Après quelques mois de formation, on commençait à me donner de moins en moins d’heures (j’étais payée par heure). Que faire ? Comment vivre ?
Pendant ses vacances de Noël j’ai était allée visiter ma fille continuant ses études en Amérique.
A Washington, j’ai visité le Club Apple. Son président m’a invité chez lui et dans son sous-sol il m’a montré, tout émerveillé, deux cartes d’interface :
— Regarde, celui-ci, peut transformer les paroles analogiques en digitale, on peut ensuite les entendre avec l’Apple! Et regarde, l’autre ajoute du mémoire à l’ordinateur, ainsi on peut faire plus de calculs avec le tableur, c’est comme une feuille de calcul.
— Comment faire pour l'avoir en France?
— Appelle si tu veux les constructeurs, ils n’ont sûrement personne encore pour distribuer encore en Europe! Et il m’a donné leur numéro.
Le lendemain, tremblante mais décidée, j’ai appelé le président de Legend Industry, fabriquant la carte Mémoire.
David me demanda :
— Etes vous distributeur ou détaillant?
— Qu’elle est la différence? je demande, naïvement.
— Le détaillant à une boutique dans laquelle il vend, le distributeur lui vend aux détaillants. (Il croyait que ne comprenais bien l’anglais.)
Le choix n'était pas difficile : je n’avais pas de boutique, donc je me suis déclaré sur le champ « distributeur » - et c’est ainsi qu’a commencé ma carrière de distributeur européenne.
J’ai commandé, acheté la première carte pour le montrer en France.
Revenu en France, on m’a expliqué qu’on ne peut pas distribuer, ni avoir compte en banque, ni ventre aux détaillants, sans avoir une entreprise.
Une entreprise? Bon, alors, comment en former une?
« Il faut déposer 20 000 francs, mais qu’on vous rend ensuite pour faire les affaires, les achats, il faut un nom et au moins, un autre associé. »
On ne m’a prévenu de toutes les tracasseries comptables, si j’aurais su ce qui m’attendait aurais-je eu le courage de me jeter dans l’eau?
J’ai cherché un associé, P. le fils de Stéphanie (chez qui j’avais dormi la première nuit en arrivant à Paris) était informaticien et avait envie de s’y mettre, à côté de son travail, même s’il n’avait pas beaucoup de temps à y consacrer. Il connaissait quelques jeunes vendeurs.
Nous avons ainsi décroché une grande commande FNAC ce qui nous a permis de lancer notre première commande et obtenir un bénéfice double, nous permettant de démarrer, nous donnant courage.
J’ai cherché et trouvé un beau nom pour la société, BIP, bureau d’informatique personnalisée. Une copine m’a aidé d’écrire un annonce que j’ai fait publier dans un des premiers journaux micro-informatique français, et me voilà gérante de l’entreprise de distribution des produits informatiques.
J’ai tout fait : président, décideur, garçon de courses, traducteur, empaqueteur, tout à partir mon petit appartement.
Un jour on voulait me mettre dehors du maison : « Vous recevez trop de courrier sur le nom d’une entreprise! Interdit, ici! »
J’ai trouvé une petite boutique au pied du Butte Montmartre. J’y ai mis une table, deux chaises, un ordinateur Apple et mes produits importés.
C’est alors que j’ai découvert que je dois faire des déclarations à l’état.
— Comment?
— Je peux trouver quelqu’un qui regardera vos factures... Où sont-ils?
Ben... dans un énorme tiroir de mon salon...
J’avais fourré tous les papiers pêle-mêle dedans.
J’étais l’acheteur, le vendeur, le traducteur, le gérant, l'emballeur, le programmeur, le formateur. J’adorais tout ça.
J’ai pris finalement une aide-comptable à mi-temps, payer quelqu’un d’extérieur coûtait trop. Plus tard, même une secrétaire. Michèle m’a énormément aidé. Elle a été la première employée salariés à temps complet.
Des entreprises se sont mises à utiliser des Tableurs et Visicalc et ils avaient besoin de « nos mémoires ». Et l’enfant, Bip, s’épanouissait.
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