17 décembre 1988
La fin de l'année approche, le temps du bilan de fin d'année est arrivé. Où en étais-je au début de cette année ?
Je venais de terminer "Le livre de l’HyperCard" et j'étais très fatiguée par les heures passées à le finir, surtout à cause des luttes pour ce livre avec Pierre B. Je commençais à me sentir seule, avoir besoin d'un ami ou d'une amie. J'étais pleine d’espoir et contente d'avoir traversé de façon intéressant l’année 1987, avec les deux livres que j'ai écrits et la découverte de Spinoza et de Dürer.
Puis ? J'ai rencontré François qui a autant besoin de moi que moi de lui, qui a des intérêts, curiosités fortes comme moi, cela, puis le fait que tous les deux nous sachions également donner et recevoir - qualité rare - fait que nous avons, que j'ai espoir pour l'avenir, qui sait, peut–être même "pour toujours"...
Il durera combien il durera : que sera, sera.
Oui, c'est vrai, pour la première fois, j'envisage de me remarier. Est-ce sage ? Il faudra quand même réfléchir en profondeur pour me rendre compte si mes motivations sont valables. Bien sûr, on a quelquefois deux opinions, deux volontés, mais si on n’en avait pas, c'est que l’un de nous s'effacerait complètement. On essaie de s'adapter, on réussit assez bien.
Autre chose : mon livre est devenu best-seller en informatique, en dix mois déjà 10.000 exemplaires ont été déjà vendus.
En plus, les gens l'aiment et Daniel Garic a dit « on n'en sort pas comme on est entré, mais en se sentant plus fort ! » ce qui est (et reste) mon but principal dans mes livres. Il l’a compris, il l'a ressenti. On l’a vraiment bien réussi, et, cela en seulement quatre mois.
Par contre, mon espoir que cela apporte des ventes sérieuses à Bip ne s'est pas réalisé. Oui, nous avons vendu des centaines de disquettes et maintenant que j'ai réalisé
Nous sommes allés à Amsterdam et plus tard à Boston, en espérant trouver le produit "miracle" à vendre, mais je ne l’ai pas trouvé nulle part. Les ventes après le mois d'avril sont tombées proches de zéro. J'ai perdu deux mois en faisant la comptabilité de la société moi-même en espérant (en vain) avoir une note d'honoraires raisonnable du chef comptable.
Nous sommes partis ensuite pour deux mois et nous avons fait un voyage très agréable avec François. À Apple Expo de Boston pour mon travail et puis des conférences à San Francisco et Santa Clara pour François. Agréable, comme l'a été aussi le voyage pour se connaître en Angleterre, le voyage "oui, on s'aime" en Hollande et le voyage du couple déjà très heureux aux USA.
Quelques jours après notre retour, pouf, au retour d’une soirée où nous préparions l’Apple Expo Paris, brusquement l'accident, ma vertèbre fracturée. Trois jours épouvantables, ineffaçables à l’hôpital, puis retour à la maison, l'amour et les soins chaleureux de François et un mois entier sur le dos sans me lever, puisqu’on a trouvé que j’étais au “seuil de fracture”.
Ensuite un nouveau médicament “miracle” qui devait me guérir de l’ostéoporose m'a provoqué des fissures aux chevilles et je ne pouvais même plus marcher sans douleurs à chaque pas. Cela, hélas n'est pas encore complètement fini, j'ai encore l'impression que d'autres fissures apparaissent, l'une après l’autre. Je marche avec difficulté.
Mes dents aussi ont souffert du manque de calcium. Je ne me suis pas assez sérieusement occupée à temps de ma santé.
J’étais obligée de rester au lit pendant tout l’Apple Expo et ainsi l’on n’a pratiquement rien vendu, ni pu prendre des contacts pour plus tard. J'ai dû licencier d'abord Caroline, l’aide-comptable, puis Michèle, ma secrétaire, la première et dernière salariée de la société, nous travaillions ensemble depuis sept ans.
Je vais rester dorénavant seule à BIP avec les frais fixes minimums. Pas toute seule, avec François qui est à côté de moi chaque fois que j'en ai besoin, heureux de m’aider. J'espère quelque chose de nouveau arrivera l'année prochaine.
Pour le moment Bip est submergé de dettes. Je ne comprends pas comment on a pu en faire autant pendant ces derniers mois. Un petit espoir, je crois qu'hier j'ai réussi à vendre tous mes Macs et mon imprimant Laser aussi. On verra.
François est un peu irritable depuis quelques jours, j'espère que cela ne durera pas. à moi il m'arrive aussi de temps en temps d'être irascible.
