Le creux de l’épaule
Je ne sais même que dire. Pourtant, cette journée n’a pas été quelconque.
Au début, je croyais que j'écrirais seulement : “mon épaule”. Mais cela n’exprime encore rien. Mes lèvres brûlent, mais sur le moment je n'ai rien senti. Seulement sa langue. Il était très heureux, pourtant il a peu reçu. Moi je me suis sentie bien surtout avec ma tête sur son épaule les yeux fermés. Comme il sera bon de dormir sur l'épaule de mon mari ! La vérité quand même est : je suis heureuse. Ou plutôt satisfaite. Je regarde dans le miroir, je souris et je ne me reconnais pas. C’est une expression tout à fait nouvelle ! Encore bien qu'à 23 ans je devienne enfin un être féminin. Sentir, enlacer.
Combien de temps cela durera, je ne sais pas. Je ne serai ni sa maîtresse, ni sa femme. Il est trop jeune, pas assez honnête, il me tromperait, etc. En plus, il est trop suffisant, imbu. Bien sûr Simon n’est pas fier de la même manière qu'Eugène (qui est intelligent et le sait.) Jusqu’ici, Simon n'a pas connu de jeune fille comme moi, au moins de près, bien. Alina rira " comme une vraie jeune fille ”, mais Édith comprendra. Elle dit la même chose, nous sommes “différentes” et je la crois, moi aussi. Bien sûr, nous sommes, nous aussi, “de chair et de sang” tout comme les autres, mais dans notre sang est fortement ancrée l’éducation donnée davantage par le contexte que par des mots.
Je me sens si remplie de... je ne sais pas de quoi.
Je suis de nature tranquille (pas comme Vera mais comme Klavia du livre de Cernasevski). C'est plus sûr. Je vais aimer, m’enflammer, moi aussi, mais...
Je viens de me souvenir : j’ai lu quelque part qu'on est plus heureuse après. Moi aussi ? Quand. Oui. En y repensant, je suis plus heureuse maintenant qu’alors...
C'est épouvantable, moi qui croyais ne pas avoir peur, être brave et courageuse à tout exprimer noir sur blanc, je n'y arrive pas. Peut-être c’est bien, même ainsi. Dans les livres aussi, soupçonner, imaginer, un ou deux mots, vaut souvent plus qu'une longue description détaillée sur plusieurs pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire