5 avril 1987
Souvent, quand quelque chose de désagréable m'arrive, je me pose la question : « À quoi ça sert ? »
Dimanche dernier, j'ai conduit entre l’Espagne et la France, dans les Pyrénées, une voiture sans chaînes. La montagne toute seule dans une tempête de neige. Deux à trois fois la voiture a glissé, elle ne voulait plus avancer ; et une fois elle a fait même un demi-tour involontaire, heureusement, pas vers les précipices. Sans bottes, ni gants, ni vêtements chauds, tout cela n'était pas bon.
J'étais sérieusement effrayée. Que vais-je devenir? Je me suis posé cette question pendant deux à trois heures interminables. Ne devais-je pas m'arrêter à la première maison rencontrée? Il y en avait très peu dans cette montagne d'Espagne. Attendre que finisse la tempête de neige, m'abriter quelque part? Mais où, comment? Être sûr de survivre sans problèmes ou gelures?
La neige était de plus en plus dense, la visibilité proche de zéro.
J'ai finalement réussi à traverser, même si seulement pas à pas. Mais les trois heures me parurent jamais finir. Vingt kilomètres et presque une vie plus loin, à la frontière française, il n'y avait plus de neige. J'ai foncé dans la première boulangerie et je me suis acheté une baguette.
Avoir du pain. Pourquoi ? Danger - guerre – pain? Quelle association? Enfin de retour, en France, chez moi?
De toute façon, je sais dorénavant à quoi cela a servi.
Hier, j'ai eu un coup terrible en lisant les horribles saletés et mensonges qu'un jeune idiot a écrit sur nous, sur Bip dans la revue des revendeurs Apple. Bien sûr, j'avais envie de.... Mais ensuite, je me suis acheté quelques livres, un bon roman de policier. Tout est redevenu à son juste mesure. Relativement au danger de glisser avec la voiture, de rester seule au milieu d'une montagne enneigée, d'avoir les pieds et les mains gelés ou de tomber avec la voiture dans un précipice - tout le reste n'est pas si grave.
Je lutterai, bien sûr ! Ce con nous a causé beaucoup de tort, délibérément, (pour aider le nouveau distributeur, la grande, fameuse société). Mais ma vie, ma santé ne sont pas menacées - surtout, si je ne le prends pas trop à cœur! Bonne leçon!
Pendant le week-end passé en Espagne, j'ai terminé de lire “Necessary Losses” de Judith Viorst, ce livre d’une psychanalyste m'a profondément troublée.
Est-il possible que je me sois mariée à cause de mon père ? Une fois en croyant que je prenais quelqu'un à l'opposé de lui, Sandou, sérieux, fidèle (ha ha) et ressemblant à ma mère qui venait de mourir. Ensuite, après la mort de mon père, vivre avec quelqu'un que je croyais lui ressembler, Paul l’élégant et charmeur,, hélais aussi menteur (et profiteur). En s’imaginant qu'il pourrait le remplacer. C'est très troublant.
Bien sûr, c'est aussi simpliste. Mais il y a beaucoup de propos bouleversants dans ce livre. En le lisant, j'ai mieux compris certains comportements de moi-même et des autres. Je ne voulais pas lire Freud auparavant, tellement à l’époque la psychanalyse a perturbé et nui à ma mère. Fais attention Julie ! ne crois de ce livre que les parties vérifiables par toi.
Quand on fouille dans les profondeurs de l'âme, dans l'inconscient ça heurte, mais peut nous aider à réfléchir et à nous comporter de façon plus consciente.
Je me souviens du frayeur et du tempête de neige, je me sentais si fragile! Et en revenant, je ne savais pas que ma vie, ma société sera bouleversée de nouveau et que j'étais de nouveau devant des nouvelles épreuves - que j'ai passé plus légèrement: ma vie n'était pas menacée.
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