J'erre seule à Bruxelles comme une chienne malade. Mon père m'emmène en Israël et m'y laisse “provisoirement” dans la famille, je retrouve ma grand-mère, une cousine et des cousins. Grand-père était mort de chagrin un mois après maman.
Enfin, Sandou émigre aussi, grande joie ! malgré les premiers jours quand j'avais l'impression de rencontrer un étranger. Nos corps se connaissaient, nous nous sommes rapprochés, reconnus, aimés.
Nous sommes partis à Jérusalem pour apprendre l’hébreu. Mon père voulait qu'on reste en Israël, il paye une chambre et de quoi nous nourrir mais seulement un mois à la fois - pour ne pas le dépenser autrement. J'aimais de plus en plus vivre en Israël, je me suis sentie vite “chez moi”.
À Jérusalem, après de longues promenades avec Sandou pour la santé de notre futur bébé, ma fille Agnès est née. J'ai dû retourner rapidement chez grand-mère parce que les voisins, enfants palestiniens, lançaient des cailloux sur mon bébé d’une semaine dormant innocemment dans le jardin.
Commence une période extraordinaire avec mes enfants. Me rapproche de mon mari : nous regardons Agnès avec un sentiment d'union, nous sommes devenus “les parents d’un merveilleux bébé”. Une famille.
La joie d’allaiter est difficile à décrire, mais depuis ce temps-là je suis convaincue que c’est mieux d'être une femme : les hommes ne pouvant avoir cette joie profonde. Il y a peut-être aussi quelque chose de sensuel là-dedans - mais ce plaisir va très loin au-delà, vers l'âme remplie d'amour, de joie et tendresse vers l'autre, mon enfant, mon bébé serré contre moi.
C’est à Ramat Aviv et à Givataim qu'Agnès fait ses premiers pas, prononce ses premiers mots, a ses premières colères, ses premiers sourires. Chaque jour était rempli d'une nouvelle merveille et de nouvelles joies. Mais Sandou devient jaloux, il n'était plus “le premier”, le plus important pour moi ; il l'a très mal supporté.
Ma grand-mère meurt, elle nous avait légué un peu d'argent, avec lequel Sandou part en France, il y trouve rapidement du travail. Après quelques mois qui m’ont semblé bien longs, je le rejoins. Entre temps, Sandou “a perdu son alliance”, j’ai des doutes, mais je ne veux pas croire à mon instinct.
Agnès fête ses deux ans sur le bateau en route vers la France.
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