m'ont profondément choqués alors et peut être à partir de là, definitivement changés aussi. Changement qui venait déjà, était fini, enfin.
Une phrase sur la Tyrannie
de Illyés Gyula
Là où il y a tyrannie
tyrannie il y a
pas seulement à la gueule des fusils
pas seulement en prison
il y a tyrannie pas seulement
dans les chambres d’interrogatoire,
ni dans la voix de la sentinelle
criant dans la nuit
pas seulement dans les nouvelles
chuchotées avec peur
à travers des portes
furtivement entrouvertes;
pas que dans le doigt devant la bouche
qui veut dire: tais-toi
il y a tyrannie, tyrannie encore;
il y a tyrannie non seulement
dans les acclamations, debout, rugis
dans les hurrah, dans les chants,
là où il y a tyrannie, tyrannie il y a
non seulement dans les mains
qui applaudissent inlassablement
pas seulement dans le bruit discret
d’une voiture qui glisse dans la nuit
dans : elle s’arrête devant quel portail?
là où il y a tyrannie elle est présente
partout, plus que ton dieu d’autrefois,
il y a tyrannie dans les crèches,
les conseils du père
les sourires de la mère
les réponses d’un enfant à un étranger
car tu n’es plus seul
même dans tes rêves,
elle est au lit nuptial,
même plutôt que le désir
quand tu parles en toi-même,
c’est elle, la tyrannie qui interroge,
tu n’es plus libre
même en imagination,
elle pénètre au plus profond
jusqu’à la moelle de tes os ;
tu voudrais réfléchir, mais seuls
te viennent à l’esprit ses propos
tu voudrais regarder,
mais tu ne vois
que ce qu’elle te montre
déjà tout flambe autour de toi,
là où il y a tyrannie
chacun est maillon de la chaîne,
elle t’enveloppe de pestilence
toi-même es tyrannie !
J'ai beaucoup réfléchi, le recopier ou non. Mais finalement, si je ne le faisais pas, cela signifierait que le poème a complètement raison. Je ne le crois pas, je n’en suis quand même pas arrivée jusque-là. Ilyes voit bien en pas mal de choses, pourtant...
De toute façon, c’est formidable, grandiose et surprenant, un des plus grands poèmes de tous les temps. Au moins, je l’ai ressenti ainsi quand je l'ai lu pour la première fois. Son impact s'est un peu dissipé et depuis, je le trouve moins beau.
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