8 février, 1994
Un mois seulement de son affreuse attaque et François est parti aujourd’hui tout seul à une conférence à l'autre bout de Paris. C'est merveilleux comme son organisme réagit! Il prend tout comme un cadeau.
Avec son nouveau sourire heureux et chaud de barbu, il me regarde et j'ai de nouveau “un modèle amélioré”, j'espère que moi aussi, j’en suis un pour lui.
C'est important que François se rende compte qu'il va bien, qu'il peut. Laisse-le faire et donne-lui envie d'agir! Un homme a besoin de plus d'activité qu'une femme.
Il faudrait recommencer à me trouver d'autres activités à moi aussi.
Vendredi, j'ai reçu ma lettre de non-renouvellement de mon contrat et je suis trop fatiguée pour lutter. Valérie m'a aidé à répondre, elle est fantastique! Et la façon dont elle m’a racontée: «Et j'ai répondu: c'est Julie la femme de papa!»
J'ai pensé pendant une seconde: «Aurai-je encore du travail?» C’est idiot. Peut‑être, ne serais-je plus jamais fonctionnaire rémunérée, mais du travail, j'en ai toujours eu, accompli, depuis mes 18 ans. 42 ans déjà! Et même avant, j’étais toujours fort active.
Je me suis arrêtée seulement pendant trois ans pour émigrer, élever Agnès, puis immigrer ailleurs. Ensuite quelques mois autour de mon doctorat et mon départ en Amérique. Mais bien sûr, je n'ai pas mes 38 années "réglementaires". D'ailleurs, ceux qui ont créé ces décrets n'ont pas pensé aux femmes.
Je pourrai aider François, je pourrai écrire, conseiller et probablement même enseigner un peu. Réfléchis à tout ça plus tard, quand le calme sera revenu. J'attends de revoir Stéphanie dans quelques jours, elle me fait du bien.
Peut-être pourrais-je même tirer quelque chose de mes journaux, de ma vie? Ou écrire de l'informatique qui arrive. Être grande mère. La femme de mon mari. Un riche avenir m'attend!
Demain c'est une longue journée. Je dois envoyer bientôt ma réponse au directeur. Ne pas avouer que je suis trop fatiguée pour lutter. Mais ils savent que je suis fragilisée par la maladie de François. Bon, laissons les choses venir, le sort fera le reste. Et il y en a qui nous aiment! Ils m'ont même écrit:' Les utilisateurs et votre hiérarchie ont été très contents de vous.'
Bon, passons. Une des meilleures choses dans ce travail était que j'ai pu aider tant de gens. Peut-être, trouverai-je une place où mes compétences seront encore plus utiles, plus utilisables. Sûrement. Courage!
1 commentaire:
la retraite et la rupture avec le monde du "travail" .... je l'ai vu a l'oeure pour mes parents ... pas évident !
Surtout si la personne n'a pas de projet, n'a pas envi de se lancer ...
Mais pour toi, vu ta facon d'être .... je me fais guere de soucis !!!
Tu as toujours une tonne d'idées ...
Sophos
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