21 juillet 1957
Curieux, pourtant c’est naturel : quand un coup dur arrive chacun pense d'abord à soi. Il essaye de se rassurer. Maman vient d’appeler Alise, Papa d’inviter Luca pour jouer aux échecs, et moi, Alina pour me consoler.
Ensuite commence la lutte, difficile : pour moi ceci serait mieux, pour lui autre chose, et pour le troisième c’est encore différent et il faut trouver un compromis. Ou renoncer.
C'est difficile de renoncer.
Mais quand on aime, se soucier de l’autre d’abord devient une nécessité.
Hélas, les nerfs de maman sont de nouveau abîmés. Tout à fait. Elle doit rentrer à l’hôpital. Papa est malade (prostate) mais ne veut pas se soigner, nerveux, inquiet et il vient à peine à la maison. Hier, pour une fois, il a été assez gentil avec maman mais… il se tourmente, lui aussi.
C'est très dur pour nous de rester sans maman. J'aurais voulu partir me reposer à la campagne avec ma tante. Bien sûr, mes parents me disent “te reposer, de quoi ?” Pourtant mon organisme est très affaibli. Je me sens fatiguée. J'enregistre beaucoup moins facilement. Mais s'il faut pour papa que je reste près de lui, je resterai. Ce sera difficile. Le combat est dur. Mais je lui dois bien ça. Bien, il faut que je recommence à étudier, absolument, et ne plus penser à rien d'autre.
Le Soir
Je viens de rentrer à la maison, de jeter un coup d'œil dans mon miroir : j’ai l’air affreux. Rien de beau en moi. Parfois j'ai bonne mine, mais ce soir - pas du tout. Qu'a-t-il pu trouver en moi ? “À cette minute, je ne t’échangerai avec personne » m'a dit Simon. « Je ne pourrai pas t'embrasser en quittant quelqu'un d'autre". Et aussi : "À toi, on ne peut pas donner juste une partie, on donne tout” ainsi de suite.
Qu'a-t-il pu trouver en moi ? Je ne comprends pas. Vraiment pas.
Je ne suis pas belle. Ni brillante, ni très intelligente non plus. Bonne ? Peut-être par rapport aux autres, mais pas tant que ça. Alors ? Je suis honnête (je ne vole pas, je ne triche pas, et je ne mens que rarement - quand il le faut absolument.) Ce n'est pas un grand mérite. C'est normal. Et même pas absolu. Je suis romantique et rêveuse. Simon pas, au moins d’après ce qu'il dit. J'aime les poèmes, ils l'ennuient - mais il ne l’avoue pas. J'aime la nature, il aime les choses pratiques. Je ne comprends pas ce qu'il peut aimer en moi, s'il m’aime vraiment comme il le dit.
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