Partir c’est difficile, douloureux, mais arriver n’est pas facile non plus. C’est angoissant. Que j’étais triste à quitter Washington, l’Amérique, se dit Julie, toute suite après le mort de mon père. Nouvelle déchirure, sauter dans l’inconnue.
Paris la nuit. La gare de l’Est.. Et maintenant ?
Stéphanie lui avait dit qu’elle pourrait dormir une nuit ou deux chez la famille de son fils. Elle les a appelé.
— Viens, mais nous n’avons de place que dans le salon, tu pourras y dormir après que nous avons fini regarder les émissions télé, répondirent-ils.
Le lendemain, elle trouva un hôtel pour dormir à sa guise. « Hôtel Californie », oui, n’avait-elle pas rêver de habiter en Californie ! La voilà, ou presque. Une minuscule chambre de grenier, Rue d’École, en plein centre ville. Près de l’endroit où son amie Stéphanie avait habité, hélas, elle était partie habiter près de Toulouse, si loin.
Que Paris était belle !
Elle parla avec Sandou, son ex.
— Tu ne m’as pas donné aucun aide pour les enfants pendant quatre ans. Maintenant...
— J’en ai pas. De toute façon, je prends Lionel pour six mois. Tu enverras de l’argent à Agnès en Amérique. Pour « étudier » : elle aura mieux fait de retourner ! Nous sommes quittes.
— L’université coûte cher là-bas et ici je débute seulement.
— Je ne peux pas faire plus. Elle n’a qu’à revenir en France.
Il vint la visiter et essayer de la persuader d’habiter de nouveau avec lui. Il aurait voulu recommencer leur mariage « maintenant que ton père n’est plus entre nous ».
Il essaya de la séduire.
Pourquoi pas ? se dit Julie. Je suis seule depuis des mois. Elle constata, ce qu’elle savait déjà : quand il le voulait, il pouvait être un amant pas trop mauvais. Familier et agréable. Mais aussitôt après, il essaya à lui dicter que faire, comme d’habitude. Elle dit « non, pas question ».
Quand il insista, elle regarda la chemise blanche posé sur l’unique chaise..
Combien de fois, ne lui avait-il répété « Se coucher avec quelqu’un ne comptent pas plus pour moi que changer de chemise » !Cette fois-ci, c’était elle qui sans mot dire, ressentait la même.
Il comprit. Écœuré de son échec, ayant perdu de prise, il ne vint plus la voir. Tant mieux, se dit Julie. Plus tard je trouverai quelqu’un.
Cherche un logement, vite ! se dit-elle.
L’hôtel coûtait cher, même une minuscule pièce où on pouvait à peine bouger autour du grand lit. Le Figaro, les annonces, les coup de fil.
Dans les deux semaines suivantes, en cherchant un logement, elle découvrit Paris. Chaque jour, elle choisit un appartement à louer dans un autre arrondissement de la ville. Bien sûr, entre ceux moins chers. Mais, une fois, pour s’amuser, elle visita aussi des luxueux appartements de six pièces longeant le parc Monceaux. Aucun envie d’y vivre ! C’était trop moderne, pas chaud de toute de façon.
Elle appris qu’il faut appeler tôt, être à l’adresse indiquée au moins une heure d’avance, sinon... Rapidement, elle choisi le 18e, « je me sens à l’aise, cela me rappelle ma ville natale » et dorénavant elle ne regardait que les annonces derrière le Sacré-Cœur, autour de la rue Marcadet et la Mairie 18e.
On lui demanda partout combien de salaire elle en avait. Que répondre ? Elle se rappela du papier « Représentant en Cosmétique » que son cousin de Californie lui a donné. La somme écrite sur le papier, en dollars, était grande, même si ne correspondait pas à rien en fait.
Deux jours plus tard, elle aperçoit une annonce dans le Figaro, pour une appartement, rue du Mont Cenis. À partir de deux heures. Oh, c’est juste à côté rue Mercadet ! « Bien, je serai là à une heure déjà, ou midi et demi. Mais où est-ce ?
