Que c'est bon de voyager ! Seule, d’après mon envie, ma tête. Que c’est bon d’être un peu bohème, flexible, savoir savourer des choses inhabituelles !
Hier, arrivée en train à Gyergyöszent à cinq heures de l'après-midi, le bus était déjà parti depuis une heure. Si j'étais allée au centre, j’aurais pu prendre un taxi ou alors dormir dans un hôtel, mais je l’ai appris seulement le lendemain. Telle quelle, ce qui me restait c’était d’accepter l'invitation de madame Farragos, l’épouse âgée d’un cheminot, (60 ans.) J’avais fait sa connaissance dans le train en lui offrant des biscuits.
C’est une maison de village bizarre, avec une odeur pénétrante de vieux fromage (ou saleté) comprenant une cuisine et une chambre, dans la cour un cochon, une vache, deux oies, des poules et un petit chat. Son mari partait justement : il s’est levé du lit où il dormait habillé dans ses vêtements noirs de charbon, comme s’il était à peine revenu de son travail et la maison est restée à nous deux. J’ai reçu des bonnes patates cuites, j'y ai ajouté des tomates et du pain, elle a fait bouillir du lait et j’ai ajouté mes biscuits. Nous nous sommes couchées dans leur grand lit, avec les draps que son mari venait de quitter. Au début, je n'ai pas pu m’endormir à cause de l’odeur pénétrante, mais c’était intéressant. Je me disais, que ferait ma tante si pédante !
Le matin, Mme Farragos m’a réveillée et elle m’a accompagnée presque jusqu’à la place centrale. Après une heure d’attente pour le bus ; j'ai eu une bonne place, la route était très belle et à huit heures de matin j’étais déjà ici, à Gyilkostó, le fameux village de vacances avec le lac du même nom “Le lac qui tue”. A
u début, il ne me plaisait pas. Tu ne dois pas trop espérer d'avance, sinon tu seras déçue. J'aurais pu aller à deux excursions organisées, mais finalement je suis partie jusqu’au lac pour me baigner toute seule. L'eau était sale et froide : “je n'y entrais pas !”
Je repartis. Devant moi un groupe. Je demande à deux filles :
- Où allez-vous ?
- Nous faisons une promenade jusqu’à la rivière Bihàz.
- C'est à combien?
- Environ une heure.
- Allons-y !
D'abord, j'ai marché seule, ensuite avec un homme inconnu, le photographe qui nous a photographiés. Ensuite il m'a amenée avec une chouette moto jusqu'à la rivière (deux kilomètres) et de retour jusqu’à Gyilkostó. Je lui ai plu, bien sûr (il a quarante ans et il est gros), il m'a déposée au pont où je le lui avais demandée de me laisser : au revoir !
Justement, le garçon près de qui j'étais assise dans le bus passait par là.
- Où vas-tu ? veux-tu aller te baigner dans le lac Gyilkostó ?
- Allons-y !
Le lac était trop froid et presque noir, mais nous avons pris un bateau et pendant une heure nous avons ramé un peu partout. C'était très beau. L'air est fort ozoné, les troncs des arbres morts sortent de l'eau partout et l’on doit ramer entre eux (de là vient son nom Lac meurtrier.) L’eau est vert foncé et tranquille comme un miroir, on peut tout voir dedans : les troncs qui sortent se reflètent dans l’eau et apparaissent comme des bardes.
Sur le bord du lac, un chien gris nous gardait : un chien de rocher. Nous avons pique-niqué au bord du lac. Déjeuner, puis enfin je peux écrire. J'ai froid. J’essaierai de faire une petite sieste, mais je ne suis plus fatiguée. Demain matin je voudrais monter au mont Suhard, je verrai avec qui.
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