A Lund, Suède

30 juillet

Lund est une petite ville très belle, une très ancienne ville universitaire de Suède. Nous y avons trouvé un hôtel avec une bonne chambre et enfin ! un grand lit, c’est rare en Scandinavie. Nous avons eu un réveil agréable et puis d’un coup... rien ne va plus. Cris, malentendus, irritations.
Pourquoi? François s'était ouvert davantage, il s’était montré dans ses fantasmes et je ne l'ai pas assez bien pris ce qu’il m’avait dit.

Il me faut du temps! J'ai besoin de solitude, de tranquillité, d’immobilité pour réfléchir. François n'a pas besoin de ce calme, ça le dérange, le perturbe même. Ses idées lui arrivent pendant une promenade, en écoutant de la musique et même en regardant la télé. Dans ces conditions, moi, je suis dans la nature complètement, à regarder, à sentir, les sons me pénètrent et me dérangent.

Depuis ce voyage je n'ai pas eu de temps à moi pour réfléchir, je ne peux le faire qu’au repos.

Oui, il me faut d’autres conditions pour me relaxer. Des choses qui ne bougent pas, ou alors que je nage longuement, tranquillement, ou que j'ai les yeux fermés. Ne pas bouger et s'agiter tout le temps ! François ne me comprend pas, puisque non seulement il n'a pas besoin d'être avec lui-même, mais il ne se sent pas à l'aise dans ces conditions de calme, d’immobilité, de silence. La contemplation, en a-t-il encore peur ? Son éducation la lui interdit ? De toute façon, hélas, il ne comprend pas que moi, j'ai un besoin vital, de temps en temps, de ce calme et de ce silence.
Stéphanie nous a dit que quand tout semble parfait et fantastique, la nature - ou la nature humaine - intervient avec des problèmes, pour nous “remettre à notre place” ou nous faire “revenir sur la terre”, au lieu de rêver, de surnager ou voler en l’air.

Tout cela est ressurgi au sujet de la danse sur le bateau. Pour moi, c'était de l’amusement et jamais, sauf avec François, je n'y mettais pas autre chose. Avec lui, bien sûr, c'est aussi la continuation de notre tendresse réciproque. Pas une seconde je n'avais pas pensé qu'il pourrait mal interpréter ma suggestion de danser aussi avec d'autres femmes pendant la traversée. Je croyais, et je crois encore, qu'aller vers les autres, peut se réaliser sans y mêler des connotations sexuelles, en restant sur le plan des simples relations humaines. Mais je crois qu'en cela il y a beaucoup à comprendre, à faire comprendre entre nous.

Comment et pourquoi quelqu'un souvent satisfait, veut encore tester, essayer ailleurs? Est-ce que tous les hommes pensent à ÇA si souvent? Quand c'est beau, ça peut être merveilleux, mais il y a tellement d'autres choses...

François est capable de faire et de penser à énormément de choses à la fois, il n'a pas cette habitude, ce besoin, comme moi, de “filtrer”. J'ai beaucoup compris sur moi-même grâce à lui, même sur ma façon de fonctionner, grâce aux comparaisons entre nous et à nos discussions, même quelquefois à cause de nos disputes (nos discussions passionnées).

Il est vrai, que si je ne me suis jamais sentie complètement seule, c'est grâce à TOI mon JOURNAL. Je te prenais, te sentais comme un interlocuteur avec qui je partageais ce qui me touchait le plus et, d'une certaine façon, tu me répondais, au moins j'avais l'impression de l'Écoute Active de ta part.

Je te confie, en général, non pas ce qui m'arrive, extérieurement, mais ce qui me touche profondément. De temps, en temps, surtout dans ma jeunesse, je lisais des fragments de mon journal à mes meilleures amies, je les discutais avec elles. Mais ce n'est pas la raison pour laquelle j'écris.

Avouons-le quand même, si aujourd'hui j'écris en français ou en anglais et non pas en hongrois, c'est aussi parce que je pense que peut-être mes enfants le liront un jour et se souviendront ainsi de moi. En prendront quelque chose. Ou il leur servira au moins de souvenir. Je me sens encore très jeune, mais bientôt j'aurai quand même 60 ans, puis encore.

C'est quand même fantastique, comme on s'est entendu Alina et moi, comme nous nous sommes comprises après toutes ces années d'éloignement! Qu'est-ce qui rapproche si profondément des êtres, des amies entre 16 et 26 ans, mais séparées depuis ? Chaque fois que nous nous sommes revues, c'étais comme si ni le temps, ni la distance n'existait, n'avait pas été là!

Pourquoi s'entend-t-on si profondément sur tant de choses avec François, venant de familles apparemment si profondément différentes, ayant des expériences si diverses, ayant vécu une vie aussi éloignée? Qu'est-ce qui en nous est si près de l'autre, qu'on se sente comme frères de pensée, de sensibilité, même mieux. J'aime l'aimer, il aime m'aimer et - bien sûr nous aimons être aimé. Après nos deux ans de mariage c'est encore mieux : «modèle amélioré» comme le dit lui aussi, moi aussi, nous. Et ce Nous existe déjà.