Est-ce que je changerai d'orientation, est-ce que je trouverai une voie nouvelle, bonne ? Je me suis décidée à étudier de nouveau la première partie du livre “Hidden Job Market” (marché de travail caché) pour mieux comprendre ce que je voudrais vraiment faire. Puis il faudra découvrir comment le réaliser.
Pour Noël, j'ai eu mes enfants avec moi. Agnès et Lionel sont venus pour quelques jours et Rébecca, l’ancienne amie de Lionel aussi, et les deux filles de François. La cadette, Valérie est ultra sympa, nous nous sentons très proches déjà ! Ils se sont très bien entendus.
Le 26 décembre, jour de naissance de maman, anyu en hongrois, j'ai eu un François heureux, Heureux, HEUREUX ! Et jeudi, nous avons passé avec Agnès et Valérie (et bien sûr François) une très bonne soirée au Lapin Agile.
Tout cela s'est passé cette année.
Ce soir, j'ai commencé à ranger les photos que François, Anna et moi avons faites. Que de souvenirs !
Ils me rappellent combien de découvertes nous avons faites, l'un de l'autre, des rapprochements, des moments tendus et les merveilleux moments de cet été.
Le printemps à Vincennes, l’espoir sans y croire encore vraiment.
Honfleur, les premières vacances depuis longtemps de François, la première promenade au bord de la mer, les baisers sur le sable et le lit d’hôtel cassé.
L'Angleterre, nos longues discussions, découvertes, je commence à m’apprivoiser, François à s'ouvrir - mais pas encore son regard. La photo qu’il m’a faite sous le douche, et celle d’Anna sur nous sur l’arbre penché.
Ensuite
Ensuite le dîner à côté de Soisson, avec Lionel le conscrit avec qui François a été tout à fait à l'aise (enfin ! aussi la société de quelqu’un autre que moi). Il a été lui-même dans la société, tel qu'avec moi, pour la première fois.
Puis la conférence des développeurs CD et notre départ pour l’Amérique. Boston, le Mac Expo, les conférences intéressantes et les longues promenades ; la ville italienne d’une banlieue de Boston. La chaleur étouffante et la grande paix entre nous, ressentie ensemble déjà comme un couple, sur la terrasse de la petite maison. Oui, nous apprécions les mêmes choses.
Ensuite à Washington, la promenade avec Agnès au Great Falls, puis notre départ vers Okrakoke. La mer. Le sable. Le petit chalet. Les ballades de François conduisant dans le sable vers notre plage. Les moustiques et les canards, la lecture ensemble. L'amour dans l'eau, notre bonheur.
L'invitation, les ballades et les trois jours en couple à Chapel Hill avec l'autre couple de professeurs. François - heureux, heureux !
San Diego, le désert et l’hôtel avec la piscine. La baignade à cinq heures du matin tout nue dans la piscine dans le désert. Le Zoo de San Diego, les petites rues, les villas, et puis San Francisco. Des conférences intéressantes, des promenades agréables. Je commençais à m’inquiéter au sujet de Bip après le coup de fil de Michèle. Les énormes séquoias du dernier jour.
Au retour, mon accident. L'hôpital. Mais aussi l'amour de François.
Oui, il a eu peur de venir tout de suite voir ce qui m’était arrivé. Il n'est pas resté avec moi à l'hôpital la première nuit, il n’est pas venu me visiter souvent. Mais à la maison, il me tenait le dos toute la nuit et avec un tel amour ! un tel soin et tant de chaleur.
Oui, mon accident l'a fatigué, mais je crois que c'est surtout nerveusement, par peur pour moi, de ce qui m'arrivera. De ce qui lui arrivera à lui.
D'autres soucis. Bip dégringolait. Son offre, mais cela n'a pas marché non plus. Vers la fin de l'année, tout paraît un peu mieux même si début de décembre les perspectives étaient très sombres.
Nous avons enfin réussi à déménager l’ancien appartement de François. J'ai commencé à vraiment aimer sa maison de
Ce matin, très belle et très heureuse matinée. Puis d’un coup François devient grognon et impossible. Je dois être moins sensible, moins réagir aux caprices, à ses sautes d'humeur. Ce n'est pas facile. Et il est lui aussi - encore plus que moi - fort sensible. Donc mieux réfléchir, moi aussi, à ce que je dis quand je me mets en boule. Mais au moins ça sort et ne reste pas en nous.
Et ce soir le concert de piano qu’il me joue ! Cela coule de plus en plus, de mieux en mieux. François dit que "son phrasé" est devenu différent, libéré, mélodieux, chaud !
1 commentaire:
Sacré année, dis-moi !
Et même si ton accident a tout changé, on sent que tu reprends confiance, même si coté travail, tu as plein d'inquiétude.
Sophos
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