En descendant l’escalier
Je suis en train de descendre les marches à Montmartre. Plus de deux cent et pourtant je n’ai pas peur. De temps en temps de tiens la balustrade, mais surtout quand il risque de glisser par terre. Sinon, j’ai appris à descendre en tenant l’équilibre jusqu’à la dernière seconde sur mon pied qui est encore à terre et ne pas le changer que quand le pied qui a descendu est fermement par terre.
J’ai appris cela depuis longtemps et je n’ai plus peur. Toutefois, quand je descend ces longs escaliers et souvent d’ailleurs n’importe quelles marches, les paroles de l’amie de maman qui m’a appris comment descendre des marches « comme les actrices » sans regarder en bas, comment ne plus avoir peur et ne pas descendre en me cramponnant et en mettant les deux pieds sur la même marche, me reviennent dans la mémoire. Je n’ai plus peur, mais je me rappelle que je n’ai plus peur.
Souvent, l’image de l’escalier en escargot, de ses marches très hautes dans ce chic résidence de Washington me reviennent et avec elles, tout une passé oublié, ou jamais oublié réellement : quand j’avais l’impression qu’avec ma jambe cassé, disons plutôt, ma cheville abîmé, mon deuxième chance a aussi dégringolé. Je me vois pour la première fois dans ma robe longue récemment acheté, avec des chaussures (mes dernières chaussures à talon) nouvelles descendant de étage de ce logement vers en bas, dégringolant l’escalier. « Ce n’est pas notre faute ! » est venu avant qu’on m’aide ou en même temps. L’idée d’assurance et qui doit payer le docteur n’a même effleuré mon esprit à moi, tout préoccupée d’ailleurs à m’excuser.
Le pied n’a pas commencé à me faire vraiment mal que le lendemain, tout gonflé, je ne pouvais plus m’y appuyer.
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