» Tiens, le numéro est encore plus haut, il faut monter encore d’autres marches. »
Tant mieux, se dit-elle, j’aime habiter haut, puis monter donne la santé, c’est bon pour le cœur.
Le numéro indiqué était près de place de Tertre et le Sacré-Cœur en haut de tous les marches. Elle y arriva à une heure, déjà un jeune homme s’y trouva devant l’immeuble. Elle était déjà la deuxième!
L’agent immobilier n’arriva qu’à deux heures trente, ils étaient déjà sept à l’attendre.
— Venez, qui est le premier ?
— Moi, dit le jeune homme.
— Puis-je le voir en même temps, même si je ne suis que le deuxième ? demanda Julie.
— D’accord, mais je parlerai d’abord avec monsieur.
Un petit logement sans salle de bain, juste une douche dans un coin de la chambre, une minuscule cuisine donnant dans l’entrée et un salon lumineux. En plus, l’appartement coûtait nettement moins que les autres visités.
Aussitôt qu’elle entra dans cette appartement, le cœur de Julie commença à battre fort, elle se sentit chez elle déjà. Elle jeta un œil par la fenêtre du salon : « Nous sommes tout suite à le quatrième étage de derrière ? »
Lumière, soleil, un bel arbre devant la fenêtre mais sans le couvrir, une vue sur le nord.
— Je voudrais beaucoup l’avoir, déclara-t-elle aussitôt que le jeune homme sortit.
— Vous êtes que le deuxième sur la liste, mais si l’affaire ne se conclut pas avec le premier. Nous avions eu déjà un étudiant, et plein de problèmes avec lui, tandis que vous paraissez plus sérieux. Nous verrons.
— Je voudrais beaucoup avoir ce logement.
Le lendemain elle leur apporta les papiers.
— Je voudrais une réponse rapide et si possible aménager rapidement, j’en ai assez de l’hôtel de rue d’École, même si c’est un beau quartier.
— Il n’y a pas électricité ni gaz pour le moment, ils ont été coupés quand l’ancien locataire n’a plus payé, ni charges, ni loyer.
— Ce n’est rien. Je préfère cela à l’hôtel. J’arrive des États Unis.
— L’installer de nouveau, peut durer deux semaines, dix jours au moins.
— Je suis prêt à payer la garantie aujourd’hui.
— D’accord, alors vous ne devez pas payer le loyer les deux premières semaines, jusqu’à tout est réinstallé. Je dois reconnaître, je vous préfère plutôt que l’autre.
Julie avait envie de danser !
Le logement était à elle, demain elle pourra quitter cette mini-chambre d’hôtel où le lit occupait toute la pièce, cette place souillée par le souvenir de Sandou qu’elle y avait bêtement accueilli même si seulement une fois.
Avoir de nouveau un chez-soi. Son château fort. Vide, pour le moment.
Lors de son dîner à son oncle, sa tante lui avait raconté qu’une ancienne copine, habitait aussi à Paris. Elle l’a appelée pour annoncer à quelqu’un la bonne nouvelle.
— J’ai un logement ! J’ai trouvé.
— As-tu besoin d’un matelas ?
— Ah oui, merci !
— On t’apportera demain soir, après le travail, ça va ?
— Parfait.
L’ancien locataire avait laissé un étagère et un lampadaire délabré dans la cave. Julie les répara et acheta deux bougies pour s’illuminer la nuit.
Elle rencontra sa voisine de palier : une veille dame hongroise.
— Quoi ? Vous n’avez pas encore gaz, ni électricité ?
Le lendemain matin quelqu’un sonnait à la porte, la voisine apportait de l'eau chaude pour le café.
— Je dois m’en aller, mais je vous apporterai demain aussi.
J’ai vraiment bien choisi mon appartement, se dit Julie. Des voisins sympas, pièces lumineuses, chaleureuses, tranquilles et, en même temps, dehors, juste à quelques pas sur la rue et c’est plein de touristes, des gens venant de divers pays.
Elle équipa rapidement la cuisine, en attendant le gaz et l’électricité. Elle posa ses livres sur des étagères récurés. C’est bien chez moi ! se dit-elle.
Le soir, à la lumière de bougie était romantique.
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