François m’a expliqué qu’il crie quand il sent que je n’approuve pas ce qu’il fait ou ce qu’il dit. Et quelquefois, même par anticipation, par “autodéfense”.

Ce n’était pas agréable de voir les visages stupéfaits des Suédoises et Suédois quand il hurlait et gesticulait agressivement dans la rue. Quand nous sommes seuls je supporte mieux ses cris, puisque je comprends qu’il le fait moins pour m’attaquer que pour se défendre.

Réfléchissons plutôt pourquoi, puisque c’est vrai, j’avais une attitude critique envers lui, plus critique que d’habitude. Je l’aime tel qu’il est, mais je n'arrive pas à admettre, à accepter vraiment certains de ses comportements, comme lui non plus certains des miens. Oui, nos caractères ont certaines facettes dures à admettre.

Il n’admet pas ma façon de travailler, de penser, même si quelquefois il est fier des résultats que j’obtiens à ma façon.

Il est possible que le cours de troisième année ait été trop “bricolé" et n'ait pas eu un grand succès, que c'était trop improvisé, mais avait-il besoin de m'affirmer que c’était “mince”? Seulement pour se faire valoir et sans penser aux conséquences. Je suis vulnérable, moi aussi. De toute façon, j’étais seulement son assistante. J’ai fait de mon mieux, utilisant tout ce que je savais, et ce n'est pas si mal, même s'il n’est pas génial.

J’admets que François a du génie. Hélas, les génies ne sont pas faciles à supporter, à comprendre et ils ont, ou prennent des droits... normalement non admis pour nous, les communs des mortels. Mais j’ai mes fans et mes talents différents du sien, moi aussi. Je ferais mieux de me mêler de moins en moins de ce qu’il fait.

L’essentiel a été réalisé. François se sent au même niveau de créativité qu’il y a 20 ans et même mieux. Les conditions autour de lui, lui permettent la réflexion - à sa façon - la création et des réalisations (je l’ai pas mal aidé pour ce cours). La preuve en est que ses cours à l’école Optique, ses conférences à l’Université et même ses contacts avec les gens vont de mieux en mieux.

Le temps est arrivé de m’occuper davantage de moi-même : de ma santé, de mon poids, de mes textes et projets, et même, ce que j’ai trop négligé ces derniers temps, de mes amies et mes enfants. Prendre davantage de bon temps, réfléchir à ma vie, non seulement la vivre comme elle vient, ce qui souvent veut dire n’importe comment ou alors comme les autres me poussent pour satisfaire leurs besoins propres ou de la façon qu’ils croient meilleure pour moi, pour nous. Chacun de nous a sa personnalité et ses besoins.

Ce n’est pas facile de vivre ensemble en respectant la spécificité de l’autre. Peut-être cela deviendrait plus réalisable en ayant nos propres préoccupations fortes, satisfaisants tous les deux, en ne se retrouvant que pour fêter.

Je crois que j’ai moins besoin de tâches que François, mais en fait j’en ai aussi besoin dans une certaine mesure. Faire semblant, fatigue à la longue. Que faire?
Je suis revenue très amere de cette voyage par ailleurs magnifique, nos relations se sont refroidis au lieu de s'ameliorer: entre autre il était de nouveau jaloux de mes succes et même de mon aide lors ses cours, de tout le travail que j'avais déposé pour que ça marche mieux. Mais en plus, en revenant, il m'a confié qu'il a eu, juste avant de partir un rendez-vous au café avec une des filles tenant un des sites porno de discussion "son bras était plein de piqures de stupéfiants" cela m'a fait peur me dit-il. Mais, il l'a rencontré! Et puis, naivement, vient me le raconter. (ajouté tout cela 12 ans plus tard, mais j'ai encore mal comme j'avais quand je l'avais entendu)

En plus, en visitant une ile où il n'y avait pas d'ombre, il ne m'a pas écouté quand j'ai dit que mon peau ne supporte pas le soleil fort et à chaque fois que je regarde mon épaule taché de signes bruns grands datant d'alors, j'y repense à combien il était égoist et sans tenir compte de moi et mes besoins.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

vivre avec un égoiste ... quelle galère ....
Même s'il y a de bons moments !

Ton article m'a rapellé une fois, quand j'étais enceinte de huit mois ..on allait cherché du tissu pour les murs de la salle à manger. Sa mère était avec nous !
On avait choisi u tissu qui nous plaisait à tous les deux. J'ai eu le malheure de dire "on regarde ce qu'il y a d'autres" .... Ca lui a pas plu, il a décidé d'une couleur sombre ... et à piquer une crise, digne d'un gamin de 3 ans ....
tout le monde le regardait, sa mère lui demandait de se calmer ...
Rien n'y a fait !
nous sommes reparti avec "son" tissu .... que J'ai porté !!!
Et depuis, la salle est sombre, de ce tissu .... dont je r^ve de me débarrasser !!!

APrfois, des situations résument bien la personne :-((

Dur et lourd à supporter ....

Sophos